PANGRANI Jean

Par Gilles Pichavant

Né le 26 mai 1861 à Sollacaro (Corse du sud), mort le 6 novembre 1911 à Paris (18e) ; facteur des postes à Paris (18e) ; secrétaire général de la Fédération postale (CGT).

Jean Pangrani naquit le 26 mai 1861 à Sollacaro (Corse du sud), fils d’un petit propriétaire. Il devint facteur des postes à Paris en 1897. Syndicaliste révolutionnaire, Pangrani fut un des dirigeants du Syndicat national des sous-agents PTT.

Membre dès l’origine du syndicat des sous-agents, le 6 novembre 1906 il fut élu ou réélu au conseil syndical d’un syndicat qui n’était pas légal. Ce fut l’une de ses batailles que d’obtenir la reconnaissance du droit syndicat pour les sous-agents, c’est à dire les grades d’exécution de la Poste et du télégraphe, comme les facteurs et les ambulants. Dès le 12 novembre suivant il participa à délégation du syndicat composée de Grangier, Barbut, et lui (pour les facteurs) ; Jabouyna* (chargeur) ; Pottier* (gardien de bureau) ; Manet* et Laval* (ambulants). La délégation fut reçue par le ministre du travail Viviani. Celle-ci insista « pour que le gouvernement reçoive les mandataires des syndicats de fonctionnaires au même titre que les organisations constituées sous les auspices de la loi 1901 qui régit les associations ». Malgré des assurances données, cela ne se produisit pas. La même année, Pangrani participa activement à la première grande grève des sous-agents.

En 1909, Jean Pangrani fut l’un des premiers dirigeants des deux grèves des PTT. Le 23 mars, c’est à dire lors de 1ère grève des PTT, au cours d’un meeting des grévistes des PTT tenu au Tivoli-Vaux-Hall à Paris, il fut élu pour faire partie d’une délégation de douze personnes chargées de se rendre chez M. Clemenceau pour porter les revendication des grévistes. Au retour de la délégation la poursuite de la grève fut votée. Le lendemain, à la suite d’un discours de Clemenceau à la Chambre des députés, les grévistes, estimant avoir gagné, décidèrent la reprise du travail.

Mais bientôt on apprit que des postiers sont inquiétés, malgré les promesses faites, à cause de leur participation à la grève. Le 11 mai la grève fut décidée, car le gouvernement avait prononcé 228 révocations. Les meetings monstres succèdèrent aux meetings, au cours desquels Pangrani prit de nombreuses fois la parole. Le 21 mai, ce fut la reprise. Les postiers étaient vaincus. On compta bientôt 600, puis 700, puis 800 révoqués. Le 27 mai 1909 Jean Pangrani fut révoqué des PTT par le conseil de discipline. Commença alors une longue bataille pour obtenir la réintégration des révoqués. Un an plus tard il n’était pas toujours pas réintégré.

En 1911, Jean Pangrani était membre du conseil directeur de son syndicat, et fut élu cette même année secrétaire général de la Fédération postale (fondée en 1910). Il était administrateur du journal du syndicat Le Cri postal. Le 8 juin il participa à la première conférence internationale des PTT qui se tint à Paris, et prit la parole dans un grand meeting de quatre à cinq mille postiers, réunis salle Bullier, pour clôturer la conférence.

Jean Pangrani mourut le 6 novembre 1911 à Paris (18e). Ses obsèques eurent lieu le 19 novembre. Les postiers se rassemblèrent par milliers rue de l’Acqueduc, devant la maison de santé du docteur Dubois, pour accompagner sa dépouille jusqu’à la gare de Lyon, d’où le corps devait être transporté à Sollacaro en Corse. D’après la Bataille syndicaliste, ils étaient sept à huit mille postiers dont le plus grand nombre était des facteurs en uniforme, auxquels des agents des PTT, des ouvriers des lignes, des militants syndicalistes.

Il s’était marié le 7 septembre 1891, Sollacaro (Corse du Sud) avec Marie Antoinette Istria qui, à Paris, fut concierge dans le 18e arrondissement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article84027, notice PANGRANI Jean par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 24 novembre 2019.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : L’Humanité, 5 novembre 1906, 13 novembre 1906, mars-mai 1909 dont le 13 mai 1909. — Le Radical, 28 mai 1909Le Temps 15 décembre 1910La Lanterne, 20 avril 1906, 9 juin 1911Bulletin officiel de l’A. G. des agents des PTT — La Bataille syndicaliste, 19 novembre 1911, 20 novembre 1911. — Arch. Dép. de Corse du Sud, État civil (naissance à Sollacaro) ; et Registre matricule classe 1881, registre 1808. — Arch. Mun. de Paris, État civil décès. — Notes de Jean Maitron.

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