PORTE (De la), Henri, Eugène, Amédée

Né le 17 juin 1880 à Paris, mort à Saint-Symphorien (Deux-Sèvres) le 16 septembre 1924 ; chartiste ; journaliste ; militant socialiste ; conseiller général (1910-1919) ; maire de Saint-Symphorien (1912-1919)  ; député des Deux-Sèvres (1910-1919).

Henri de la Porte appartenait par sa double ascendance au monde des notables républicains. Son père, Amédée de la Porte (1848-1900), fut député des Deux-Sèvres de 1877 à sa mort et sous-secrétaire d’État à la Marine et aux Colonies. Par sa mère, il était le petit-fils d’Allain-Targé, ancien ministre de l’Intérieur, ami de Gambetta et chargé des Finances dans son « grand ministère ». Il était en outre le cousin d’Abel Ferry, député des Vosges, sous-secrétaire d’État, mort au champ d’honneur en 1916, et l’arrière-petit-fils de l’académicien Villemain qui fut ministre de l’Instruction publique.
Mais H. de la Porte rallia le socialisme dès sa jeunesse, alors qu’il était étudiant à Paris. Ses études secondaires au lycée Janson de Sailly et au lycée de Rochefort l’avaient conduit à l’École des Chartes. Il y était élève quand, à dix-neuf ans, en 1899, il adhéra au Groupe des étudiants collectivistes, en fut le secrétaire et, en décembre, participa au premier congrès général des organisations socialistes à Paris, salle Japy, porteur du mandat du syndicat des représentants et employés de commerce d’Albi.
En 1900, à la mort de son père, leader du parti radical des Deux-Sèvres, Henri de la Porte commença à militer dans le département. Tout en suivant les cours de l’École des Hautes Études à Paris, il organisa des groupes socialistes, notamment à Clussais, Coulonges-sur-l’Autize et Saint-Laurs. Avec ceux de Bressuire et de Thouars, ils s’agrégèrent à une fédération d’Anjou-Poitou-Vendée-Saintonge. Cultivé, formé à la doctrine socialiste, doué de qualités d’orateur, porteur d’un nom ayant une audience régionale, H. de la Porte constituait pour le socialisme poitevin une recrue précieuse, et lui-même pouvait se promettre une carrière politique.
Il ne prit pas cependant la voie du compromis vers laquelle ses origines bourgeoises et son appartenance politique familiale auraient pu l’incliner. Il se plaça dans la gauche du mouvement socialiste et y entraîna la fédération des Deux-Sèvres qui, étoffée en grande partie grâce à son effort, avait pris son autonomie. En 1901, membre de son conseil fédéral, il la représenta avec son ami Paul Pillot au 3e congrès socialiste de Lyon qui, boudé par le POF, n’était déjà plus un congrès général (26-28 mai). Il s’y mit en vedette. Il y travailla pour l’unité en s’attachant à éliminer ce qu’il jugeait être l’obstacle à sa réalisation : il tenta d’arracher l’exclusion de Millerand que sauva l’habileté de Briand. L’unité totale devenue impossible, de la Porte rejoignit le PSR et le POF dans une Unité socialiste révolutionnaire dont il fut le premier secrétaire général jusqu’à sa constitution en Parti socialiste de France au congrès d’Ivry (3 novembre 1901). À son retour de Lyon, en un manifeste signé avec P. Pillot, H. de la Porte dénonça à ses mandants « l’opportunisme électoral » et « l’opportunisme gouvernemental » qui annihilent « notre volonté de transformer radicalement la société bourgeoise » et il en appela à sa fédération pour « l’unité à gauche » (Hubert Rouger, Les Fédérations socialistes II, p. 572). Elle le suivit : réunie en congrès à Niort le 9 juin 1901, elle décida de rejoindre l’USR.
H. de la Porte participa aux congrès du PS de France à Commentry (1902), à Reims (1903), à Lille (1904) et à Paris (1905). En 1907, délégué de la SFIO au congrès international de Stuttgart, il se rangea derrière Kautsky dans la gauche hostile à la politique coloniale capitaliste. Il redoubla d’activité dans les Deux-Sèvres où il avait épousé en 1902 la fille d’un instituteur laïque et où il s’installa définitivement. À la propagande orale, il ajouta l’action par la presse, plus vigoureuse à partir de 1903 avec Le Socialiste de l’Ouest dont il était le rédacteur en chef. En 1905, l’unité était déjà presque réalisée au sein du PS de France dans les Deux-Sèvres où n’existaient que trois groupes du PSF à Bressuire, Thouars et Parthenay. Le 25 juin 1905, à la salle Rideau, rue Thiers, à Niort, le congrès fédéral consacra l’unité réalisée au préalable dans ces trois localités. H. de la Porte fut nommé délégué titulaire de la fédération au Conseil national de la SFIO. Il la représenta à tous les congrès d’avant-guerre sauf à ceux de Brest (1913) et d’Amiens (1914).
À sa fédération, il allait bientôt apporter les premiers grands succès électoraux. En 1907, par 941 voix, il fut élu conseiller d’arr. dans le canton de Frontenay-Rohan-Rohan qui l’élira conseiller général en 1910. En mai 1912, il devint maire de Saint-Symphorien. Il avait été réélu secrétaire fédéral au congrès de Parthenay (2 avril 1911). Dans la 2e circonscription de Niort où il avait eu 3 750 voix en 1906 contre le député radical Gentil, il le battit le 24 avril 1910 par 6 548 contre 4 820, au premier tour de scrutin. Il fut donc le premier député socialiste des Deux-Sèvres et il se trouva après Ed. Barthe, élu dans l’Hérault, le benjamin du groupe parlementaire socialiste. Au premier tour encore, le 26 avril 1914, il fut réélu par 6 343 voix contre 5 622 à Paul Mercier, républicain de gauche. Il fut longtemps secrétaire du groupe socialiste. Il siégea aux commissions du Suffrage universel, des Affaires étrangères et des Colonies. Pendant la guerre, H. de la Porte se rangea dans la fraction d’abord majoritaire et soutint jusqu’à la paix la politique de défense nationale. Le 28 mai 1917, il signa la déclaration publique par laquelle quarante députés socialistes faisaient des réserves sur l’adhésion à la conférence internationale de Stockholm décidée par le Conseil national tenu la veille. Des dissentiments s’élevèrent dans la fédération des Deux-Sèvres.
En 1919, H. de la Porte refusa de se plier à la tactique de la liste socialiste homogène, définie par la SFIO. Il constitua avec les radicaux une liste d’action et de concentration républicaine sur laquelle il occupait le second rang : cet acte marqua sa rupture avec le Parti socialiste. Il recueillit 28 267 voix, la moyenne de sa liste s’élevant à 26 515, sur 76 089 suffrages exprimés, mais fut battu, les cinq sièges allant au Bloc national. Il avait perdu son écharpe de maire le 7 décembre 1919 et n’était plus conseiller général depuis le 14 décembre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article84562, notice PORTE (De la), Henri, Eugène, Amédée , version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 1er février 2019.

