HABARU Augustin [version Nicole Racine]

Par Nicole Racine

Né le 19 juillet 1898 à Arlon (Belgique), exécuté par les Allemands le 21 juin 1944 à Arbin (Savoie) ; journaliste ; membre du Parti communiste belge, rédacteur au Drapeau Rouge ; rédacteur à Monde de Barbusse (1928-1934).

Né à Arlon en Belgique dans une région francophile, Augustin Habaru était le fils de François-Xavier Habaru, chauffeur devenu machiniste aux chemins de fer, et de Joséphine Deville. Après de bonnes études secondaires, il entreprit à l’issue de la guerre des études de sciences économiques et sociales à l’Université libre de Bruxelles. Attiré par le journalisme, il avait été attaché pendant la guerre aux Nouvelles, « héraut de l’influence française en Belgique méridionale » (cf. Vie et mort d’Augustin Habaru, 1947, p. 11). Il fréquenta les milieux politiques et littéraires et publia ses premiers poèmes. Après son service militaire, durant lequel il suivit des cours d’officier, il s’orienta vers le communisme. Il adhéra au Cercle d’études socialistes du Parti ouvrier belge où il militait dans la tendance favorable à la IIIe Internationale. Ch. Plisnier, qui le connaissait à cette époque, écrit : « Le socialisme, à ses yeux, sera ouvrier ou périra » ; il rappelle que « délaissant notre groupe d’intellectuels, [Habaru] consacra tout son temps, tous ses soins, toutes ses forces à un hebdomadaire que viennent de créer, au sein du Parti ouvrier belge, quelques jeunes révolutionnaires : L’Ouvrier Socialiste ». Augustin Habaru devint en 1924 rédacteur au quotidien communiste, Le Drapeau Rouge et correspondant de l’Humanité. En 1928, Henri Barbusse l’appela à la rédaction en chef de l’hebdomadaire Monde. Habaru se trouvait donc à Paris lorsqu’au congrès d’Anvers de décembre 1928 des militants du parti belge furent exclus pour hérésie trotskyste ; ainsi que le rappelle Ch. Plisnier (lui-même exclu du PCB en 1928), c’était un sympathisant des exclus. Habaru assurait au journal Monde l’essentiel du travail de rédaction avec quelques autres, Paul Louis, G. Altman, A. Rossi. Il s’intéressait particulièrement aux questions ouvrières et aux problèmes de la culture prolétarienne ; ce fut lui qui tira les conclusions de l’enquête de Monde sur la littérature prolétarienne en septembre 1928. Il défendait des thèses sur la littérature prolétarienne à l’opposé de celles qui étaient développées en URSS par la RAPP. Il appuya les déclarations de Panaït Istrati*, de retour d’URSS, sur le caractère officiel de la littérature prolétarienne en URSS en l’interrogeant dans Monde (2 mars 1929).

En 1929-1930, Augustin Habaru fut en correspondance avec le Bureau international de la littérature révolutionnaire sur les problèmes de la littérature prolétarienne en France et la constitution d’un groupe des écrivains prolétariens (voir ses lettres à Bela Illès dans Sur l’histoire de l’Union Internationale des Écrivains révolutionnaires, Moscou, 1969). Il rendit compte avec sympathie et quelques réserves du livre d’Henry Poulaille*, Nouvel âge littéraire (Monde, 9 août 1930). Après que furent connues les attaques de la Conférence de Kharkov contre Monde dont les rédacteurs avaient été traités de « bande d’écrivassiers bourgeois et social-fascistes » et contre H. Poulaille, Augustin Habaru prit la défense de H. Poulaille et du groupe « Nouvel Îge » (Monde, 26 mars 1932). Il salua dans Monde la naissance du groupe des Écrivains prolétariens fondé au début 1932 et signa le manifeste du groupe publié dans le premier numéro du Bulletin des Écrivains prolétariens. Il soutint les efforts de Marc Bernard* pour susciter des textes de littérature prolétarienne qui parurent dans Monde en avril et mai 1932. Il fit partie du comité de rédaction spécial, avec H. Poulaille, T. Rémy, M. Bernard, L. Gachon, E. Peisson et Ch. Plisnier qui publia dans Monde, à partir du 30 juillet 1932, des « Pages et documents de la vie populaire » rédigées par les écrivains prolétariens. Ayguesparse dira plus tard le rôle de médiateur qu’Habaru tint à cette date entre les écrivains prolétariens de France et de Belgique (Habaru traduisit du flamand L’Ouvrier de Stijn Streuvels qui parut en français aux éditions Valois en 1932).

