ODIN Émile, Nicolas

Par Justinien Raymond

Né à Neuilly-l’Évêque (Haute-Marne) le 17 août 1858, mort à Paris le 19 mars 1892 ; employé de bonneterie à Troyes puis libraire, il fut pendant quelques années militant socialiste dans l’Aube.

Odin fut à Troyes l’organisateur de la Libre Pensée et donna sous ses auspices de nombreuses conférences dans le département pour répandre la pratique des enterrements civils. Lui-même avait épousé civilement le 2 juillet 1881 à Troyes la bonnetière Élise, Alexandrine Durand, qui le seconda dans sa propagande. Il assura la vie d’une bibliothèque populaire où l’on trouvait Rousseau, Voltaire, mais aussi Proudhon. Il lança des journaux dont la vie fut brève : Le Damné, puis La Solidarité (1882) ; il en était le principal et presque le seul rédacteur.
Plus athée que vraiment socialiste, il fut cependant un des premiers organisateurs de groupes socialistes à Troyes. En 1879-1880, il fut secrétaire adjoint des « Travailleurs réunis ». Il aida à l’organisation, d’une des premières conférences de J. Guesde à Troyes (mai 1882). Mais il semble avoir été peu averti de la doctrine socialiste.
Il quitta Troyes pour Paris où il fut poursuivi en mai 1887 pour avoir fait paraître dans le n° 1 de la deuxième série de La République comopolite dirigée par Pierre Pons un article intitulé "Souvenez-vous !", dans lequel il appelait les soldats à refuser de marcher contre les travailleurs et de tirer sur le peuple. Odin et Pons furent condamnés chacun à trois mois de prison et solidairement aux frais. Non découragé, Odin publia le compte rendu intégral du procès, qui eut au moins 4 éditions.
En 1889, il dirigeait toujours, 24, rue de Chartres, une librairie antireligieuse et socialiste. Il écrivit plusieurs brochures et collabora à quelques journaux socialistes.
Il assista comme délégué au IVe congrès corporatif national des syndicats ouvriers tenu à Calais en octobre 1890.

Il se présenta comme candidat socialiste révolutionnaire indépendant aux élections municipales en 1891 dans le quartier de la Goutte-d’Or où il obtint 1,20 % des voix.

À sa mort, sa biographie fut publiée dans le Bulletin mensuel de la Fédération française de la Libre Pensée en mars et juillet 1892. Une souscription fut ouverte pour la réalisation de son monument funéraire, une colonne brisée surmontée d’un bonnet phrygien au cimetière de Saint-Ouen et pour financer la publication d’une œuvre posthume, des contes pour enfants intitulés Les semailles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article83930, notice ODIN Émile, Nicolas par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 15 novembre 2020.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : Odin collabora à La République sociale fondée à Troyes (1888) par A. Rozier et à La Défense des Travailleurs de Saint-Quentin (1890-1891). – Le Droit à l’insurrection devant la cour d’Assises. Compte rendu complet du procès des citoyens Pons et É. Odin, Paris, Bibliothèque antireligieuse et socialiste, nd [1887], in-8, 18 p.
Des brochures citées, nous n’avons pu retrouver trace. Les titres en sont : Les Farceurs du Protestantisme. — Le Droit à l’insurrection. — Lettre ouverte à Boulanger. — Lettre aux Jurés de la Haute-Vienne.

SOURCE : Le Socialiste troyen, 26 mars 1892. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979. — Notes de Daniel Chérouvrier et Michel Cordillot.

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