SALEMBIER Émile [SALEMBIER Louis, dit Émile]

Par Alain Lottin, Justinien Raymond

Né à Saint-Pierre-lès-Calais (Pas-de-Calais) le 18 juillet 1857 ; mort à Calais le 11 juin 1919. Militant syndicaliste, coopérateur et socialiste ; député du Pas-de-Calais.

Fils d’un ouvrier mécanicien, Salembier fut un des fondateurs de l’Union des ouvriers tullistes qu’il reconstitua en 1887 et dont il déposa les statuts à la mairie en 1888. Dès 1887, l’Union avait trois de ses membres au conseil des prud’hommes dont Salembier était vice-président.
En 1890, les patrons refusèrent d’entrer en rapports avec Salembier « parce que non-tulliste » lors de la grève pour tenter d’imposer un tarif de l’Union et la mise à l’index de certaines maisons de tulle. Le rapport de police le présente alors « comme un cabaretier qui a autrefois fait partie d’une maison de tulle » et « un tenant de la doctrine de Jules Guesde ». La grève dura trente-trois jours avec 3 000 grévistes sur 5 000 ouvriers touchés. Salembier fit néanmoins partie de la commission ouvrière et patronale chargée d’établir le tarif final. Cette même année fut fondée l’union des chambres syndicales ouvrières de Calais qui adhéra à la Fédération nationale des syndicats ouvriers, et Salembier en fut le secrétaire. Il fut délégué aux IVe et VIe congrès nationaux en 1890 (Calais) et 1894 (Nantes).
Salembier avait été, avec Delcluze, un des fondateurs du Parti ouvrier calaisien, en 1882. Il fut délégué aux congrès nationaux du POF de 1890, 1893, 1894, 1896, 1897, ainsi qu’aux congrès internationaux de Paris (1889) et de Londres (1896). Il représenta le syndicat des tullistes de Calais et plusieurs groupes du PO calaisien aux congrès socialistes de Paris, salle Japy (1899) et salle Wagram (1900). Élu conseiller municipal de Calais le 16 décembre 1888, réélu en 1892, maire de 1896 à 1898, Salembier quitta le POF le 8 août 1897 à la suite d’un conflit avec Delcluze. Il prit la tête d’un « Parti ouvrier calaisien », d’abord indépendant, puis affilié à la Fédération autonome.
Le 30 décembre 1897, Salembier créa la coopérative ouvrière dont il fut le premier président, puis le gérant. Cela commença par une petite boulangerie louée rue de la Vendée puis, en 1901, on construisit un four sur un terrain en location qui fut acheté en 1908. Par la suite, un immeuble fut élevé en 1910 et, à la mort de Salembier, la coopérative possédait une boulangerie, une épicerie, un commerce de charbon, une grande salle, un café et elle gérait trois boucheries pour le compte de la ville. En 1900, Salembier avait été délégué au premier congrès tenu à Paris de la Bourse des coopératives socialistes. L’année suivante, il fut à nouveau délégué au 2e congrès de la Bourse tenu à Lille. En 1911, il présida une séance du 8e congrès réuni à Calais dont il était maire.
En 1900, Salembier échoua aux élections municipales. Puis ce fut la grande grève pour obtenir l’application de la journée de 8 heures, pendant laquelle il joua un rôle primordial à l’« Union » et qui fut marquée par la venue à Calais de Pressensé, Camélinat, Briand, Jaurès, par des prêts financiers des Trade-unions, de Nottingham notamment, mais qui se termina en février 1901 par un échec.
Le 31 mai 1901, le syndicat des ouvriers tullistes vota, sur proposition d’Appleton, secrétaire des Trade-unions, le principe de la création d’une Fédération internationale des ouvriers tullistes, et Salembier fut désigné comme secrétaire, poste qu’il détenait encore en 1909.
Il contribua à la fondation de la fédération socialiste unitaire du Pas-de-Calais, dont il fut nommé secrétaire à Lens le 23 juillet 1905. Il représenta la fédération aux congrès SFIO de Chalon-sur-Saône (1905) et de Limoges (1906).
En 1908 il fut à nouveau maire de Calais, élu avec la liste socialiste et radicale pour quatre ans. On lui doit en partie le nouvel Hôtel de Ville, le collège de jeunes filles, de nombreuses écoles primaires, de nouveaux abattoirs, une école supérieure professionnelle, une crèche. En 1910, il entra au conseil général. Il fut élu député le 29 avril 1914, et s’appliqua surtout à l’étude de la législation du travail. Il mourut le 11 juin 1919 ; ses obsèques civiles eurent lieu le dimanche 15 juin. Une place de Calais porte son nom et un monument a été érigé à sa mémoire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article85387, notice SALEMBIER Émile [SALEMBIER Louis, dit Émile] par Alain Lottin, Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 31 décembre 2017.

Par Alain Lottin, Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 963, M 964, M 1 733, M 1 735, M 1 736, M 1 783, M 1 784, M 1 785, M 1 816, M 2 111, M 4 820, M 4 863. — État civil de Saint-Pierre-les-Calais. — Comptes rendus de congrès. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 428 à 453 et passim. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit., p. 644. — Le Petit Calaisien, 16 juin 1919. — Le Phare, 17 juin 1919. — B. Tavernier, H. Chatillon, F. Delacourt, Le Socialisme calaisien de 1880 à 1900, Mémoire de Maîtrise, Lille III, juin 1971.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 428. — La CGT, op. cit., p. 551.

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