ŒUVRE : Journaux : H. de la Porte a collaboré à : L’Humanité. — L’Écho des Deux-Sèvres, petit organe bihebdomadaire qui n’appartenait pas à la fédération socialiste, mais que son propriétaire et imprimeur mettait à sa disposition. H. de la Porte y collabora de 1900 à 1903. — Le Socialiste de l’Ouest, lancé le 1er octobre 1903 comme organe fédéral bihebdomadaire lorsque les socialistes rompirent avec l’Écho des Deux-Sèvres, rayonna sur l’Anjou et la Vendée. H. de la Porte en était le rédacteur en chef. — Le Populaire de l’Ouest, bihebdomadaire fondé en 1908 par H. de la Porte qui en était le directeur politique. Il était imprimé à Niort, 11, rue Rochette.
Ouvrages : Les Leçons de Stuttgart. Congrès socialiste international de 1907, Niort, 1908.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Dictionnaire biographique des Deux-Sèvres, Paris, Flammarion. — Compte rendu sténographique du congrès de Japy, 1899, p. 471. — Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., pp. 375-376 et Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 570-577, passim., Les Fédérations socialistes III, op. cit., p. 591. — Jean Verlhac, L’Unité socialiste en France..., DES, Paris, p. 168. — L’Humanité, 5 avril 1910 et 13 avril 1911. — Renseignements recueillis auprès de M. Jean de la Porte, fils de l’ancien député.

ICONOGRAPHIE : La France socialiste, op. cit., p. 376

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