REY Eugène (parfois RAY Joseph)

Né vers 1858 à Lyon (Rhône), mort le 14 février 1919 à Villeurbanne (Rhône) ; ouvrier verrier ; fondateur de la première fédération du verre, en 1890.

Né à Lyon, Eugène Rey fut tout jeune happé par les verreries. "Elles furent son école" écrivit Charles Delzant dans La Voix des verriers de mars 1919..

Ray habita tout d’abord Givors (Rhône). Il représenta la Chambre syndicale des verriers réunis au congrès constitutif de la Fédération des syndicats qui se tint à Lyon en octobre 1886. Il vota avec la majorité révolutionnaire du congrès.

De 1889 à 1891, Ray séjourna à Marseille, 228, rue de Paradis. Il travailla chez un marchand de ressorts. Bon ouvrier, de bonne moralité selon la police, il gagnait 50 à 55 f par semaine et envoyait régulièrement une part de son salaire à sa famille restée à Lyon.

Rey Eugène (sic, d’après la CGT, op. cit., pp. 457-458), fut un des trois secrétaires, avec Bigex Alphonse et Clausse Philippe, de la première organisation nationale des Verriers créée à Lyon en 1890. Il fut responsable à l’organisation et délégué à la propagande.

Il revint à Lyon en avril 1891 et dirigea, avec Philippe Clausse et Louis Revelin, la grève des verriers lyonnais qui dura cent trois jours. Militant actif, il participa à de nombreuses réunions et conférences. Il conduisit deux délégués de la Chambre syndicale de la verrerie de Lyon aux verreries de Saint-Marcel dans la banlieue de Marseille, en vue de préparer une grève générale.

D’après Charles Delzant, « le premier mouvement fut vaincu, et les organisations sombrèrent sous la répression. Il fut comme bien l’on pense, mis à l’index des verreries. ».

En 1903, il habitait à Rives-de-Gier (Loire), « dans une misère si pesante qu’il nous paraissait impossible qu’il la surmontât ». Il fut parmi les verriers qui relancèrent la Verrerie coopérative de Vernes, et sortit de la misère. Mais n’y resta pas. Avec son frère et un groupe de volontaires, il fonda la Verrerie de Villeurbanne dont il devint le chef de fabrication.

A partir de 1903, Militant, Émile Rey participa à tous les congrès de la deuxième organisation des verriers, où son expérience était écoutée comme de grande autorité. Charles Delzant résuma ainsi sa philosophie du syndicalisme verrier : « Le verrier disait-il au congrès d’Albi, s’adressant à nous, est, ne l’oubliez pas, corporatiste avant tout. Il veut surtout qu’on lui parle de verrerie et de tarif. Les théories sociales l’intéressent moins » .

En 1908, il fit avec Louis Monnier, la tournée des syndicats de la Vallée de la Bresle, alors en lutte contre le licenciement d’Abel Pilon, le président du syndicat de Blangy-sur-Bresle. Le personnel avait déclenché une grève qui fut suivie d’un lock-out imposé par les maîtres verriers de la vallée de la Bresle, laissant plus de 1 200 ouvriers sans travail. Le risque était la disparition du syndicalisme ouvrier verrier, situation qu’Émile Rey avait déjà connue à Lyon en 1891. A la suite de cette tournée, les syndicats de la Vallée tinrent bon, et le patronat suspendit le lock-out. Mais Abel Pilon ne fut pas repris et fut interdit de travail dans la vallée.

Eugène Rey mourut le le 14 février 1919 à Villeurbanne (Rhône). cita dans sa nécrologie. Dans sa nécrologie, Charles Delzant dit : « Il était désordonné, bohème autant que lutteur ; il était le désintéressement même ; il donnait du sien avec le même plaisir qu’il partageait celui de ses amis. Avec cela, toujours boute en train tenant tête aux jeunes, avec une éternelle gaité, une verve intarissable ».

Il était marié et père de trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article84796, notice REY Eugène (parfois RAY Joseph) , version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 15 mai 2019.

SOURCE : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/ 3 388, rapport du préfet, 2 décembre 1891. — La Voix des Verriers, novembre 1908, mars 1919 (BNF). — Notes de Gilles Pichavant.

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