GODEAU Anne-Claude, Marie

Par Dominique Loiseau

Née le 31 janvier 1938 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), tuée le 8 février 1962 à Paris (XIe arr.), au métro Charonne ; employée des chèques postaux ; militante de la CGT et du PCF.

Anne-Claude Godeau était l’aînée des cinq filles d’Adrien et Blanche Godeau. Issu d’une famille bourgeoise, son père suivit les cours de l’école d’hydrographie et fut d’abord officier de marine, puis manœuvre à l’usine des Batignolles, à Nantes, et enfin, huit à dix ans plus tard, technicien dans la même entreprise, ce qui l’amena à effectuer des déplacements. Sa mère, après avoir suivi chez Pigier des cours de sténodactylographie et de comptabilité, fut employée de bureau à l’usine LU pendant huit ans, puis quitta son travail après son mariage.

Anne-Claude Godeau fut élevée dans une famille militante. Son père, responsable cégétiste et communiste, fut conseiller municipal à Nantes durant au moins deux mandats (municipalité Philippeau). Sa mère adhérait à la CGT lorsqu’elle était salariée, et ses grands-parents maternels en étaient également membres.
Elle suivit une formation secondaire en établissement public et, après le BEPC, passa le concours d’entrée aux PTT. Téléphoniste auxiliaire au central Cambronne de Nantes du 2 mai 1958 au 22 février 1960, elle fut ensuite employée aux Chèques postaux de Paris jusqu’à sa mort, le jeudi 8 février 1962, à vingt-quatre ans.

Membre de la CGT et du PCF, comme ses quatre sœurs, Anne-Claude Godeau fit partie des huit personnes tuées à la station de métro Charonne, lors de la manifestation parisienne contre l’OAS, à la fin de la guerre d’Algérie.

Plusieurs millliers de personnes (25 000 selon l’Humanité) suivirent le cortège funèbre à Nantes, à l’appel commun des Unions départementales CGT, FO, CFTC, FEN, ainsi que du PCF, de la SFIO, du PSU, du SGEN et des instituteurs CFTC, de l’UNEF et du Comité des étudiants. Un groupe de jeunes portant la photographie de leur camarade ouvrait le cortège, et plusieurs centaines de gerbes et de couronnes de fleurs furent déposées par les sections syndicales et politiques. Le secrétaire de la fédération postale CGT intervint au nom de toutes les organisations syndicales.

Une commémoration se déroula tous les ans en février à Nantes, et des “clubs” Anne-Claude Godeau se créèrent à Berlin et à Moscou. Les familles des victimes de Charonne allèrent ensemble en Allemagne, et le club berlinois se rendit ensuite à Nantes. Nantais et Berlinois firent le voyage jusqu’à Moscou, à titre à la fois amical et touristique.

Lorsque la CGT nazairienne (Loire-Atlantique) s’installa dans les locaux de la nouvelle Maison du Peuple, le nom d’Anne-claude Godeau fut donné à l’une des salles, sur suggestion d’une militante des PTT.

Un autre militant des PTT connut le même sort : Jean-Pierre Bernard.

Une plaque à son nom a été posée dans une salle des commissions de l’annexe de la Bourse du travail, 67, rue Turbigo à Paris, le 24 janvier 2014.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87209, notice GODEAU Anne-Claude, Marie par Dominique Loiseau, version mise en ligne le 2 avril 2010, dernière modification le 31 janvier 2022.

Par Dominique Loiseau

SOURCES : Entretien avec Blanche Godeau (septembre 1997). — Presse locale (Ouest France et Presse-Océan) de février 1962. — L’Humanité, 15 février 1962. — Documentation de la fédération CGT des PTT. — État civil.
Archives de Paris, EC du 11e arrondissement, acte de décès n° 140 du 9 février 1962 à 14 heures. — Jean-Paul Brunet, Charonne, lumières sur une tragédie, Flammarion, 2003. — Notes de Christian Henrisey.

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