RANVIER Jean-Louis

Par Yves Lequin

Né à Poisson (Saône-et-Loire), le 20 mars 1852 ; ouvrier maçon ; syndicaliste et militant socialiste de la Loire.

Venu à Saint-Étienne comme ouvrier maçon, Ranvier présida le comité de grève de sa corporation en juillet 1881 et devint secrétaire du syndicat. Participant à ce titre au congrès de la fédération socialiste de l’Est (1881), il fut nommé membre du Comité fédéral ; délégué au congrès ouvrier national de Saint-Étienne en 1882, il y resta après le départ pour Roanne de Guesde et de Lafargue. Il ne semble pourtant pas avoir adhéré au possibilisme, conservant à l’égard des idéologies cette indépendance qui fut un des traits originaux du socialisme stéphanois d’avant l’unité. Envoyé à l’Exposition d’Amsterdam (1882), rapporteur de la délégation locale, il se prononça pour le collectivisme et, quelques mois plus tard, il accueillait au siège de la chambre syndicale des maçons les réunions des éléments guesdistes et anarchistes.
En fait, l’organisation s’était pratiquement dispersée après l’échec de la grève de 1881 ; Ranvier eut le mérite de maintenir une permanence syndicale, se consacrant à l’étude et acquérant une connaissance des doctrines sociales exceptionnelle dans les milieux ouvriers de l’époque. En 1885, il fut candidat de l’Union des socialistes, aux côtés du radical Girodet et de Michel Rondet, aux élections législatives : il obtint 17 587 voix, mais ne fut pas élu. L’année suivante, il créa un cercle éphémère « l’Émancipation des travailleurs ».
Ranvier, militant tenace, fit revivre en 1890 le syndicat des maçons et, en septembre 1891, il fut élu secrétaire général adjoint de la Bourse du Travail de Saint-Étienne fondée en 1888 ; il travaillait alors à la Manufacture nationale d’armes. Il fut réélu en 1895 et 1896, secondant successivement Hector Chalumeau, Jules Ledin et Gilbert Cotte et sans participer aux luttes de tendances dont la Bourse était le champ clos. En juillet et août 1895, il avait affermi définitivement son syndicat en conduisant pendant quatorze jours la grève des 2 000 ouvriers du bâtiment stéphanois ; la lutte, marquée par des attentats contre les échafaudages, avait abouti à un relèvement général des salaires.
À partir de 1896, Ranvier semble s’être rapproché des guesdistes : en janvier 1897, en effet, il fut de ceux qui tentèrent, avec Argaud et Soulageon, de regrouper les socialistes révolutionnaires découragés par l’échec de la liste de concentration socialiste aux élections de 1896. En 1903, il démissionna de son poste et fut remplacé par Julien. Il avait représenté la Bourse de Saint-Étienne au VIIIe congrès des Bourses du Travail, à Paris, en septembre 1900.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article84762, notice RANVIER Jean-Louis par Yves Lequin, version mise en ligne le 28 février 2018, dernière modification le 28 février 2018.

Par Yves Lequin

SOURCES : Arch. Nat., F7/12 453, F7/12 489 et F 12/4 676. — Arch. Dép. Loire, 10 M 80, 10 M 96, 10 M 110, 92 M 17, 93 M 44 et 93 M 56.

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