SERVAL Jules

Par Maurice Moissonnier

Né le 2 juin 1896 à La Ricamarie (Loire), mort le 3 septembre 1978 à Lyon (Rhône) ; cheminot ; secrétaire du syndicat unitaire du PLM à Lyon ; secrétaire du rayon communiste Lyon-Ville ; conseiller municipal de Lyon (1944-1951) ; secrétaire des cheminots retraités de la CGT jusqu’en 1968.

Jules Serval était issu d’un milieu typique des mineurs de la Loire. Ses parents étaient « descendus » de villages de la Haute-Loire pour trouver du travail dans la vallée industrielle. Son père, François (né en mai 1871) travaillait à la mine ; sa mère, blanchisseuse, venait de Laussone, autre localité de Haute-Loire. Leur fils connut comme premier travail celui de mineur. Le 9 avril 1916, Serval quitta définitivement la mine pour être incorporé au 5e régiment d’infanterie coloniale. Elève des écoles primaires, il fit la guerre comme deuxième classe, au 38e puis au 6e régiment d’infanterie coloniale.

À son retour à la vie civile, Jules Serval entra aux chemins de fer, à Paris d’abord, puis à Saint-Étienne et enfin à Lyon-Perrache où il accomplit l’essentiel de sa carrière. Il donna son adhésion au Parti communiste au début de l’année 1922 et milita à la CGTU. Son activité se développa surtout après son installation à Lyon. À la conférence de rayon de Lyon (11-12 décembre 1926), sa cellule, la cellule n° 7, où il se consacrait au travail de la commission syndicale, fut citée en exemple car elle parvenait à faire paraître tous les quinze jours son journal, l’Œil de Perrache, particulièrement bien rédigé. Jules Serval était alors archiviste de l’Union unitaire des syndicats de cheminots du réseau PLM. À cette époque, ses fonctions de contrôleur l’empêchaient d’assister à toutes les réunions en raison des horaires variables que connaissaient les « roulants ». En 1935, pour raisons de santé, il devint facteur aux écritures et la régularité de son activité militante y gagna. Malgré les difficultés, Serval devint secrétaire du syndicat unitaire du PLM à Lyon et, au début des années 1930, avec la crise économique et les menaces des ligues, il renforça son action. Le 24 juin 1934, à la première grande manifestation commune tenue à Gerland au boulodrome Melleret « contre le fascisme, les décrets-lois et la guerre » à l’appel du PC et de la SFIO, il prit la parole au nom de la CGTU. Il devint secrétaire du rayon communiste qui correspondait au IIe arr. de Lyon, plus tard appelé Lyon-Ville.

Après la réunification de la CGT, Jules Serval siégea à la commission exécutive de l’Union départementale et assura le secrétariat du 4e secteur des cheminots. À ce titre, il représenta l’UD à de nombreux meetings dans l’agglomération lyonnaise (ainsi à Oullins le 1er Mai 1936, à Vénissieux le 1er Mai 1937). En novembre 1937, il fit partie d’une délégation de cheminots lyonnais qui se rendit à Madrid pour apporter le soutien des militants cégétistes aux combattants de la Cité universitaire ; du 14 au 17 novembre 1938, il fut délégué au XXXIe congrès de la CGT (Nantes).

Jules Serval était d’autre part entré au comité régional du PC lors de la conférence régionale tenue à Oullins les 4 et 5 décembre 1937 et fut à cette occasion délégué au congrès d’Arles (IXe congrès du PC, 25-29 décembre 1937). La même année, en octobre, il avait été candidat au conseil d’arrondissement dans le 2e canton de Lyon mais n’avait obtenu que 136 voix tandis que le candidat de droite, l’URD Montrochet était élu au premier tour.

