RIVIÈRE Emmanuel [RIVIÈRE Charles, Eugène, Emmanuel]

Par André Caudron

Né le 15 mai 1855 à Toulouse (Haute-Garonne), mort le 30 novembre 1918 à Blois (Loir-et-Cher) ; ingénieur, imprimeur, journaliste ; catholique social ; animateur de l’œuvre des cercles catholiques d’ouvriers, militant démocrate chrétien, fondateur de L’Écho du Centre, co-fondateur de la Fédération des travailleurs chrétiens du Centre et de l’Ouest.

Ingénieur des Arts et Manufactures, Emmanuel Rivière travailla quelques années dans une usine métallurgique du Nord. Cet admirateur d’Albert de Mun* fit ses premières armes sur le terrain social au sein de l’œuvre des cercles catholiques d’ouvriers. Pour mieux défendre ses idées, il racheta en 1896, venant de Toulouse, la Grande Imprimerie de Blois, alors en perdition. Le cercle local le fit entrer dans son comité. Séduit par l’exemple de Léon Harmel* au Val-des-Bois, il voulut donner à son entreprise une organisation comparable, avec un conseil d’usine destiné à entretenir des « relations d’estime et de confiance » entre patron et salariés. Il estima qu’il avait réussi, dans l’intérêt des deux parties, à créer « une nouvelle famille industrielle », comme l’affirme sa brochure intitulée Cinq ans de vie sociale (Paris, Rondelet).

Hier légitimiste convaincu, il se rallia résolument au régime républicain, selon le vœu de Léon XIII, et accueillit avec enthousiasme l’encyclique Rerum novarum en 1891. A l’appel de Léon Harmel, il lança des cercles d’études sociales dans sa région, en compagnie de l’abbé Rabier dont l’action se confondit avec la sienne pendant les dernières années du siècle. La maison d’Emmanuel Rivière, avenue de Médicis à Blois, devint un centre d’action démocrate chrétienne qui rayonnait dans la vallée de la Loire et au delà. Les deux hommes, joignant leurs efforts à ceux de l’ouvrier Chartrain, animateur du groupe de la Démocratie chrétienne de Nantes, furent à l’origine de divers syndicats de salariés et de « sociétés économiques ». Au lendemain du congrès ouvrier chrétien de Reims, tous trois furent en 1895 les promoteurs d’une Fédération des travailleurs chrétiens du Centre et de l’Ouest, rassemblant les organisations formées depuis quatre ans de Brest à Orléans, en passant par Morlaix, Rennes, Nantes, Angers, Tours et Blois. Pour la circonstance, Rivière et ses amis avaient obtenu le concours d’Emmanuel Desgrées du Loû et de l’abbé Félix Trochu, leurs homologues de Bretagne. Cette fédération eut son journal, Le Travailleur chrétien.

Conscient de « la formidable poussée socialiste qui menaçait la France », Rivière édita de nombreuses publications catholiques et plusieurs journaux comme L’Écho du Centre qu’il créa en 1896 et mit au service du Ralliement, au cours d’une « bataille » acharnée dans les milieux catholiques du Loir-et-Cher. La fondation de La Croix du Centre fut aussi son œuvre. Aux débuts du Sillon, il prit part en 1898, dans la Crypte du collège Stanislas, à un débat sur le travail des femmes dans l’imprimerie, en compagnie d’Auguste Keufer , secrétaire général de la Fédération des travailleurs du livre. Membre actif de l’Union d’études des catholiques sociaux, présidée par Henri Lorin* , depuis 1902, il publia pendant la guerre, de 1915 à 1917, Notre Étoile, « organe républicain démocrate », lancé par Georges Hoog, collaborateur de Marc Sangnier*.

Après la disparition de ce journal, il prit avec son ami l’abbé Jean de Saint-André, ancien sillonniste, l’initiative d’un « hebdomadaire d’idées et d’action », L’Îme française, dont le premier numéro parut à Blois le 15 mars 1917, en vue de regrouper les catholiques sociaux et démocrates chrétiens. Le titre, repris presque aussitôt par une équipe parisienne qui comprenait notamment Charlemagne Broutin*, Léon Vieillefon* et Gaston Tessier , joua un rôle important dans l’évolution des structures politiques et syndicales de ce courant de pensée. Rivière siègea jusqu’à sa mort au comité de gestion de L’Îme française. On lui doit Le Travail de la femme dans l’industrie typographique (Paris, Rondelet, 1898).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article85033, notice RIVIÈRE Emmanuel [RIVIÈRE Charles, Eugène, Emmanuel] par André Caudron, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 8 juillet 2012.

Par André Caudron

SOURCES : État-civil de la ville de Blois Loir-et-Cher. — Pierre Dabry, Les Catholiques républicains, Paris, Chevalier et Rivière, 1905. — Ernest Pezet, Chrétiens au service de la Cité, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1965.

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