GUILLOTON Eugène, Ferdinand

Par Yves Le Maner

Né et mort à Marans (Charente-Inférieure), 26 février 1895-20 janvier 1976 ; serrurier ; militant syndicaliste du Nord ; secrétaire général de l’Union locale CGT de Lille, secrétaire adjoint de l’Union départementale du Nord (1936-1939) ; délégué régional de la Fédération du Bâtiment ; secrétaire de l’Union locale CGT-FO de Lille dès sa constitution fin 1947.

Originaire de la Rochelle (Charente-Inférieure), fils d’un débitant et d’une lingère, Eugène Guilloton apprit le métier de serrurier chez un artisan. Mobilisé de 1914 à 1918, il renforça au cours de la guerre les sentiments antimilitaristes, que lui avait donnés une formation libertaire dans le milieu compagnonique. Ce fut au cours d’une étape de son « Tour de France » qu’il rencontra sa femme, militante du syndicat lillois de la confection, au cours d’une grève, et il décida de s’installer à Lille et se maria en cotobre 1920 avec Elise Ramont.

Élu secrétaire du syndicat des serruriers au lendemain de la scission de 1921, puis secrétaire de l’Intersyndicale du Bâtiment (en 1925), il succéda à Th. Devernay comme secrétaire de l’Union locale CGT de Lille au début de l’année 1935. Délégué à la propagande de la Fédération du Bâtiment pour la région du Nord, membre de la commission exécutive fédérale, il fut choisi comme président de l’« Union nationale des syndicats ouvriers confédérés du Bâtiment », affiliée à la Fédération nationale du Bâtiment, lors de sa création en 1934. Voir Cordier*. À l’issue de la réunification de 1936, Guilloton fut élu secrétaire général de l’Union locale CGT de Lille, poste qu’il conservera jusqu’en 1939 ; lors de sa constitution, le 24 mars 1936, le bureau de l’UL comprenait exclusivement des ex-confédérés : Raymond Dumoulin (trésorier et secrétaire administratif), Salembier et Lerarge (secrétaires adjoints) et enfin Régnier (trésorier adjoint). Lors du congrès de fusion au niveau départemental, Guilloton avait été nommé secrétaire adjoint de l’UD, le secrétaire général étant Georges Dumoulin*. Avec ce dernier, il appartint à la tendance « Syndicats » dirigée par R. Belin dont il était un ami personnel. Lors du congrès de février 1939, Eugène Guilloton devint trésorier adjoint de l’UD dont la direction était tenue par les membres ou sympathisants de « Syndicats » : G. Dumoulin (secrétaire général), Porreye et Salembier (secrétaires adjoints), Moland (trésorier) ; la CA ne comprenait plus que huit ex-unitaires (Renaud, Leloir, Soufflet, Beauvois, Patou, Tourbier, Fache et Lemoine) contre quinze ex-confédérés (R. Dumoulin, Régnier, D’Hondt, Pacquet, Sauvage, Vigneux, Guilloton, Philippo, Moland, Lizin, Cokelaere, Guelle, Salomé, Salembier, G. Dumoulin) et un ex-autonome (Porreye).

Mobilisé en septembre 1939, Eugène Guilloton fut fait prisonnier en mai 1940 en Belgique lors de l’invasion allemande. Il parvint à s’évader et revint à Lille où il fut contacté par G. Dumoulin et par R. Belin pour promouvoir le chartisme dans le Nord. Ces derniers parvinrent dans un premier temps à l’inclure dans le mouvement de collaboration, mais il semblerait que Guilloton s’en soit assez tôt écarté et se soit opposé à Dumoulin à la Fédération du Bâtiment. À la Libération, il fut exclu de la CGT et de la SFIO (dont il était membre de longue date, sans y accepter de responsabilités), mais son interdiction d’exercice syndical fut levée au bout de quelques mois, après enquête.

En 1947, Eugène Guilloton joua un rôle de premier plan lors de la scission dans le Nord. Secrétaire de l’Union locale CGT-FO de Lille dès sa constitution en 1947, membre de la CA de l’UD. Force Ouvrière du Nord, il conserva ces mandats jusqu’à son départ en retraite. Il mourut dans sa Charente natale en 1976.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87180, notice GUILLOTON Eugène, Ferdinand par Yves Le Maner, version mise en ligne le 1er avril 2010, dernière modification le 1er juillet 2010.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 595/35 et M 595/42. — Arch. PPo. 313, dossier 2000-504-11. — La Voix du Peuple, mars 1936. — Renseignements fournis par Ch. Liébart.— Etat civil.

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