VARÈDE Paul (Evrard, dit)

Par Justinien Raymond, Serge Bonnet, Gérard Noiriel

Né vers 1880 ; mort en janvier 1927 ; publiciste et journaliste ; militant socialiste des Ardennes et de Meurthe-et-Moselle.

En 1898, Poulain fit appel à Varède, jeune militant de dix-huit ans, compétent et cultivé, pour être secrétaire de rédaction du Socialiste ardennais. Au sein de la fédération inclinant de plus en plus vers le réformisme et l’électoralisme sous la direction de Poulain, Varède, dont le vrai nom était Evrard, défendit les thèses révolutionnaires. Il représenta cette fédération au congrès de Lyon (1901). Le réformisme ayant triomphé au congrès de Bordeaux du PSF (1903), Varède poussa la fédération des Ardennes à reprendre son autonomie. Parallèlement à cette action politique, et tout en luttant contre l’anarcho-syndicalisme, Varède participa aux luttes ouvrières du début du siècle : aux grèves des ardoisiers de Rimogne (1901), des métallurgistes de Nouzon (1902), au moment de l’application du premier palier de la loi Millerand sur les dix heures, à la grève des métallurgistes de Fromelennes (1904). Lors de ce dernier mouvement, il participa à la tentative de refoulement, au pont-frontière, des ouvriers belges briseurs de grève. Il se rendit ensuite à la Chambre des Députés pour demander à Jaurès d’interpeller sur ces événements.
En octobre 1904, P. Varède défendit devant la fédération des Ardennes les thèses révolutionnaires de Dresde et d’Amsterdam. Le 4 juin 1905, il entra en conflit avec Poulain, hostile aux thèses sur lesquelles s’opérait l’unification du socialisme français, et donna sa démission de la rédaction du Socialiste ardennais. Sans abandonner l’action dans les Ardennes où il réapparaissait de temps à autre, comme en 1907, lors du divorce entre la SFIO et les syndicats pour lutter contre l’esprit libertaire de ces derniers, Varède porta son action dans les milieux ouvriers de Meurthe-et-Moselle. Il s’y livra à une active propagande. Il fonda des groupes révolutionnaires à Lunéville, à Chavigny, à Ludres, qui adhérèrent au Parti socialiste de France, mais qui prirent des positions insurrectionnelles, antiparlementaires, au congrès de Saint-Max en juillet 1904.
En 1905, il prit la tête du mouvement ouvrier dans l’arr. de Briey lors des grèves des mineurs et métallurgistes et avec Blanchard et Boudoux, multiplia les conférences. Il lança Le Réveil ouvrier de l’arrondissement de Briey (1905) qui devint en 1906 La Vie sociale de l’arrondissement de Briey, puis La Vie sociale de Meurthe-et-Moselle. Sa participation à la grève des mineurs de fer de Chavigny lui valut d’être emprisonné quelques semaines à Nancy au début de 1906. Il appartenait au Groupe d’études sociales de Nancy (1906) et en avril fut élu secrétaire du comité de la fédération socialiste de Lorraine. Aux élections législatives de 1906, candidat socialiste dans l’arr. de Briey contre A. Lebrun et F. de Wendel, il obtint 1 282 voix sur 16 963 suffrages exprimés. Son orientation électorale est une des raisons qui expliquent l’hostilité grandissante qu’il suscita parmi les syndicalistes qui suivaient Blanchard, Boudoux et Collongy. Il fut accusé d’avoir touché de l’argent des de Wendel et Le Cri populaire le dénonça comme renégat. Exclu du mouvement ouvrier, il collabora aux journaux radicaux Pour la République et l’Étoile de l’Est. Le Travailleur socialiste du 1-15 octobre 1910 (chronique Auboué) le donne encore comme rédacteur à l’Étoile de l’Est.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article86251, notice VARÈDE Paul (Evrard, dit) par Justinien Raymond, Serge Bonnet, Gérard Noiriel, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 21 septembre 2018.

Par Justinien Raymond, Serge Bonnet, Gérard Noiriel

SOURCES : Arch. de la fédération socialiste des Ardennes. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 13, 16, 394, 395. — Le Socialiste ardennais. — Le Réveil de l’arrondissement de Briey. — Le Cri populaire, 10 et 17 mars, 22 avril, 5 mai 1906, 9 mars, 13 et 27 avril, 23 novembre 1907, 25 janvier 1908. — Chronique sociale de l’Est, 15 novembre 1906. — L’Éclair de l’Est, 30 janvier 1927.

ICONOGRAPHIE : Le Cri populaire, 25 janvier 1908.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable