HUTIN Jacqueline [née ANTON Jacqueline]

Par Jocelyne George

Née le 30 octobre 1938 ; vendeuse en confection ; militante communiste et syndicaliste CGT ; membre de la commission exécutive de la fédération CGT des employés de 1963 à 1973 ; membre du bureau de la fédération du commerce de 1973 à 1978 ; secrétaire nationale de cette fédération de 1978 à 1992 ; secrétaire nationale de l’organisation de défense des consommateurs de la CGT INDECOSA de 1992 à 2002.

Joseph, le père de Jacqueline Hutin, d’origine espagnole, né en Algérie en 1900, était le fils d’un cultivateur ; il travailla d’abord la vigne puis il fut manœuvre dans le bâtiment et enfin ouvrier d’État dans l’armée jusqu’en 1958, année où il fut victime d’un accident mortel du travail ; révolté par l’injustice sociale, il était sensible aux idées de l’anarcho-syndicalisme et du communisme ; il ne savait pas lire mais achetait La Vie Ouvrière et l’Humanité-Dimanche que lui lisaient ses enfants. Son frère aîné qui était communiste, avait fait la guerre de 1914-1918, avait combattu pour la République espagnole ; les conversations entre les deux frères contribuèrent à l’éducation politique des enfants de Joseph Anton ; en 1935 celui-ci rencontra Marcelle Meusnier, née en 1900 au Pré-Saint-Gervais (Seine, Seine-Saint-Denis), une ouvrière en usine qui travailla dès l’âge de douze ans dans les usines d’armement. Ils eurent six enfants ; tous deux étaient athées, ils firent cependant baptiser leurs enfants mais il n’y avait aucune pratique religieuse dans la famille.

Son certificat d’études passé, Jacqueline obtint un CAP de couture et eut sa première embauche en 1955 ; fin 1957, elle entra dans une entreprise où elle apprit la vente : un tout autre métier qu’elle préféra et aima. À la mort de son père, ses employeurs lui firent une lettre de recommandation très chaleureuse pour Les Galeries Lafayette où elle fut embauchée en août 1958 et affectée comme vendeuse au rayon de confection pour dames ; elle y resta vingt et un ans.

À la fin de l’année 1958, elle rencontra son mari Hervé Hutin, ouvrier ajusteur électricien. Ils se marièrent en 1960 alors qu’il faisait un service militaire de 27 mois en Algérie. Leur fils Frédéric naquit en 1961.

C’est en 1958 que Jacqueline adhéra à l’Union des jeunes filles de France (UJFF) et en 1959 à la CGT : certaines vendeuses de son rayon qui avaient participé à l’occupation du magasin en 1936 et à la Résistance déterminèrent son adhésion au syndicat que suivit celle au Parti communiste en 1960. La cellule de l’entreprise était très active et les analyses qu’elle produisait sur la guerre d’Algérie et sur l’exploitation des salariés rencontraient son accord.

En 1961, les militants de la CGT lui proposèrent d’être candidate titulaire aux élections de délégués du personnel, elle fut élue, puis en 1963 au comité d’entreprise et à la commission exécutive du syndicat parisien des grands magasins et à celle de la fédération des employés à laquelle le commerce non alimentaire était rattaché.

En 1968, elle fut l’une des animatrices de la grève avec occupation des Galeries Lafayette : elle se souvient de ce mardi 21 mai où son syndicat avait appelé le personnel à se réunir à dix heures au pied du grand escalier ; à l’heure dite, avec Héléne Mabille, la secrétaire de la fédération des employés, elles gravissent cet escalier au sommet duquel les attendent les grands patrons et la direction ; des petits groupes de salariés s’étaient déjà formés mais quand elles prennent la parole, des centaines d’employés convergèrent des rayons, des services, des ateliers. Ce fut sans difficulté, malgré les exhortations patronales pour que « leurs enfants reprennent le travail » que la grève avec occupation fut votée, donnant le branle aux autres grands magasins parisiens. Jacqueline Hutin fut membre de la délégation qui négocia l’amélioration de la convention collective des grands magasins de la région parisienne, étendue en 1972 au plan national. Les négociations furent longues mais les patrons avaient perdu leur superbe et les acquis furent considérables.

Après 1968, elle devint membre du secrétariat du syndicat des grands magasins et des commerces multiples. Jusqu’à son départ des Galeries Lafayette en 1979, elle resta déléguée syndicale et secrétaire du syndicat de l’entreprise ; de 1970 à 1976 elle fut aussi secrétaire du comité d’entreprise. Lorsqu’en 1973 la fédération CGT de l’alimentation et celle des employés donnèrent naissance à la fédération du commerce, de la distribution et des services, elle en fut élue membre du bureau et en 1979 elle en devint la secrétaire générale jusqu’à son départ en retraite en 1992. Elle s’occupa en particulier des négociations collectives, du suivi des comités d’entreprise et du travail en direction des femmes travailleuses. Elle fut membre de la commission féminine de la CGT.

De 1992 à 2002, elle fut la secrétaire nationale d’Information défense consommateurs salariés (INDECOSA), organisation de défense des consommateurs de la CGT, et à ce titre elle siégea durant dix ans au Conseil national de la consommation où elle intervint sur d’importants dossiers comme l’eau, l’énergie, la sécurité alimentaire, le logement, la santé, etc., en liaison avec les fédérations de la CGT concernées.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87252, notice HUTIN Jacqueline [née ANTON Jacqueline] par Jocelyne George, version mise en ligne le 4 avril 2010, dernière modification le 8 septembre 2010.

Par Jocelyne George

SOURCES : Renseignements fournis par l’intéressée.

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