GUITARD Paul, Jean, Alphonse

Par André Balent

Né le 13 janvier 1902 à Céret (Pyrénées-Orientales), mort à Céret le 21 septembre 1960 ; journaliste politique, culturel puis sportif, à Paris (1920-1940) puis dans la zone libre et en Afrique du Nord (1940-1943) et, enfin, à Paris (1946-1960) ; militant du Parti communiste puis du Parti populaire français.

Paul Guitard naquit à Céret le 13 janvier 1901. Fils d’Abdon Guitard et de Marie-Marguerite Luce, c’était le frère d’Henri Guitard*. Il épousa Marie Bordet le 9 février 1929. Il débuta dans le journalisme vers 1920 et adhéra au Parti communiste peu après sa fondation. Paul Guitard, qui résidait à Paris, fut rédacteur à la « Vie sportive » de l’Humanité et milita dans les rangs du Secours rouge international. Très lié avec Jacques Doriot*, il effectua avec ce dernier un voyage à Moscou en 1927. L’année suivante, il fut un des « envoyés spéciaux » de l’Humanité qui « couvrit la grande grève des ouvriers agricoles de Rivesaltes » (Voir Dardenne Émile*). Commentant l’arrestation de Joseph Cassuly* lors de ce long et dur conflit, il estimait dans l’Humanité du 4 mars 1928, que ce dernier était « nanti d’une cuirasse invincible : la confiance des grévistes ». Il écrivait aussi, dans le même journal des articles sur les spectacles, notamment, en février 1929, sur des numéros de clowns, pour lesquels Aragon et Breton le prirent à partie dans leur texte : À suivre. Petite contribution au dossier de certains intellectuels à tendances révolutionnaires, Paris, 1929 » (Variétés, Bruxelles, numéro hors série : "Le Surréalisme en 1929", juin 1929). Car, dans ces années, Paul Guitard, proche du courant « Clarté », était lié au surréalisme. Paul Guitard présenta le jeune Roussillonnais Victor Crastre* à l’équipe de Clarté.

Paul Guitard fut licencié de l’Humanité le 2 septembre 1929, pour inapplication de la ligne politique du Parti dans ses écrits et dans ses actes - voir Digne Robert*. Par la suite, il adhéra au PPF qu’il quitta en octobre 1939, lui reprochant d’être germanophile. Il collabora alors au Jour-Écho de Paris, qu’il suivit, en juin 1940, au moment de l’offensive allemande, à Lyon puis à Clermont-Ferrand et à Marseille. D’après le témoignage de Pierre Mau*, P. Guitard se serait fait réformer grâce aux relations qu’il entretenait avec le général Noguès, résident au Maroc, à qui il était apparenté.

Dans son journal de prison, à la date du 31 octobre 1941, le journaliste et écrivain Léon Moussinac* écrit : « Quelqu’un a apporté Gringoire. J’y lis un article de Paul Guitard sur Companys : des ordures bien sûr. Quand je pense que ce Guitard, du temps qu’il était correspondant de l’Huma et accompagnait le Tour de France, déclarait à tout venant que je n’étais qu’un « sale bourgeois » ! » Le Radeau de la Méduse, Editions Hier et aujourd’hui, 1945.

En 1942, Guitard résidait en Algérie. Il avait à nouveau adhéré au PPF dont il était un des membres pour le département d’Alger. Du 13 février 1942 au 13 février 1943, il fut directeur des services de presse au cabinet du Gouvernement général de l’Algérie. Du 13 février 1943 au 1er mai 1943, il fut chargé de mission au secrétariat d’État à l’Intérieur. Le 1er mai 1943, il fut nommé attaché au commissariat à l’Éducation générale et aux sports. Il fut arrêté en Algérie le 15 septembre 1943 et interné à Méchélia. Libéré le 16 juillet 1945, il fut assigné à résidence à Sidi-Ferruch. Un arrêté du 27 décembre 1945 l’astreignit à résider à Céret. Le PCF fit campagne contre sa présence dans sa ville natale. Son frère, Henri Guitard, adhérait à la SFIO et devint maire de Céret en octobre 1947. D’ailleurs Paul Guitard entretenait, d’après la police, des liens d’amitié avec certains militants socialistes SFIO de Céret. À la fin de 1946, il quitta Céret pour Paris.

Après son installation à Paris, Paul Guitard fit une carrière de rédacteur sportif. Il eut l’occasion de « couvrir » le Tour de France pour le journal L’Équipe. Il revint épisodiquement à Céret, ville où les « aficionados » de la corrida sont nombreux car il était également chroniqueur tauromachique. Il se lia ainsi d’amitié avec le militant communiste cérétan Pierre Mau avec qui il partageait la passion de la tauromachie. Toutefois, d’après Pierre Mau, Paul Guitard, conserva jusqu’à sa mort une aversion profonde pour le communisme.
Paul Guitard est l’auteur de plusieurs livres parmi lesquels Chômage, études sociales et SOS Afrique du Nord.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87208, notice GUITARD Paul, Jean, Alphonse par André Balent, version mise en ligne le 2 avril 2010, dernière modification le 21 décembre 2020.

Par André Balent

OEUVRE : Chômage, études sociales, Paris, Maurice d’Hartoy, 1933, 205 p. ; La France retrouvée, Paris, Les Oeuvres françaises, 253 p. ; SOS Afrique du Nord, Paris, Les Oeuvres françaises, 1938 (quatre éditions) ; Toute la tauromachie, Paris, Amiot-Dumont, 1954, 203 p.

SOURCES : Arch. PPo. BA/1715. — Arch. Dép. Pyrénées-Orientales ; série M non classée, versement du cabinet du préfet (16 septembre 1959), liasse 50 (« suspects », régime de Vichy et début de la IVe République, rapport du ministère de l’Intérieur (direction générale de la Sûreté nationale) au préfet des Pyrénées-Orientales, 15 février 1946 ; rapport du directeur départemental des services de police des Pyrénées-Orientales (enquête de l’inspecteur Laguerre de Céret) au préfet des Pyrénées-Orientales (13 novembre 1946). — Arch. Com. Céret, état civil. — Michel Cadé, « La grève des ouvriers agricoles de Rivesaltes en 1928 », Annales du Midi, tome 94, n° 159, pp. 403-440, Toulouse, 1982. — Entretien avec M. Pierre Mau, Céret, 28 juin 1984.

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