TROUILLÉ Émile

Par Madeleine Rebérioux

Né en 1861 à Agen (Lot-et-Garonne) ; mort à Agen le 22 février 1900 ; militant socialiste.

Fils de carriers, limonadier à Agen, Émile Trouillé est un des plus anciens socialistes de cette ville où un groupe du POF se constitua de bonne heure, sous l’influence des collectivistes bordelais d’abord, semble-t-il, toulousains ensuite. C’était en fait un républicain avancé pour qui le socialisme fut toujours, comme il l’écrivait en janvier 1898, dans le 1er numéro de l’Avant-Garde républicaine-socialiste de Lot-et-Garonne, « l’étape suprême de la République ».
Populaire à Agen pour sa probité et ses sentiments républicains, il n’eut pas le temps de dépasser des activités locales. Une élection complémentaire, le 28 novembre 1885, l’avait fait entrer au conseil municipal. En 1888, à la tête de la liste « républicaine radicale indépendante », il obtint 1 524 voix et fut élu au second tour : ses amis et lui constituèrent dès lors la minorité d’un conseil municipal en majorité « républicain radical ». En fait, c’est en s’opposant à l’équipe radicale qui gérait Agen et s’appuyait sur La Dépêche de Toulouse que non seulement Trouillé, mais les autres socialistes agenais parviendront à « percer ».
En 1892, E. Trouillé, qui se considérait comme un « socialiste ardent », était rédacteur au quotidien progressiste d’Agen, La Constitution, dont la liste aux élections municipales fit place à quelques socialistes. Trouillé, cependant, n’y figurait pas. En 1896, par contre, il conduisit une liste dite « d’union républicaine socialiste » qui accepta le patronage de Guesde, Lafargue et Zévaès : il obtint 1 390 voix au premier tour et fut élu au second avec 2 091 voix, ainsi que huit de ses colistiers. En 1898, enfin, il fut candidat aux élections législatives à Agen, candidat « socialiste » : son affiche électorale l’affirme, mais au second tour seulement. On le connaissait, il est vrai, tout au moins dans certains milieux, comme secrétaire du groupe agenais du POF depuis 1897. Il sut, en tout cas, repousser nettement « les voix de la droite » et faire appel exclusivement à celles des « travailleurs opprimés ». Il recueillit 1 542 voix au premier tour et se désista au second pour le candidat radical, Dauzon, qui fut élu, d’ailleurs, de justesse.
Sa mort survint bientôt. Sa mémoire resta longtemps assez populaire à Agen pour que, à l’anniversaire de la Commune, on prononçât des discours sur sa tombe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article86125, notice TROUILLÉ Émile par Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par Madeleine Rebérioux

SOURCES : Arch. Dép. Lot-et-Garonne, série M : dossiers sur les élections municipales et législatives, collections d’affiches. — L’Avant-Garde républicaine-socialiste de Lot-et-Garonne. — La Constitution.

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