NICOLAS Léandre

Par Justinien Raymond

Né et mort à Laines-aux-Bois (Aube), 28 octobre 1844-11 août 1915 ; propriétaire viticulteur ; militant socialiste et député de l’Aube.

Fils d’un « laboureur ». Léandre Nicolas ne fréquenta que l’école primaire, puis s’adonna aux travaux des champs. Gagné par le mouvement socialiste, il fut un des artisans de ses progrès dans les campagnes champenoises : c’est en grande partie sous son influence et sous celle de militants comme lui que cultivateurs, bûcherons et vignerons vinrent au socialisme et firent de la fédération de l’Aube une des plus fortes d’avant la Grande Guerre en se groupant avec les éléments ouvriers de Troyes, de Romilly et de quelques centres de moindre importance. Il était président de la société de Libre Pensée de Laines-aux-Bois.
Fondateur de sociétés d’assurances mutuelles et de plusieurs syndicats agricoles, président pendant de longues années de celui du 3e canton de Troyes, il jouissait d’une large audience dans les milieux paysans. Aussi, dès avant l’unité, il remporta quelques succès électoraux auprès d’eux sous les auspices du Parti socialiste. Élu en 1900, réélu en 1901, par 2 016 voix, il fut conseiller d’arr. pour le 3e canton de Troyes. Le 30 juillet 1905, il passa au conseil général et fut réélu en 1908, au second tour par 1 590 suffrages. Il soutint une candidature de principe aux élections législatives de 1902 en Haute-Marne (Chaumont) et aux élections sénatoriales (janvier 1903).
Il fut le premier député socialiste de l’Aube. Aux élections générales de 1906, dans la 2e circonscription de Troyes, il recueillit 3 556 voix et fut élu par 6 029 au second tour. Il fut réélu en 1910, au scrutin de ballottage, par 5 299 suffrages contre 5 110 à son adversaire modéré. Il en avait eu, au premier tour, 3 856. En 1914. il reprit ses revendications passées pour une réduction de la durée du service militaire, l’institution de l’impôt sur le revenu, la modification des pouvoirs du Sénat, la représentation proportionnelle, tout en déclarant que « c’est seulement par la suppression de la propriété capitaliste que les travailleurs auront leur juste part des richesses actuellement accaparées par une infime minorité de privilégiés... » (Profession de foi, brochure, p. 5). Mais il ne fut pas réélu.
Léandre Nicolas appartenait à la commission de l’Agriculture, fut membre du groupe interparlementaire agricole et du groupe de défense des bouilleurs de cru. Le 12 mars 1909, dans une première intervention au Palais-Bourbon, il s’éleva contre le décret du 17 décembre 1908 qui, délimitant la Champagne viticole, en excluait l’Aube. Il revint à la charge, le 13 novembre 1913. En outre, au cours des discussions budgétaires, L. Nicolas veillait avec un soin jaloux sur les intérêts des bouilleurs de cru.
Parlementaire, Léandre Nicolas restait lié à la vie de sa fédération qu’il représenta à presque tous les congrès avant la guerre. Il fut délégué à Limoges (1906), Nancy (1907), Toulouse (1908), Saint-Étienne (1909), Paris (juillet 1910), Saint-Quentin (1911), Brest (1913), Amiens (1914).
Il mourut peu après son échec de 1914.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article83865, notice NICOLAS Léandre par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 1er février 2019.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : L. Nicolas collabora à La Défense des travailleurs, organe fédéral de l’Aube.

SOURCES : Arch. Dép. Aube, série W, n°s 1295-1321. — Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Comptes rendus des congrès du Parti socialiste SFIO — Parti socialiste SFIO Fédération de l’Aube. Élections législatives du 26 avril 1914. Candidature Léandre Nicolas, Paris, brochure de 32 pages. — Jacques Girault et J. Saillet, « Les Mouvements vignerons de Champagne », Le Mouvement social, n° 67, avril-juin 1969.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., p. 375.

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