SANDRAS Henri

Par Justinien Raymond

Né et mort à Caudry (Nord) : 15 mai 1866-24 décembre 1911 ; ouvrier tulliste ; militant syndicaliste, socialiste et coopérateur ; maire de Caudry de 1910 à 1912.

Henri Sandras entra à l’usine à l’âge de onze ans et demi, immédiatement après le certificat d’études où il avait obtenu le premier prix cantonal et le premier prix départemental. Ce succès scolaire l’incita à poursuivre lui-même ses études et il se montra un autodidacte passionné. On retrouve dans sa bibliothèque personnelle des œuvres des philosophes du XVIIIe siècle ainsi que les ouvrages des socialistes du XIXe : Ch. Fourier, Cabet, Victor Considerant, Proudhon, Karl Marx, Benoît Malon. Son activité syndicale commença à se manifester vers 1888-1889, après son service militaire, époque à laquelle un embryon de syndicat se formait parmi les ouvriers tullistes de Caudry.
En 1891, une grève des ouvriers guipuriers à laquelle il prit part d’une manière active produisit sur lui une profonde impression. En effet, le maire de l’époque, Tilmant, patron du textile, affolé par ce mouvement ouvrier sans précédent dans les annales communales, avait fait venir un détachement de chasseurs à cheval qui mit « sabre au clair » et chargea la foule lors d’une manifestation de grévistes.
La corporation des tullistes se subdivisa en plusieurs catégories : tullistes en uni, tullistes en dentelle, guipuriers et ouvriers de la préparation. H. Sandras fut à l’origine de la constitution des syndicats intéressant ces diverses catégories et fut élu secrétaire adjoint du syndicat des ouvriers tullistes.
En 1894, une élection partielle pour trois conseillers municipaux eut lieu à Caudry : H. Sandras, E. Fiévet et E. Plet, candidats socialistes, furent élus.
En 1896, lors du renouvellement total du conseil municipal, ils présentèrent une liste complète qui fut battue, mais, reconstituée en 1900, elle fut alors élue en entier. E. Fiévet fut désigné comme maire, H. Sandras premier adjoint, E. Plet second adjoint.
H. Sandras avait également créé vers 1897 un groupe d’études sociales qui se transforma par la suite en section du Parti socialiste.
En 1898, une importante grève des tullistes en dentelle dont H. Sandras, orateur écouté, fut un des principaux dirigeants, fit que les patrons coalisés lui interdirent tout travail dans les ateliers et, pour élever ses quatre enfants, il dut se faire débitant de boissons. C’est dans la salle de son café que, par la suite, se constituèrent, avec son concours, de multiples organisations syndicales d’ouvriers teinturiers, apprêteurs, tisseurs, dessinateurs en dentelle et en broderie, ouvriers brodeurs, chauffeurs d’usine, ouvriers de brasserie, etc.
À la mort de Fiévet (30 avril 1910), Henri Sandras lui succéda comme maire de Caudry et conserva ce poste jusqu’à sa mort, un an et demi plus tard. Caudry lui fit, selon sa volonté, des obsèques civiles et, en 1913, éleva un monument à sa mémoire.
Voir Fiévet E. et Plet E.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article85427, notice SANDRAS Henri par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 3 novembre 2018.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Mun. et état civil de Caudry. — L’Humanité, 25 décembre 1911 et 8 juillet 1913. — Notes rédigées par un des fils d’H. Sandras. — G. Prache, Cambrésis, terre coopérative, PUF, 1963.

ICONOGRAPHIE : G. Prache, op. cit. L’Humanité, 25 décembre 1911.

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