SOHIER Émile, Léon

Par Jean Gaumont, Yves Le Maner, Justinien Raymond

Né le 11 août 1866 à Houplines (Nord), mort le 24 juin 1947 à Lille (Nord) ; ouvrier tisseur puis employé ; militant socialiste et syndicaliste.

Émile Sohier dans son estaminet
Émile Sohier dans son estaminet
Cliché fourni par sa famille

Fils d’un tisseur, Émile Sohier fut engagé volontaire pour cinq ans dans la Marine, engagement qui le conduisit au Sénégal. Sergent d’infanterie de marine, il exerça, après sa libération, le métier d’ouvrier tisseur à Houplines jusqu’au moment où la coopérative « L’Union » lui confia la gérance de son estaminet et de sa boulangerie. De 1895 à 1912, Sohier fut secrétaire et administrateur de « l’Union ». En 1901, il assista au second congrès de la Bourse des coopératives socialistes qui se tint à Lille et déposa un rapport sur un projet de création d’une meunerie coopérative. Il disparut du mouvement en 1912 lors de la réalisation de l’unité coopérative.

Gagné aux idées guesdistes, Émile Sohier avait appartenu à l’équipe qui fonda en 1892 le syndicat fraternel de l’industrie textile d’Houplines et ses environs dont il fut le secrétaire pendant plusieurs années ; il en fut le délégué au XVIe congrès national corporatif (10e de la CGT) qui se tint à Marseille en octobre 1908. Membre du POF, il fut secrétaire de la section locale d’Houplines de ce parti à la fin du siècle. Il fut délégué aux congrès nationaux du POF de 1896, 1900, 1901 et 1903, au congrès de la salle Wagram (1900) et aux congrès nationaux de la SFIO à Toulouse (1908), Saint-Étienne (1909), Nîmes (février 1910), Paris (Juillet 1910) et Saint-Quentin (1911).

Conseiller municipal depuis 1896, Émile Sohier fut élu maire d’Houplines en 1900 et réélu en 1904, 1908 et 1912. Candidat à l’élection législative partielle de mai 1895, il se présenta, toujours sans succès, aux élections législatives générales de 1898, 1902, 1906 et 1910 (ces deux dernières sous l’étiquette SFIO). Il joua un rôle très important lors des grèves du Textile de la région armentiéroise en 1903 au cours desquelles les grévistes se heurtèrent brutalement à l’armée.

A la fin de l’année 1912, Émile Sohier quitta Houplines pour les États-Unis, en compagnie d’une femme et... de l’argent de la caisse de la coopérative « L’Union » dont il était le dépositaire. Soumis à une demande d’extradition, il revint à Houplines. Les dirigeants socialistes et coopérateurs refusèrent de le poursuivre devant les tribunaux pour éviter un scandale facilement exploitable par la droite. Il dut signer une reconnaissance de dettes par laquelle il s’engageait à rembourser en trente-six annuités les sommes manquantes après son périple. Devenu agent d’affaires, il disparut évidemment de la vie politique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article85679, notice SOHIER Émile, Léon par Jean Gaumont, Yves Le Maner, Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 26 avril 2013.

Par Jean Gaumont, Yves Le Maner, Justinien Raymond

Émile Sohier dans son estaminet
Émile Sohier dans son estaminet
Cliché fourni par sa famille

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 37/59, 68 et 72. — C.r. des congrès. — Claude Willard, Les guesdistes, op. cit., p. 646. — J.-C. Héras, MM, Lille III, 1973, op. cit. — Copie de son livret militaire fourni par sa famille.

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