RÉVELIN Louis, Étienne

Par Justinien Raymond

Né le 15 juin 1865 à Vienne (Isère), mort le 19 mai 1922 à Paris (Ve arr.) ; professeur et avocat ; militant socialiste de la Marne et de la Seine.

Louis Révelin était issu d’une modeste famille de boutiquiers proches de leurs origines populaires : son père était un petit marchand de drap. Après l’école primaire, Louis Révelin poursuivit, en qualité de boursier, de solides études au collège de sa ville natale, puis à Paris, au lycée Condorcet et à la Sorbonne. Au cours de ses années de Faculté, il présida l’Association générale des étudiants.
Le 1er novembre 1889 il obtint une bourse entière pour préparer l’agrégation de Philosophie en tant qu’élève libre de la Faculté des Lettres de Paris (portail Persée). Licencié en philosophie, il entra en 1894 au collège Sainte-Barbe et y enseigna pendant dix ans tout en étudiant le droit et en conquérant la licence.
Le 29 novembre 1901, il épousa Noémie Lepet, grand-mère maternelle de Roland Barthes.
En 1905, il s’inscrivit comme avocat au barreau de Paris, sans pour cela abandonner l’enseignement vers lequel le portait une véritable vocation : il professa le cours d’économie politique classique et de marxisme au Collège libre des Sciences sociales.

Ces études successives, ces lourdes tâches professionnelles, une santé précaire aussi, n’empêchèrent pas Louis Révelin de mener une très active vie militante. Il le fit avec une conviction, une conscience et une droiture qui lui valurent sur le plan électoral une audience dépassant les milieux engagés, même si elle n’aboutissait pas au succès, et lui méritèrent dans le mouvement socialiste alors divisé un respect unanime et en firent un des grands artisans de l’unité. Son activité se déroula dans la Marne, dans la Seine et à l’échelle nationale. Il fut militant du Groupe des étudiants collectivistes. En janvier 1898, il signa une pétition dreyfusarde.

Au tournant du siècle, avec A. Morizet, Révelin fut l’animateur de groupes socialistes indépendants dans le département de la Marne et notamment à Reims. Il participa, à leur tête, à une tentative manquée d’union locale avec la Fédération du POF en un congrès tenu à Reims (31 décembre 1900). Il fut mêlé à toutes les tentatives de rapprochement offertes sur le plan national par la bataille dreyfusarde dans laquelle il s’engagea à fond. Il appartint au premier Comité d’entente et, en son nom, joua un grand rôle coordonnateur au 1er congrès général des organisations socialistes tenu à Paris, salle Japy (décembre 1899). Il y représentait la circonscription du VIIe arr. de Paris. Il participa aux débats sur le fond. S’il affirma que le « premier principe » socialiste « est celui de la lutte de classes » (C. rendu, p. 96), il se prononça néanmoins pour la participation au gouvernement lorsque l’imposent les dangers courus par la démocratie ou les conséquences d’une victoire électorale, à condition que cette participation soit voulue et organisée par le Parti lui-même.

Au cours des regroupements ultérieurs, Révelin appartint au Parti socialiste français. À son congrès constituant de Tours (1902) où il représentait la fédération du Pas-de-Calais, il se classa dans la minorité antiministérielle avec Renaudel et Gustave Hervé. Il seconda les efforts unitaires de Jaurès. Il représenta le Parti socialiste français à la commission d’unification. Délégué de l’Ain au congrès d’unité de la salle du Globe à Paris (avril 1905), il fut le rapporteur du projet de règlement du nouveau parti dont la discussion occupa trois séances et il présida le congrès d’unité de la Marne à Reims (21 mai 1905). Révelin appartint à la première CAP de la SFIO issue du congrès de fusion. Il y fut maintenu par les congrès de Chalon-sur-Saône (octobre 1905) où il représentait la Seine, la Seine-et-Marne et le Maine-et-Loire ; de Limoges (1906) où il était l’envoyé de la Marne et de la Seine ; de Nancy (1907) et Toulouse (1908) où il était le délégué de la Seine. En son absence, le congrès de Saint-Étienne (1909) le maintint à son poste : lui-même demanda en 1919 à être déchargé de ce mandat pour raisons de santé. Depuis 1906, Révelin assurait le secrétariat de rédaction de l’Humanité après avoir pris part à sa réorganisation.

Il avait fait deux fois acte de candidature aux élections législatives. À une élection partielle dans la 2e circonscription de Reims, le 3 décembre 1905, il recueillit 3 925 voix sur 22 344 inscrits et 16 488 votants. Au renouvellement de 1906, dans la même circonscription, il en obtint 4 356, alors que les sept candidats socialistes du département en totalisèrent 8 789 et que, quatre ans plus tard, dans le même arr., le nouveau candidat socialiste n’en retrouvera que 2 165.
Quand survint la guerre, la maladie avait déjà beaucoup ralenti son activité.

Louis Étienne Révelin mourut le 19 mai 1922, 1 place du Panthéon, Paris Ve (acte de décès n° 858). Il fut enterré le 22 mai 1922 au Père-Lachaise.
À sa mort, lui rendirent hommage, dans une unanimité devenue rare, Léon Blum et Jean Longuet dans Le Populaire, et Amédée Dunois dans l’Humanité. Dunois écrivit que Révelin n’avait jamais renié « ses convictions socialistes et marxistes ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article84914, notice RÉVELIN Louis, Étienne par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 23 novembre 2022.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : L. Révelin collabora à l’Avant-Garde, hebdomadaire socialiste de la Marne dont il était un des fondateurs et qui ne vécut que quelques mois en 1905, à l’Humanité et au Mouvement socialiste.

SOURCES : Comptes rendus du congrès de Japy et des congrès nationaux du Parti socialiste SFIO — Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., pp. 161-162. — Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 376 à 383, passim. — Collection de l’Humanité. — Jean Verlhac, La Formation de l’Unité socialiste, 1828-1905, DES, Paris 301 p. (passim). — Gilles Candar, Jean Longuet, un internationaliste à l’épreuve de l’histoire, Presses universitaires de Rennes, 2007. — L’Aurore, 17 janvier 1898. — Le Populaire, 21 mai 1922. — L’Humanité, 23 mai 1922. — Notes de Julien Chuzeville et de Jean-Louis Prud’homme.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., p. 161.

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