SIAUVE-EVAUSY Gustave [SIAUVE-EVAUSY François, Gustave (Siauve, dit)]

Par Justinien Raymond

Né le 4 mai 1862 à Coussac-Bonneval (Haute-Vienne), mort le 19 février 1918 à Lille (Nord) ; employé en 1880 aux PTT ; révoqué pour action politique (octobre 1889) ; employé de commerce et journaliste socialiste.

Issu d’une famille ouvrière (son père était sabotier sur l’acte de naissance), Gustave Siauve — c’était son vrai nom — étudia au collège de Saint-Yrieix et milita dans plusieurs départements : il apparaît comme un professionnel de la politique et la police le considérait comme « facile à acheter ».
En 1880, il entra dans l’administration des PTT à Bordeaux et devint administrateur du télégraphe. Franc-maçon, il adhéra au Parti Ouvrier Français en 1888. Lors des élections législatives de 1889, il proclama ses sympathies boulangistes et, le 6 octobre, fut révoqué. Il devint employé de la maison de commerce Buisson à Bordeaux qui utilisait aussi les services de Jourde et de Lavigne. De 1891 à 1893, il fut président de l’Association des Travailleurs républicains et socialistes de Bordeaux. Candidat, en 1892, aux élections municipales à Bordeaux, il fut, l’année suivante, candidat aux élections législatives dans la 2e circonscription de Brive (Corrèze) où il obtint 1 413 voix. Il créa alors à Tulle un groupe du Parti Ouvrier. Le rapport d’enquête sur l’élection du candidat Mielvaque dans la 1re circonscription de Brive, en avril 1894, fit connaître que Siauve-Evausy aurait accepté 840 f de Mielvaque.
En janvier 1894, Siauve-Evausy était rédacteur en chef du Réveil du Centre, hebdomadaire, organe des Travailleurs républicains socialistes de la Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne, dont l’administration et l’impression se faisaient à Bordeaux. En juin 1894, le journal prit le nom de Rappel du Centre ; administration et impression se firent alors à Limoges. Il reprit en mai 1895 le nom de Réveil du Centre et s’adressa à un public plus large en devenant « organe des républicains socialistes ».
En juillet 1894, Siauve-Evausy devint rédacteur en chef du Peuple de Bordeaux ; en novembre, rédacteur en chef du Peuple de Lyon. En juillet 1895, il s’installait dans le Nord et s’occupait du Réveil du Nord, organe d’union ouvrière et socialiste depuis le 11 mars 1894 qui ouvrait ses colonnes à Jules Guesde et devenait l’organe officieux du POF tandis que disparaissait l’organe officiel Le Travailleur, évolution réalisée à la demande du banquier Taillard qui avait relevé le Réveil du Nord par commandite. Une édition locale du Réveil du Nord était créée en 1896 sous le titre l’Égalité de Roubaix-Tourcoing. En 1897, Siauve-Evausy appela comme secrétaire de rédaction du Réveil du Nord un journaliste de droite, Annequin, qu’il avait connu autrefois comme rédacteur d’un organe conservateur L’Avenir de la Corrèze. Mais, en mai 1898, Taillard et le maire de Lille, Delesalle, firent renvoyer Annequin.
À l’occasion des élections municipales de 1896, Siauve-Evausy avait créé à Roubaix « l’Union électorale républicaine et socialiste », et le POF avait conservé la municipalité. Alors qu’il s’occupait du syndicat des employés des tramways de Lille, il aurait été mêlé, comme Sever et Delesalle, à l’importante affaire de concussion des tramways lillois et semble avoir reçu des pots-de-vin d’un administrateur de la compagnie.
Siauve-Evausy, qui avait été délégué aux congrès nationaux du POF en 1893 et 1897, participa également à celui d’Épernay, 13-16 août 1899. Avec d’autres militants comme Kraus, Camelle, Antide Boyer, il critiqua le Conseil national du Parti ainsi que Guesde et Lafargue, à propos du manifeste lancé à l’occasion de l’entrée de Millerand dans le cabinet Waldeck-Rousseau. Au congrès général des organisations socialistes à Paris, salle Japy, décembre 1899, il représentait cinq groupes du POF de Saint-Amand (Nord) : Les Avancés, L’Avenir des Prolétaires, La Revanche et les groupes des rues Condé et de Tournai. Le 6 décembre, sur l’amendement de Jules Guesde ainsi conçu : « La lutte de classe permet-elle la participation d’un socialiste à un ministère bourgeois », Siauve vota pour la participation. En 1901, il quitta le POF en même temps que Delesalle.
Siauve-Evausy continua à être rédacteur en chef du Réveil du Nord jusqu’en 1907. Le journal prit des positions toujours plus modérées. Après avoir été dans la mouvance jaurésienne, Siauve-Evausy n’accepta pas l’unité socialiste et se rangea dans le bloc républicain et radicalisant, favorable aux gouvernements Clemenceau et Briand. Il fut promu chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1909 après avoir été fait officier d’académie (l’équivalent des palmes académiques) et chevalier du Mérite agricole. Il fonda en 1908 la Revue mauve des grands intérêts économiques. Il resta en 1914 à Lille occupé par les Allemands et il y mourut à 55 ans au début de l’année 1918.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article85608, notice SIAUVE-EVAUSY Gustave [SIAUVE-EVAUSY François, Gustave (Siauve, dit)] par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 19 juillet 2018.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : Outre l’action par la presse rappelée dans la biographie, Siauve-Evausy publia quelques brochures : Le Peuple ouvrier, son avenir, conférence, Bordeaux 1885, in-18, 35 p. (Bibl. Nat. 8° R 3 272), dans laquelle il a défendu le spiritisme et la métempsycose. — Roubaix socialiste ou Quatre ans de gestion municipale ouvrière, 1892-1896, Lille, 1896, in-16, 64 p. (Bibl. Nat. 8° Lb 18/ 3 923). — Le Repos hebdomadaire dans la pratique et selon la loi du 13 juillet 1906, avec préface sur le droit au repos à travers l’histoire, Lille, 1906, in-8°, 32 p. (Bibl. Nat. 8° F 4 423).

SOURCES : Compte rendu du congrès de Japy. — J. Verlhac, La Formation de l’unité socialiste, 1898-1905, DES, Paris, 301 p. — M.-P. Lidove, Les Élections législatives en Corrèze, de 1871 à 1898, DES, Paris, 1955. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit., pp. 645-646. — Notes de Gilles Candar.

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