PECH (Madame) . DELMOULY Thérèse Eugénie, épouse PECH

Par Christian Henrisey

Née le 14 octobre 1872 à Touzac (Lot), morte le 15 octobre 1965 à Paris(XIVe arr.) ; dame employée à l’Administration des Postes et Télégraphes, militante de l’Association générale des agents des PTT, révoquée lors des grèves postales de 1909.

Fille d’un éclusier sur le Lot à Touzac (Lot), et d’une couturière qui le remplaça comme éclusière à la mort de celui-ci en 1907, Thérèse Delmouly se maria, le 2 juillet 1894 à Touzac, au commis auxiliaire des Postes et Télégraphes André Pierre Georges Pech. Domiciliée avec lui à Agen (Lot-et-Garonne), elle y donna naissance, le 8 juin 1895 à une fille. Elle était alors déclarée « sans profession ». Probablement déjà « aide », elle fut admise, comme « postulante » à l’emploi de dame employée aux Postes et Télégraphes en juillet 1898. Le couple « monta » à Paris en 1899 où chacun fut titularisé, commis au Central télégraphique pour l’un, dame employée aux Téléphones pour elle. Elle fut affectée successivement au central téléphonique K (Gutenberg), au bureau Paris 62, au Central télégraphique, au bureau Paris 86, puis à l’administration centrale des téléphones. Révoquée en mai 1909, elle fut réintégrée en mai 1910 au bureau Paris 98 (Bourse). Devenue « dame commis », veuve, elle fut admise à pension de retraite le 16 novembre 1933, pour 39 ans, 17 jours de services.

Sous son nom marital de Madame Pech elle participa à la plupart des congrès annuels de l’AG des agents des PTT, à partir de 1903 jusqu’en 1911. Elle fut membre du Conseil d’administration (CA) de celle-ci pour 1905-1906, et secrétaire adjointe en 1906-1907. Elle fut responsable pour la région du sud-est à partir de 1906, et fit des conférences sur le droit syndical des fonctionnaires, à Toulon et à Nice, en février de cette année là. Déléguée d’abord par le groupe Paris Central, elle fut, au congrès de juin 1908, tenu à Lyon, déléguée par le groupe « Paris rive droite ouest ». En effet, le tableau administratif d’avancement de grade des dames employées pour l’année 1908 mentionnait son affectation au bureau de poste Paris 86, dans le VIIIe arrondissement. Au début de l’année 1909, traduite en conseil de discipline au sujet d’un congé de maladie contesté, elle fut sanctionnée d’un déplacement d’office. Ce fait fut signalé en Une de L’Humanité le 8 février sous le titre « PTT. De la sottise, de la méchanceté ». Lors des grèves de 1909 elle fut très active durant le premier mouvement, en mars. Présentée comme dame employée à la direction du téléphone, elle intervint dès le 15 mars au meeting salle de Tivoli-Vauxhall, à l’issue duquel la grève fut proclamée aux PTT. Le 16 mars, salle du Renard, elle assura la présidence d’un meeting de 600 dames téléphonistes, avec deux autres femmes, Mlle J. Thomas (voir ce nom) et Mme Saint-Martin. Le 18 mars, elle présida de nouveau avec Mlle J. Thomas, un meeting essentiellement féminin, salle de la Brasserie du Louvre, et organisait les interventions pour étendre la grève dans chacun des sept centraux téléphoniques parisiens. Le 19 mars elle intervint au meeting, salle de Tivoli-Vauxhall. Le 21 mars elle prit encore la parole, salle du Manège Saint-Paul. Cette activité lui valut de faire partie de la délégation inter catégorielle des grévistes que Clemenceau dut recevoir le 22 mars pour apaiser le mouvement. Avec mesdames Raspaud et Leclerc, elle y représentait les dames employées du télégraphe et du téléphone, nombreuses parmi les grévistes. Cette délégation de 12 postiers et postières comprenait une 4e femme, madame Farinet, ouvrière en écriture au Dépôt central du matériel. C’est l’une d’elles qui, présentée en Une de l’hebdomadaire L’Illustration du 27 mars 1909, est saluée par Clemenceau, sous le titre « Fin d’entrevue place Beauvau ».
Lors de la seconde grève en mai, elle fut révoquée, bien que son nom n’apparût pas dans les listes que l’administration communiqua à la presse. Elle intervint pourtant énergiquement le 14 mai au meeting de l’Hippodrome, s’excusant de n’avoir pris part aux premiers meetings, car elle était malade en province, à Carcassonne. Elle se prononça pour la grève : « j’étais de ceux qui dans la dernière grève, voulaient qu’on aille jusqu’au bout. Cette fois il faut vaincre ou mourir ». Le 21 mai, elle fut assesseur à la tribune du dernier meeting des grévistes, tenu salle du Manège Saint-Paul. Elle fut réintégrée à Paris 98 (Bourse) en mai 1910, en même temps que Mme Raspaud. En octobre 1910, elle versa 2 francs à la souscription en faveur des cheminots en grève.

Le 11 juin 1911, elle prit la parole dans la deuxième séance du congrès de l’AG des agents, pour réclamer pour la femme l’égalité des salaires avec les hommes, et par conséquent un salaire de début de 1500 francs. La proposition fut adoptée à unanimité. En mars 1914, elle travaillait à Paris Central.

« Madame Pech » fut la seule femme à être amicalement portraiturée par Denis Morer, pour une série de 14 cartes postales représentant les « camarades » grévistes, vendues au profit du Comité des secours des PTT constitué pour veni]r en aide aux 700 révoqués.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article84155, notice PECH (Madame) . DELMOULY Thérèse Eugénie, épouse PECH par Christian Henrisey, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 4 juin 2022.

Par Christian Henrisey

SOURCES : Archives départementales du Lot-et-Garonne (EC Agen). — Annexe au Bulletin Officiel mensuel des Postes et Télégraphes, années 1895-1914. — Bulletin de l’AG des agents des Postes et Télégraphes, années 1903-1911. – L’Humanité, 8 février, 16-23 mars, 15-22 mai 1909. – Journal officiel de la République française, 4 mars 1934. — L’Illustration, 27 mars 1909. — Madeleine Vignes, Le Journal des Dames, féminisme, syndicalisme dans les PTT de 1924 à 1937. 1re partie, « des origines à 1923 », Paris, 1992. — Affiche circulaire du Comité de secours des PTT, novembre 1909. — Bulletin mensuel des postes et télégraphes, mai 1910 — C. Henrisey, « Les dames des PTT dans les grèves de 1909 », Le Relais, IHS CGT-FAPT, N° 74, avril-juin 2017. — Notes de Gilles Pichavant — État civil de Touzac (Lot). — Archives de Paris, acte de décès 4224/1965, Paris 14e.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable