Par Roger Pierre
Né en 1847 ; ajusteur-mécanicien à Bourglès-Valence (Drôme), où sa femme tenait café ; syndicaliste.
« Fort habile ouvrier » dont le patron appréciait le travail, la conduite et la tempérance, Joseph Perrin fut élu président de la chambre syndicale des Travailleurs réunis, constituée à Valence le 16 mars 1879. À ce titre, il se trouva en relations avec les milieux ouvriers de Paris, Lyon, Vienne, où il participa à diverses manifestations. C’est peut-être lui qui prit l’initiative de faire venir Jules Guesde à Valence, en 1880.
Son café était le rendez-vous des ouvriers de deux importantes usines de Bourg-lès-Valence : la Cartoucherie nationale et la fabrique de douilles où il travaillait avec son fils. Aussi, même après la dissolution de la chambre syndicale, Joseph Perrin resta soumis à une surveillance particulière, car la Cartoucherie passait pour être un foyer révolutionnaire. « On le dit très dangereux », écrivait en 1892 le commissaire de police. Au cours des poursuites dirigées cette même année contre plusieurs ouvriers (socialistes) de la cartoucherie, et des compagnons anarchistes, une perquisition fut faite au café de Perrin ; ce dernier, lors de son interrogatoire, se défendit énergiquement contre l’accusation dont il était l’objet : « affiliation à une association de malfaiteurs ». « Je suis socialiste, déclara-t-il, et ami du citoyen Dumay, député ouvrier, avec qui je suis allé organiser une conférence électorale à Romans, où nous avons violemment combattu les théories subversives et les lâches attentats. »
Joseph Perrin ne paraît pas avoir adhéré au groupe du POF créé en 1894 à Valence, et n’a pas participé ouvertement par la suite à la reconstitution des syndicats, son activité publique se limitant à la présidence de quelques réunions et conférences. Pourtant, ce militant instruit, qui avait une grande influence dans les milieux ouvriers et même petits-bourgeois de l’agglomération valentinoise, a très probablement contribué plus qu’il ne paraît à la reprise vers 1900 du mouvement syndical et socialiste, et à son orientation vers le réformisme.
Par Roger Pierre
SOURCES : Arch. Dép. Drôme 80 M 6, 13 M 339, 21 U 206. — Le Journal de Valence, 1878-1882.