SALOMON Florent, Joseph

Par Fernand Brem

Né le 15 novembre 1911 à Avolsheim (Basse-Alsace, Alsace-Lorraine), mort le 19 novembre 2011 à Strasbourg ; menuisier puis cheminot ; président du syndicat CFTC puis CFDT de Bischheim (1957-1968).

Florent Salomon naquit dans une famille de onze enfants, dont il était l’aîné. Son père, Édouard Salomon, était forgeron et travailla à Molsheim, puis à la Brasserie de Mutzig. Il termina sa carrière professionnelle comme agent auxiliaire aux chemins de fer. Sa mère, originaire du même village, était sans profession. De religion catholique, la famille était très engagée dans la vie de la paroisse. Après l’école primaire, Florent Salomon fit, de 1926 à 1929, son apprentissage chez un menuisier à Odratzheim (Bas-Rhin). Après avoir réussi le brevet de compagnon, et n’ayant pas trouvé d’emploi, il vécut de menus travaux jusqu’à son service militaire en 1931 à Saint-Avold (Moselle). Dans sa chambrée, il se trouva avec des mineurs « chtimis » dont beaucoup ne savaient ni lire ni écrire : il leur lisait les lettres et écrivait leur courrier. De cette expérience, il garda le souci de la recherche constante de la formation intellectuelle et professionnelle. Libéré du service actif en 1933, il ne trouva pas d’occupation stable, jusqu’à son embauche par le réseau d’Alsace et de Lorraine le 1er juin 1937. Affecté à Basse-Yutz (Moselle) au service du Matériel, il y trouva toute une colonie d’Alsaciens, ce qui allait faciliter son séjour. Le 26 novembre 1937, il se maria avec Suzanne Dietrich. Dans ce foyer naquirent quatre enfants, qui ont tous poursuivi des études longues.
En septembre 1939, l’évacuation des ateliers l’amena à Bordeaux (Gironde), où il construisit des trains sanitaires. Mobilisé à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), il rejoignit le front en mai 1940 à Abbeville (Somme). Fait prisonnier par l’armée allemande à Paris, il fut libéré en qualité d’Alsacien-Lorrain. En août 1940, de retour à Basse-Yutz, il reprit son travail aux ateliers de la SNCF pris en charge par la Reichsbahn. Il ne fut pas incorporé de force dans laWehrmacht, ayant été affecté à la sécurité-incendie des ateliers. En 1944, les autorités allemandes décidèrent d’évacuer la population de Basse-Yutz à Erfurt (Thuringe). Mais, au passage à Merlebach (Moselle), Florent Salomon réussit à obtenir un sauf-conduit pour l’Alsace, où il rejoignit sa femme et ses enfants à Wolxheim (Bas-Rhin). En avril 1945, il retourna à Basse-Yutz. En septembre 1945, au cours d’un grand meeting où Émile Geng déclara : « Il n’y aura plus qu’un seul syndicat, la CGT », il fut le seul à refuser publiquement la domination d’une force unique. Le lendemain, avec un vieux camarade, il entreprit de créer « un autre syndicat ». En novembre 1945, le syndicat CFTC des cheminots de Thionville- Basse-Yutz, très minoritaire, fut fondé. Il assuma la fonction de délégué du personnel, de délégué au comité mixte d’atelier et de délégué du travail. En 1947, il entra, vraisemblablement sous l’étiquette MRP, avec le meilleur score au premier tour, au conseil municipal de Basse-Yutz, dominé par les communistes. Il eut beaucoup de difficultés pour obtenir une mutation pour l’Alsace : en 1955, grâce à une permutation avec un camarade de la CGT, il fut affecté aux ateliers de Bischheim. En 1957, il fut élu président du syndicat CFTC des ateliers de Bischheim : les tensions avec la CGT, liées à la grève de 1953, commencèrent à s’apaiser. En 1964, Florent Salomon prépara minutieusement le congrès de l’évolution. Au cours d’une assemblée générale de 600 personnes, la grande majorité des adhérents (sauf 10) donna son accord pour rejoindre la CFDT. Les événements de 1968 retardèrent un peu son départ à la retraite. À la suite des négociations, la CGT était prête à signer le protocole proposé par la direction des ateliers. Salomon exigea une consultation du personnel qui accepta à 64 % les conditions posées par la CFDT. Trois mois après, il partit à la retraite « à la satisfaction de la direction » libérée d’un interlocuteur incommode. Il se lança ensuite dans une nouvelle activité : rassembler les retraités CFDT de la SNCF. Le 18 octobre 1962, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur au titre de son activité syndicale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8467, notice SALOMON Florent, Joseph par Fernand Brem, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 22 janvier 2012.

Par Fernand Brem

SOURCES : Entrevues avec Florent Salomon, 10 avril 2001 et 20 août 2002.— Etat civil.

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