RICORDEAU Édouard, Eugène

Né le 22 mai 1877 à Boulogne-sur-Seine (Seine), Ricordeau, ouvrier terrassier, joua un rôle de premier plan au nom du syndicat de sa corporation et de la fédération du Bâtiment dans la grève des ouvriers du bâtiment de mai-juillet 1908 à Draveil, Vigneux, Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise). Cette grève fut marquée par des affrontements avec la troupe qui firent des morts à deux reprises, et par les agissements du provocateur Métivier.
Ricordeau, qui jouissait d’une réelle popularité en raison de son éloquence directe et brutale (J. Julliard, op. cit., p. 73), avait été condamné à plusieurs reprises : 50 f. d’amende le 8 février 1905 pour outrages ; un mois de prison le 9 mars 1906 pour outrages et voies de fait ; quatre mois de prison par défaut le 16 novembre 1907 pour tentative de vol. Refusant tout compromis, il fut à deux reprises, fin mai et 12 juin, le principal responsable de la rupture des négociations entre ouvriers et entrepreneurs alors que les dirigeants de la CGT étaient favorables à un accord. Pour lui faire échec, le syndicat des terrassiers supprima en janvier 1911 le poste de délégué à la propagande qu’il occupait depuis 1909. L’attitude de Ricordeau fut si intransigeante qu’en 1911 la Guerre sociale parla à son sujet d’un « second Métivier » (cf, n°s des 15 et 16 novembre 1911), présentant d’ailleurs des excuses aussitôt après ; et J. Julliard de conclure : « On ne saurait trop insister sur le fait que, pour le moment, aucune preuve formelle n’a jamais été fournie, de sorte que Ricordeau doit être réputé innocent. » (op. cit., pp. 171-172).
Ricordeau fut à nouveau condamné à Corbeil, le 3 août 1908, à six mois de prison pour outrages et rébellion, puis à Paris, le 4 septembre 1909, par contumace, à huit mois de prison et cinq ans d’interdiction de séjour pour coups. Arrêté le 24 novembre 1909, il fut encore condamné, le 20 décembre 1909, par la 10e chambre correctionnelle de Paris, à quinze jours de prison pour outrages. La peine d’interdiction de séjour fut suspendue le 5 mars 1910. Du 3 au 10 octobre de cette même année, Ricordeau assista au XVIIe congrès national corporatif — 11e de la CGT — tenu à Toulouse. Il s’y prononça contre les retraites ouvrières « dans tout ce qu’elles ont de mauvais », avant tout la capitalisation et le livret ouvrier qu’elles impliquent et « qui nous servira de casier judiciaire » (cf. c. rendu, p. 262).
Condamné en février à quinze jours de prison pour entraves à la liberté du travail, Ricordeau semble avoir été par la suite définitivement éliminé du syndicat des terrassiers.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article84986, notice RICORDEAU Édouard, Eugène , version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

SOURCES : Arch. Nat. F7/ 13 620, 7/ 13 656, 7/ 13 657. — J. Julliard, Clemenceau briseur de grèves, Paris, 1965.

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