PETIT Gabrielle [née MATHIEU Gabrielle]

Née Mathieu Gabrielle, à Cayrols (Cantal), le 26 novembre 1860, morte en 1952 ; veuve Petit ; militante féministe et socialiste.

Gabrielle Petit participa en 1904 à la polémique sur le rôle des femmes, soulevée dans Le Libertaire par un article paru le 21 mai. Le 28 novembre 1906, elle fit à la Bourse du travail d’Avignon, sous l’égide du syndicat de l’habillement, une conférence sur « Le Rôle de la femme dans le syndicat". La réunion fut présidée par l’anarchiste François Faure, tailleur d’habits, en présence de 200 personnes. En 1907, elle fit des conférences dans les Vosges, dans un sens nettement révolutionnaire et antimilitariste. En juillet, dès le début de la grève des chaussonniers des usines Amos à la Neuve-ville-lès-Raon, près de Raon-l’Étape, sa parole ardente encourageait les grévistes à la résistance.

Cette grève ayant dégénéré en une émeute qui frappa considérablement l’opinion vosgienne de l’époque, Gabrielle Petit fit l’objet d’une étroite surveillance des services de police. Aussi, quand elle se présenta à Granges, le 3 août 1907, pour faire une conférence, le maire lui refusa la salle et alerta le préfet. Elle fut écrouée à Saint-Dié, mais c’est à propos d’une réunion tenue à Nancy le 13 juillet qu’elle fut inculpée de provocation au pillage. Elle fut condamnée à Nancy, le 21 novembre, par la cour d’assises, à six mois de prison pour provocation de militaires à la désobéissance. Son rôle dans cette grève est évoqué dans Le Libertaire du 1er décembre 1907 et dans Le Mouvement socialiste du 1er janvier 1908 (article de Georges Airelle, et non Georges Aurelle).

Tout en gardant un domicile à Paris, elle vint s’établir dans les Vosges, au petit village de Biffontaine, où une institutrice, ardente militante, Julia Bertrand, lui offrit l’hospitalité, et Biffontaine devint ainsi le siège du journal de Gabrielle Petit, La Femme affranchie (1904-1908, Bibl. Nat., Fol. Jo. 99). Elle devait habiter ce village jusqu’à la guerre, logeant, après le déplacement de Julia Bertrand, chez un marchand de bois du nom de Louis Clément.

Gabrielle Petit fut avant tout une conférencière. Elle était indépendante de tout parti mais collaborait volontiers avec les syndicalistes et les libertaires ou avec la « Libre Pensée ». Ses conférences portaient sur l’émancipation des femmes, la dénonciation du militarisme, de l’alcool et du tabac... La voici évoquée par F. Bernard, op. cit., au meeting féministe organisé le 15 août 1912, par les institutrices à l’occasion du 7e congrès de la Fédération, tenu à Chambéry : « La véritable, la seule oratrice de ce meeting fut Gabrielle Petit. D’une verve intarissable, d’une élocution impeccable, d’une éloquence familière et prenante, elle sut tour à tour amuser, émouvoir et enthousiasmer l’auditoire. »

Lors des discussions parlementaires sur la loi des trois ans, la fédération des syndicats vosgiens fit appel à son concours. Ses ardentes campagnes contre les trois ans s’exprimèrent notamment au cours de deux réunions publiques à Gérardmer en août 1913.

Considérée comme une militante dangereuse, elle avait été inscrite au carnet B de la préfecture de la Seine durant son séjour à Paris ; elle fut également inscrite à celui des Vosges le 23 août 1913.

En 1930, G. Petit fit reparaître La Femme affranchie (IFHS, 14 ASP 337).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article84307, notice PETIT Gabrielle [née MATHIEU Gabrielle], version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 6 août 2020.
Procès de Gabrielle Petit, Besançon, 29 août 1908.
Procès de Gabrielle Petit, Besançon, 29 août 1908.
Carte poste publiée par La Femme affranchie.

SOURCES : Arch. Nat. F7/ 13 266. — Arch. Dép. Vosges, 8 M 95. — F. Bernard, L. Bouet, M. Dommanget, G. Serret, Le Syndicalisme dans l’enseignement, op. cit. — Dossier et correspondance, Bibliothèque Marguerite Durand. — Madeleine Laude, Une femme affranchie. Gabrielle Petit l’Indomptable, Le Monde Libertaire, Collection Féminisme et anarchisme, 2010, 200 p.

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