RAVATÉ Jules, dit SAUVERT

Par Yves Lequin

Né le 15 novembre 1875 à Roanne (Loire) ; mort en 1916 ; syndicaliste, anarchiste et coopérateur de la Loire.

Fils d’un marchand de journaux et d’une ouvrière tisseuse, Ravaté appartint de bonne heure au petit groupe anarchiste de Roanne (Loire) ; ses idées révolutionnaires l’amenèrent à coopérer avec les éléments guesdistes gauchistes groupés autour de Buffin, un instant inspirés par Édouard Mayeux, au sein des Jeunesses socialistes révolutionnaires ; il participa aux efforts de regroupement régional, et fut délégué au congrès de Vienne (Isère) en 1897. L’année précédente, il était entré à la coopérative « La Solidarité » ; il était membre du conseil syndical des tisseurs, où il prit bientôt une influence grandissante, devenant son secrétaire au moment où le guesdisme local, longtemps prépondérant, se déchirait entre la fidélité aux idéaux révolutionnaires et l’opportunisme du maire Augé ; comme tel, il conduisit plusieurs grèves en 1901, mais démissionna peu après ; le syndicat des tisseurs retomba sous l’influence socialiste.

Ravaté se consacra dès lors à l’œuvre éducative, au sein d’une Université populaire qu’il venait de fonder et dont il était le trésorier. C’était un autodidacte et, depuis longtemps, l’un des conférenciers les plus prisés de la propagande libertaire ; il était en outre chargé par la municipalité de gérer la bibliothèque populaire. Dans les années suivantes, il prit une part active aux campagnes antimilitaristes, dans la ligne de son action de 1896-1897 ; en 1907, il était signalé comme l’un des membres les plus ardents des groupes antipatriotiques de la Loire (depuis 1896, d’ailleurs, il était inscrit dans la liste des anarchistes dangereux, et y resta jusqu’à sa mort). Mobilisé en 1914, il fut vite renvoyé dans ses foyers à cause de sa santé précaire ; en 1915, il travailla comme sous-bibliothécaire de la ville, puis devint, de juillet à décembre, secrétaire de l’anarchiste positiviste parisien Georges Deherme, dont il avait subi l’influence ; il mourut en 1916, laissant derrière lui un nombre considérable d’articles, échelonnés de 1897 à 1914 sous le pseudonyme de Sauvert. Sa veuve, Eugénie Bonnet, née à Roanne le 25 mai 1881 et épousée en 1901, elle-même conseiller prud’homme et militante de la CGT légua ses archives et sa bibliothèque à la ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article84791, notice RAVATÉ Jules, dit SAUVERT par Yves Lequin, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 décembre 2010.

Par Yves Lequin

ŒUVRE : L’Action syndicale et les partis socialistes, Roanne, 1903. — La Défense des êtres vivants, Roanne, 1914. — Articles dans : La Coopération des idées, 1897-1912. — Le Peuple (de Lyon), 1897 — Les Temps nouveaux, 1897. — Bulletin d’union et d’action morale, 1898. — Le Flambeau (de Vienne), 1901. — Bulletin des UP 1901. — Le Textile (de Roanne), 1907. — Le Coopérateur de Roanne, 1912-1914. — La Vie ouvrière, 1912-1914. — Le Mutualiste français, 1912. — Rodumna, 1912-1914. — Le Réveil roannais, 1913-1914. — Le Roannais socialiste, 1913. — L’Union pour la vérité, 1914. — Articles posthumes dans Les Cahiers du Centre, 1920. — Les Amitiés foréziennes et vellaves, 1923.

SOURCES et BIBLIOGRAPHIE : Arch. Nat., documents divers, dispersés dans F7. — Arch. Dép. Loire, 19 M 24. — G. Deherme, « Jules Ravaté », Cahiers du Centre, Moulins 1920. — J.-B. Girod, Voyages et souvenirs, Cahiers du Centre, op. cit., 1922. — J. Treille, « Jules Ravaté », Le Progrès Dimanche, Lyon, n° 104, 13 mars 1955. — Robal (E. Beroux), « Jules Ravaté », Le Réveil républicain de Roanne, 3017 — 1916. — Correspondance et archives Jules Ravaté à la Bibliothèque municipale de Roanne, B F 172. — L. Grelaud, Jules Ravaté, 1960 (mss) et Le Mouvement social, n° 35, avril-juin 1961.

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