Des divergences entre Henri Barbusse et les principaux rédacteurs de Monde au cours de l’année 1933, allaient entraîner au début 1934 le départ d’Habaru de l’hebdomadaire qui se rapprochait de plus en plus de la politique du PCF. Habaru assura pendant un an la page économique du Peuple dans laquelle se marqua son souci de la documentation abondante et précise. Puis il devint rédacteur d’un hebdomadaire radiophonique Les Trois grands de la Radio. Collaborateur du Progrès de Lyon, il était ramené en Belgique par la drôle de guerre ; il signait ses articles du pseudonyme de Georges Fleurigny. En 1940, devant l’avance allemande, il parvint à gagner Nîmes avec sa femme et sa fille. Il entra dans la Résistance et mena une action clandestine à Nîmes, Lyon, Chambéry. Il appartenait au réseau Reims, d’abord rattaché aux services belges puis à partir de juillet 1943 au BCRA via le réseau Gallia. Il fut arrêté le 30 mai 1944 comme une trentaine d’autres membres du réseau dont le responsable Willem Oreel. Il fut exécuté, avec neuf autres de ses camarades, à Arbin en Savoie, le 21 juin 1944.a

Augustin Habaru était père d’une fille, Annie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87234, notice HABARU Augustin [version Nicole Racine] par Nicole Racine, version mise en ligne le 3 avril 2010, dernière modification le 28 février 2019.

Par Nicole Racine

ŒUVRE CHOISIE : Poèmes, Bruxelles, Impr. Minerva, 1920, 12 p. — Douze poètes, Paris, Éditions Sociales Internationales, 1931, pp. 75-86. — Le Creusot, terre féodale. Schneider et les marchands de canons, Paris, Bruxelles, l’Eglantine, 1934, 243 p. — L’organisation internationale de la radiodiffusion, l’Églantine, 1934, 29 p. — Préface à L’Août de Stijn Streuvels, Stock, 1928, 161 p. — Traduction de L’Ouvrier de Stijn Streuvels, Libr. Valois, 1932, 128 p.

SOURCES : Vie et mort d’Augustin Habaru 1898-1944, Paris, « Pro Libros », 1947, 112 p. Dessins de Fr. Masereel, photos de Dorola. — Ch. Plisnier, « Vous souvenez-vous d’Augustin Habaru ? » Marginales, avril 1948, p. 81-88. — J.M. Culot, Bibliographie des écrivains français de Belgique 1881-1960, tome 3, Bruxelles, Palais des Académies, 1968, 309 p. — Iz Istorii Mezdunarodnogo Obedinienja Revoliucionnykh Pisatelj, Moskva, Izdatel’stvo Nauka, 1969, 680 p. (Histoire de l’Union internationale des écrivains révolutionnaires, Édition Nauka, 1969, 680 p. ; collection « L’héritage culturel », n° 81). — Archives de J. Humbert-Droz. Origines et débuts des partis communistes des pays latins 1919-1923. Textes établis et annotés par S. Bahne, Dordrecht, Reidel, 1970, 655 p. — G.M. Normand, H. Barbusse, « Monde » and the dimension of commitment, 1928-1935, Univ. of Kentucky, 1970, VII-289 p. Univ. Microfilms, Inc. Ann Arbor, Michigan, 1971. — L. Laurat, « Comment j’ai quitté « Monde », Est et Ouest, 16-30 septembre 1973, 30-31. — A. Ayguesparse, « Henri Poulaille et le groupe des écrivains prolétariens de Belgique », Marginales, sept-oct. 1973, p. 1-10. — Nicole Racine-Furlaud, « Les mouvements en faveur de la littérature prolétarienne en France : 1928-1934 », Entretiens, 33, 1974, p. 77-98. — Danielle Bonnaud-Lamotte, « Orientations culturelles de Monde (1928) d’après le lexique de la rédaction », Mots, n° 1, octobre 1980, p. 59-74. — « Vers une littérature nouvelle en 1929 : mots et concepts », id., n° 4, mars 1982, p. 47-67. — Jean-Pierre Morel, Le roman insupportable. L’Internationale littéraire et la France (1920-1932), Gallimard, 1986, 488 p. — Paul Aron, La littérature prolétarienne en Belgique francophone depuis 1990, Labor, Bruxelles, 1995, RGASPI, 495 270 6907, pas encore consulté.— Note de Jean-Pierre Besse.

ICONOGRAPHIE : Vie et Mort d’Augustin Habaru..., op. cit.

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