VINAY Pierre

Par Yves Lequin

Né à Rive-de-Gier (Loire) le 31 décembre 1864 ; ouvrier verrier ; syndicaliste, militant socialiste et coopérateur de la Loire.

Ouvrier verrier, Vinay fut délégué en juin 1881 au 2e congrès de la fédération socialiste de l’Est, à Saint-Étienne, par la chambre syndicale des verriers de Rive-de-Gier (Loire) ; il y fut nommé membre du Comité fédéral. En 1890, il participa au grand mouvement de renouveau de l’organisation des verriers qui affecta l’ensemble de la région lyonnaise, et, avec Donzet, secrétaire, et Bonneton, président, reconstitua à Rive-de-Gier un syndicat qui, entre-temps, avait périclité — Voir Bigex Alphonse (et non Biget).
Dès lors, il prit la tête du mouvement ouvrier dans la verrerie ripargérienne, l’une des plus importantes du Sud-Est. En octobre et novembre 1891, à la tête de quinze cents grévistes, après trente-cinq jours de lutte, il imposa aux usines Revol et Richarme l’adoption du tarif élaboré par la Fédération nationale des verriers. Surtout, de mars 1894 à janvier 1895, Vinay conduisit, pendant trois cent dix-sept jours, le combat des onze cents ouvriers de l’établissement Richarme pour la reconnaissance du syndicat. La grève fut d’une rare violence, marquée par de multiples incidents, en particulier lors de l’expulsion des ouvriers logés par les patrons. Vinay, secrétaire du Comité de grève, fut arrêté avec d’autres militants, Odin, Grange, Piery, Tardy et Boissonnet ; tous furent condamnés, le 19 septembre 1894, par le tribunal correctionnel de Saint-Étienne, à trois mois de prison. Malgré l’aide de Viviani, Jaurès et Sembat, malgré une solidarité financière internationale, les grévistes durent s’avouer vaincus et rentrer en janvier 1895. Vinay avait alors abandonné le secrétariat syndical.
En effet, en août 1894, il était devenu premier administrateur et président rétribué de la « Verrerie aux verriers » de Rive-de-Gier. Celle-ci venait d’être fondée grâce au rachat par la Fédération nationale des verriers de trois cent soixante-quinze actions, sur six cents, de la « Société des verreries réunies de la Loire et du Rhône ». La tentative ne fut pas heureuse : au moment de la vente, l’entreprise était déjà en difficultés ; l’opposition des capitalistes privés qui détenaient les deux cents vingt-cinq actions restantes empêcha la transformation en coopérative ouvrière de production, qui eût permis l’obtention de subventions officielles ; la concurrence de la Verrerie aux verriers de Carmaux, l’insuffisance des moyens financiers de la Fédération nationale firent le reste. Vinay se fit le commis-voyageur de l’entreprise et, en novembre 1895, se rendit à Paris pour tenter de trouver une aide financière, auprès de Rochefort, notamment ; en vain, en 1896, il fallut déposer le bilan.
Parallèlement à son action coopérative et syndicale, Vinay avait été l’un des pionniers du socialisme à Rive-de-Gier, en fondant, en 1892, avec Bonnet, Condamin et Blanc, le Cercle de l’union des travailleurs ; en 1896, il était le leader du groupe d’études sociales qui avait pris sa suite. En 1899, il fut de ceux, majoritaires dans la Loire, qui approuvèrent l’entrée de Millerand dans un ministère bourgeois.
Coopérateur convaincu (il avait, en 1894, au congrès régional des coopératives de production tenu à Saint-Étienne, réclamé la constitution d’une banque coopérative), il n’était pas découragé par son premier échec. Aussi prit-il en 1903 la direction d’un nouvel organisme analogue, la verrerie des Vernes. En 1901, il avait essayé en vain de coordonner le vaste mouvement revendicatif des mineurs, des métallurgistes et des tisseurs de Saint-Étienne, qui luttaient en ordre dispersé. Partisan de Briand, il refusa l’unité, adhéra à la Fédération socialiste autonome de la Loire dirigée par Jules Ledin et fut, sous ses couleurs, maire de Rive-de-Gier de 1912 à 1919 et conseiller général.
Après avoir été membre du Comité d’action économique créé par le préfet en 1916, il fut dépossédé de sa mairie en 1919 par le métallurgiste SFIO Claude Drivon, soutenu par une coalition de socialistes et de radicaux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article86436, notice VINAY Pierre par Yves Lequin, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 5 décembre 2022.

Par Yves Lequin

SOURCES : Arch. Nat. F 12/ 4 673. — Arch. Dép. Loire 10 M 78, 10 M 111, 10 M 136, 10 M 174, 92 M 41 et 42, 92 M 52 à 60, 93 M 66 et 93 M 122. — La CGT, op. cit., pp. 457-458.

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