La grève du 30 novembre 1938 fut, à Perrache, un échec, puis, au moment du Pacte germano-soviétique, Jules Serval fut violemment attaqué par ses adversaires politiques ; il subit plusieurs perquisitions et des interrogatoires au commissariat de la gare et au Palais de justice de Lyon. Pendant deux mois il fut mobilisé, au fort Lamothe à Lyon, puis au 21e colonial à la caserne de Clignancourt à Paris, en compagnie de militants syndicaux PR (présumés révolutionnaires). Pour raisons de santé, on le renvoya dans ses foyers et il reprit son service. Avec sa compagne, Jules Serval avait renoué des liens avec le PC clandestin, décapité une première fois par l’arrestation des dirigeants régionaux, et il s’était employé à fournir le matériel nécessaire à la fabrication de la presse clandestine malgré la surveillance dont il était l’objet. Au début de 1940, il fut déplacé à Langogne (Lozère) avant d’être révoqué en octobre de la même année. Il demeura dans cette localité jusqu’au début de 1941, puis revint à Saint-Étienne, mais devant l’acharnement de la police qui continuait à perquisitionner à son domicile, il passa dans la clandestinité totale, le PC lui confiant la direction politique de la région Drôme-Ardèche, lui aménageant un refuge à Beauvallon (Drôme). Jules Serval fit dès lors partie du triangle de direction communiste de ce secteur avec Georges Lassalle* et Henri Chaze*. Il dirigea le Front national jusqu’au 30 avril 1942, date à laquelle la milice l’arrêta à Montélimar sans avoir des preuves certaines de son activité. Il connut successivement la prison de Montluc à Lyon, le camp de Mauzac et la prison militaire de Bergerac d’où il fut libéré pour raison médicale. Revenu à Saint-Étienne, il reprit contact avec le PC mais fut arrêté de nouveau et interné à la prison de Toulouse où il se trouvait encore, totalisant trois ans de captivité, au moment de la Libération. Capitaine FFI, il siégea pendant quelques semaines à la cour martiale de Toulouse avant d’être rappelé à Lyon où il venait d’être désigné pour siéger au conseil municipal.

Jules Serval fut élu au bureau régional du PC à la conférence régionale du 24 juin 1945. La même année, il devint membre du comité central de la Croix-Rouge.

Lorsque Paul Entzmann*, un des secrétaires de l’UD-CFT du Rhône depuis la Libération quitta Lyon en août 1945, Jules Serval le remplaça au secrétariat de l’UD, ainsi qu’au CDL et à la commission consultative départementale du Rhône. Lors des congrès de l’UD-CGT de février 1946 et juin 1948, il fut réélu au bureau de l’UD. Dans les cinq années qui suivirent la Libération, Jules Serval joua un rôle important au sein de l’organisation syndicale départementale. À l’occasion de la célébration du cinquantenaire de la CGT, fin 1945, il fut le porte-parole de l’UD. À ce titre, il accorda un entretien à Charles Hernu dans Le Patriote, soulignant la nécessité pour la CGT d’abandonner le cadre trop strict de la Charte d’Amiens. Donnant une impulsion décisive à la nouvelle « orientation du syndicalisme », il appelle les travailleurs à participer à la reconstruction économique et insiste sur le rôle économique, social mais aussi politique du syndicat. Lors du congrès de l’UD de février 1946, Jules Serval présenta avec Louis Bonnenfant un rapport sur « l’économie nationale, la production et leur incidence sur les conditions de vie des travailleurs ».

En 1948, Jules Serval épousa Henriette Barbotte* avec qui il avait déjà beaucoup milité.

Jules Serval conserva son siège au conseil municipal de Lyon jusqu’en 1951 ; il était en outre membre du conseil d’administration des hospices de Lyon et délégué cantonal de l’enseignement pour le VIIe arr.

Le 12 décembre 1951, Jules Serval dut comparaître, ainsi que d’autres membres de l’UD, devant le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir appelé à manifester contre le départ des troupes en Indochine les 20 et 21 avril 1951 et « incité » les militaires « à la désobéissance ».

En 1951, il fut appelé à Paris au secrétariat de l’Union CGT des cheminots retraités, poste qu’il occupa jusqu’en 1968. Il était alors installé à Joinville-le-Pont.

En 1968, il revint dans la région lyonnaise, à Vénissieux où, jusqu’à sa mort il s’occupa, dans la cellule « Julian-Grimau » de la section de Vénissieux-Centre, de la diffusion de la presse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8659, notice SERVAL Jules par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 3 février 2018.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : RGASPI, 495 270 4796, autobiographie, Lyon 26 septembre 1938, classé A. — Arch. Nat. F7/13686. — BMP, microfilm n° 26. — La Voix du peuple, juin 1934, octobre et décembre 1937, novembre 1938, juin 1945. — La Voix du Lyonnais-L’Essentiel, septembre 1973. — En hommage à Jules Serval, brochure de la Fédération du Rhône du PCF. — Stéphane Courtois, La politique du PCF et ses aspects syndicaux, 1939-1944, Thèse, 3e cycle, Nanterre, 1978. — Audrey Le Goupil, L’Union départementale CGT du Rhône et l’action revendicative (septembre 1944-décembre 1947), Mémoire de Maîtrise d’Histoire contemporaine, sous la direction d’Étienne Fouilloux, Lyon II, 1978. — Rens. d’Henriette Serval et documents familiaux.

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