SPILLEUX Égide, dit SERREAUX, dit GENLIS

De nationalité belge, fils d’un mineur de Bruxelles, Égide Spilleux fut l’agent secret de M. Andrieux, préfet de police, dans les milieux libertaires sous le nom de Serreaux. Il vint à Paris en 1880 et fut recommandé aux révolutionnaires parisiens par le compagnon A. Crié, alors professeur de français à Bruxelles. Spilleux offrit aux anarchistes de fonder La Révolution sociale qui devait être le premier journal anarchiste. Étranger, il ne pouvait en être le fondateur et ce fut Victor Ricois qui en devint propriétaire gérant, Serreaux en étant le directeur. Victor Ricois raconta par la suite ce qui se passa alors (cf. L’Insurgé, 12-19 avril 1885). « Quand Spilleux vint nous offrir la rédaction et l’administration de la Révolution sociale, nous demandâmes qui fournissait les fonds.
« Les fonds, nous répondit Spilleux, me sont fournis par une Anglaise de mes amies, qui ne croit pas à la réussite d’un organe anarchiste en France, mais qui consent à verser les 3 000 f de cautionnement, plus 1 500 f par mois et ce pendant six mois. On prit les renseignements. Des compagnons habitant Londres allèrent chez le bailleur de fonds. Le compagnon Émile Gautier y alla aussi : Spilleux disait vrai... » Mais, en réalité, La Révolution sociale, dont le premier numéro parut le 12 septembre 1880, était né grâce aux libéralités du préfet de police Andrieux. Celui-ci s’en expliqua ainsi (cf. Souvenirs d’un Préfet de police, t. I, p. 339) : « Donner un journal aux anarchistes, c’était (...) placer un téléphone entre la salle de conspirations et le cabinet du préfet de police. »
Andrieux laissa monter — s’il ne l’organisa lui-même — grâce à son agent Spilleux, dit Serreaux, un attentat contre la statue de Thiers récemment inaugurée à Saint-Germain.
Très vite, certains compagnons s’émurent de la façon désinvolte avec laquelle La Révolution sociale publiait les noms et adresses des groupes et de leurs militants les plus en vue. Émile Gautier écrivait à un ami, le 22 février 1881 : « L’idée qui consiste à faire imprimer les noms des correspondants au congrès de Londres dans nos journaux anarchistes est purement et simplement une merveille d’absurdité... » (lettre citée dans le Lyon républicain, 13 janvier 1883).
La Révolution sociale eut 56 numéros et parut jusqu’au 18 septembre 1881. Dans le numéro du 11 septembre, Serreaux avait publié une mélodramatique lettre d’adieux.
« L’agent secret de M. Andrieux, alors préfet de police », dit un rapport sans date classé année 1886 (Arch. Nat. F7/12 504) avait assisté au Congrès international anarchiste qui se tint à Londres du 14 au 20 juillet 1881, aux côtés de P. Martin, dit « Le Bossu », de Louise Michel, de Pouget et de vingt-quatre autres délégués français.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article85734, notice SPILLEUX Égide, dit SERREAUX, dit GENLIS, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

SOURCE : Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste..., op. cit.

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