HOUAT René, Jean ["Louis", premier pseudonyme de clandestinité ; « Duchêne », pseudonyme de clandestinité dans les Alpes-Maritimes]

Par André Balent

Né le 10 octobre 1912 à Jurançon (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), mort le 26 février 2009 à Antibes (Alpes-Maritimes) ; employé de commerce à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; militant du Parti communiste légal puis clandestin (1936-1944) ; résistant des Pyrénées-Orientales, de l’Aude, de l’Aveyron et des Alpes-Maritimes ; militant du PCF des Alpes-Maritimes (1944-2009), dirigeant de la fédération départementale.

René Houat à Saint-Paul-de-Vence
René Houat à Saint-Paul-de-Vence
De droite à gauche ; Virgile Barel ; René HOUAT ; Simone Signoret, ; Yves Montand ; Pablo Picasso ; Georges Clouzot.
Cliché X, collection Georges Sentis.

La mère de René Houat, Lucie, Phillippine Borau (ou Bourau, ou encore Bouro), âgée de vingt-deux ans en 1912 exerçait la profession de couturière à Jurançon. René Houat fut reconnu par son père, Thimogène Houat, le 18 janvier 1918 à Bron (Rhône), reconnaissance retranscrite sur l’état civil de Jurançon le 23 février 1918. Il fut légitimé par le mariage de ses parents à Jurançon le 5 mai 1919.

Son père, ingénieur des Ponts et Chaussées, mobilisé pendant la Première Guerre mondiale participa aux combats de Verdun avant d’être affecté comme mécanicien dans un atelier d’aviation à Bron (Rhône). Après la guerre, il participa aux travaux d’électrification du réseau de chemins de fer Paris-Orléans, en particulier la ligne conduisant vers l’Espagne.

Sa mère mourut quand il était âgé de sept ans. Il fut donc élevé par sa grand-mère et son père. Au début des années 1930, ce sportif était un membre de l’équipe de rugby de Pau (Basses-Pyrénées). Grièvement blessé lors d’un match après qu’un coup de pied lui eut enfoncé trois côtes et un poumon, il dut, pendant trois ans se faire soigner dans un sanatorium à Cambo-les-Bains (Basses-Pyrénées). Trois des patients qui devinrent ses amis étaient des Catalans qui le convainquirent (1936) de venir s’installer à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Installé avec l’un de ses trois amis du sanatorium à Perpignan au bas Vernet, route de Bompas, à la pension de Mme Molins, il réussit à se faire employer par le fils de sa logeuse, artisan plombier.

Il adhérait alors au Parti communiste. Dirigeant de la FSGT des Pyrénées-Orientales, adhérent des « Amis de l’URSS », il participa à l’accueil initial des volontaires des Brigades internationales qui, à Perpignan, étaient, dans un premier temps, regroupés à l’ancien hôpital Saint-Martin. Fernand Gély, charcutier et conseiller municipal, était l’un de ses contacts du PC avec qui il participait à l’accueil bientôt clandestin des volontaires des Brigades internationales et à leur passage vers l’Espagne. Fernand Gély lui facilita aussi l’embauche au dépôt de l’ « Abeille d’Or » à compter du 1er décembre 1936.

René Houat épousa le 23 juillet 1938 Thérése Castané avec qui il vivait déjà en 1936. Celle-ci était née le 17 juillet 1919 à Espolla (province de Gérone, Espagne), tout près de la frontière, en Ampourdan et mourut le 12 avril 2010 dans les Alpes-Maritimes. Elle était entrée en France en 1922 pour rejoindre son père, embauché à Saleilles (Pyrénées-Orientales) et avait suivi sa scolarité à Perpignan jusqu’au brevet élémentaire. Elle fut aussi embauchée à l’ « Abeille d’Or » en qualité de sténo-dactylo le même jour que son futur mari. Par la suite, tous deux furent embauchés à la grande quincaillerie perpignanaise, les établissements Vergés, René comme vendeur au rayon des articles ménagers, Thérèse comme facturière. Le couple résidait chez les parents de Thérèse. Leur fille, Liliane, naquit le 1er août 1940. René Houat travailla aux établissements Vergés jusqu’à l’été 1942.

En 1939, René Houat ne fut pas mobilisé car son poumon blessé s’était définitivement sclérosé. Dès l’automne 1939, il participa, avec sa femme, aux activités communistes clandestines. Il rencontra Pierre Garcias, le premier dirigeant du PC clandestin, avec qui il se lia. Militant de base, peu connu, il n’était pas fiché, ce qui facilita son insertion dans l’organisation clandestine.

En septembre 1941, l’arrestation de Garcias le « politique » du « triangle » de direction et son remplacement par Julien Dapère, propulsa René Houat au poste de responsable « technique » du nouveau « triangle » départemental. Il assurait donc le fonctionnement matériel de l’organisation communiste clandestine. Ne voulant pas compromettre ses beaux-parents, la famille de René Houat, déménagea, dans le quartier de la gare, rue de Paris. Le nouvel appartement, discret, permettait de s’enfuir dans plusieurs directions et était, en dépit de son inconfort, très favorable à la venue discrète des militants clandestins de passage.

