FOURNIER Pierre

Né en 1863 ; ouvrier tisseur à Roanne (Loire) Fournier prit une part active malgré ses dix-neuf ans, à la grève des 4 000 ouvriers tisseurs de Roanne en 1882, qui dura 44 jours et fut marquée par un célèbre lock-out. L’échec du conflit, le 23 mars, fut une grande déception pour Fournier. Le lendemain, il tirait sur Bréchard, patron qui incarnait la résistance patronale aux yeux des ouvriers. Cet acte, revendiqué par les anarchistes comme un acte exemplaire — un des premiers de la propagande par le fait — souleva des controverses très vives. Les journaux socialistes lui consacrèrent de longs commentaires. Le Citoyen et l’Égalité, journaux d’option guesdiste et qui avaient accordé à la grève un soutien très actif, déclarèrent comprendre, voire saluer l’acte de Fournier, mais en récusèrent le principe. Ce fut une occasion pour préciser leurs rapports avec les théories anarchistes.
Quant à Fournier, il n’était pas anarchiste. Aux assises de Saint-Étienne, le 20 juin 1882, il déclara avoir agi absolument seul et s’être décidé très vite. « Je n’avais pas de haine », dit-il à plusieurs reprises. Il voulait venger les ouvriers de Roanne. Il manifesta des regrets en prison et les renouvela lorsqu’il comparut devant la cour d’assises. Les renseignements de la police le montrèrent de très bonne moralité, vivant avec ses parents et les aidant, possédant une instruction primaire suffisante. Il fut néanmoins condamné à huit ans de travaux forcés après un sévère réquisitoire du procureur qui voulut « jeter un peu d’eau froide sur la classe ouvrière en ébullition ». La peine fut par la suite réduite à quatre ans. Revenu à Roanne, Fournier abandonna toute action et un rapport du sous-préfet, 18 décembre 1893, déclare à son sujet : « Il n’a jamais cessé de se montrer un ouvrier sérieux et rangé ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article86998, notice FOURNIER Pierre, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

SOURCES : Arch. Dép. Saint-Étienne, 19 M 6, 19 M 20. — Gazette des Tribunaux, 23 juin 1882. — Le Révolté, 1er avril 1882. — L’Égalité, 1er avril 1882.

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