SOULERY Charles [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Ouvrier cuisinier, Soulery fut, dès les années 1890, un animateur du syndicat des cuisiniers et un des premiers socialistes algériens. Aux élections législatives de 1890, il se présenta comme candidat « socialiste » à titre personnel et n’obtint que quelques voix, mais ce fut la première candidature socialiste en Algérie.
En juin 1895, il fut l’un des principaux orateurs du modeste congrès ouvrier socialiste algérien de Mustapha (Alger) qui fut essentiellement la tribune du « socialiste antisémite » Daniel Saurin. Soulery y présenta la résolution « anarchisante » approuvée à l’unanimité : « Considérant qu’une société communiste libertaire doit rester l’idéal à poursuivre, le congrès se rallie, à titre transitoire, aux principes du collectivisme ». Ce congrès se prononça également pour l’autonomie coloniale contre l’assimilation à la métropole. Soulery, en outre, se montra hostile aux coopératives agricoles et à la mutualité, « solidarité ratatinée », déclara-t-il. Soulery assista également au 4e congrès socialiste algérien en octobre 1901.
Soulery fut secrétaire de la Bourse du Travail d’Alger, de juin 1896 à décembre 1904. Il la représenta à plusieurs congrès de la Fédération : au IIIe, Lyon, juin 1894 ; au IVe, Nîmes, juin 1895 ; au VIe, Toulouse, septembre 1897 ; au VIIIe, Paris, septembre 1900 ; au IXe, Nice, septembre 1901 ; au Xe, Alger, septembre 1902. Soulery assista également à plusieurs congrès de la CGT : au 3e (IXe corporatif) Toulouse, septembre 1897 ; au 5e (XIe corporatif) Paris, septembre 1900. À ce congrès, il s’affirma pour une action auprès des travailleurs étrangers en Algérie (Espagnols, Italiens) par la création d’un secrétariat international (cf. compte rendu, p. 131). En ce qui concerne la coopération, il déclara : « Entrons en masse dans les coopératives et nous y changerons le niveau de la pensée existante : elles ont des tendances bourgeoises, nous les ferons socialistes ! » (compte rendu, pp. 142-143). Voir Rappelin.
Au congrès socialiste algérien de 1902 tenu à Constantine, suivant les positions coloniales des républicains et des socialistes d’Algérie, il préconisa pour les indigènes une instruction pratique et réclama l’autonomie coloniale et, en attendant le conseil colonial, il souhaita la création d’une quatrième délégation, celle représentant le travail à l’assemblée des Délégations financières.
Depuis 1901, Soulery était conseiller municipal d’Alger.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article85717, notice SOULERY Charles [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 14 janvier 2014, dernière modification le 23 février 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Nat. F7/ 13 623. — Comptes rendus des congrès. — La Revue socialiste, avril et mai 1902 (étude de L. Paoli). — Al. Juving, Le Socialisme en Algérie, Thèse de droit, Alger, 1924. — A. Nouschi, « Un cas ambigu : le Maghreb » in La Deuxième Internationale et l’Orient, Paris, 1967, sous la direction de G. Haupt et M. Rebérioux.

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