René Houat faillit être arrêté en juillet 1942, à la suite d’un vaste coup de filet qui décapita l’organisation communiste clandestine des Pyrénées-Orientales (dont le responsable « syndical » du « triangle » départemental, Saturnin Panetta*) ainsi que de celles de l’Aude et de l’Hérault. Julien Dapère passa dans la totale illégalité et René Houat, lui succéda, devenant le troisième « polo » (responsable politique) du PC des Pyrénées-Orientales. Il aida alors Georges Delcamp et Fernand Cortale, nouveaux adhérents du PC, chargés de mettre en place les FTPF des Pyrénées-Orientales.

Au début de 1943, le « centre » jugea qu’il était trop exposé dans les Pyrénées-Orientales et l’affecta, pendant quelques semaines, comme responsable clandestin de la Région Aude-Hérault. Mais, en mars 1943, il changea à nouveau d’affectation. Responsable politique (« polo ») de la Région Tarn-Aveyron qu’il fut chargé de réorganiser, il s’installa à Rodez (Aveyron) où sa femme et sa fille vinrent le rejoindre en juin.

Au début de 1944, il fut nommé responsable politique clandestin du PC de la Région Alpes-Maritimes – Basses-Alpes. L’Humanité du 2 mars 2009, assure qu’il fut « commissaire politique » des maquis du Sud-Est de la France. À la tête, non seulement de l’organisation communiste des Alpes-Maritimes, mais aussi, de la MOI et des FTPF, président du comité insurrectionnel il joua un rôle décisif dans l’organisation des opérations, le 28 août 1944, qui conduisirent à la Libération de Nice, avant l’arrivée des troupes alliées.

Il demeura dans les Alpes-Maritimes jusqu’au retour à Nice de Virgile Barel.

René Houat regagna ensuite Perpignan où l’attendaient sa femme et sa fille qui avaient quitté Rodez au lendemain de la Libération de cette ville. Mais, il fut amené à se fixer dans les Alpes-Maritimes où, permanent du PCF, il fut, de nombreuses années durant, membre du comité fédéral chargé de la formation des militants. Il fut aussi administrateur du quotidien Le Patriote et chef de cabinet de Virgile Barel, député communiste des Alpes-Maritimes (1945-1951 ; 1956-1958 ; 1967-1978). Membre fondateur du comité d’Union de la résistance, il fut, jusqu’à sa mort, un des dirigeants départementaux de l’ANCR.
Sa fille Liliane assure que René Houat, dirigeant local du PCF niçois, fut toujours très lié, déjà dans la clandestinité, aux syndicats de l’UD-CGT des Alpes-Maritimes. Elle se souvient qu’il fréquentait assidûment les locaux de la Bourse du travail, place Saint-François à Nice.

Une rue portant le nom de René Houat fut inaugurée à Nice le 28 août 2009, date anniversaire de la Libération de la ville, par Christian Estrosi, maire et ministre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87227, notice HOUAT René, Jean ["Louis", premier pseudonyme de clandestinité ; « Duchêne », pseudonyme de clandestinité dans les Alpes-Maritimes] par André Balent, version mise en ligne le 3 avril 2010, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par André Balent

René Houat à Saint-Paul-de-Vence
René Houat à Saint-Paul-de-Vence
De droite à gauche ; Virgile Barel ; René HOUAT ; Simone Signoret, ; Yves Montand ; Pablo Picasso ; Georges Clouzot.
Cliché X, collection Georges Sentis.
René Houat et Virgile Barel avec la CGT niçoise
René Houat et Virgile Barel avec la CGT niçoise
Col. Liliane Houat

SOURCES : [Georges Sentis, éd. ], René Houat (1912-2009) responsable de la Région catalane du PCF de 1941 à 1943, Témoignage pour aujourd’hui et demain, s.l., s.d. [Perpignan, 2010], 12 [brochure composée à partir d’extraits du témoignage écrit de Thérèse Castané, née Houat, commenté par Georges Sentis]. — Jean-Louis Panicacci, « Les communistes italiens dans les Alpes-Maritimes », in Denis Peschanski (a cura di), Vichy 1940-1944. Quaderni e documenti inediti di Angelo Tasca, Milan – Paris, Feltrinelli & Éditions du CNRS, 1986, pp. 154-167 [p. 163, 165]. — Le Patriote, hebdomadaire, 29 août 2009. — l’Humanité, 2 mars 2009. — http://www.musee-resistance-azureenne.com, témoignage de René Houat. — Notes de Georges Sentis. — Courriers électroniques de Liliane, fille de René Houat, 10 avril 2010, 16 avril 2010. — État civil de Jurançon.

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