HAVARD Gaston, Henri, Jean

Par Jacques Girault, Jean-Marie Guillon

Né le 25 mars 1900 à Toul (Meurthe-et-Moselle), mort le 20 décembre 1997 à Serres (Hautes-Alpes) ; manœuvre, ingénieur en Chine puis dans la Drôme, adjoint des études à la direction des Travaux maritimes à l’Arsenal maritime de Toulon (Var) ; secrétaire de l’Union départementale du Var de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) ; résistant.

Fils d’un officier, Gaston Havard passait ses vacances aux Mayons (Var), chez son grand-père maternel, Jean Bordenave, ancien industriel toulonnais, propriétaire dans cette commune depuis 1872. Il commença ses études secondaires au lycée de Poitiers (Vienne), puis chez les Pères Maristes de La Seyne (Var) où il obtint le baccalauréat. En novembre 1918, il entra à l’Institut électrotechnique de Grenoble (Isère). Il dut interrompre sa scolarité en deuxième année pour faire son service militaire (mars-août 1920, dans un régiment de chasseurs d’Afrique à Constantine – Algérie – puis d’août 1920 à mars 1922, dans un régiment de tirailleurs tunisiens à Sousse).

Marié à Poitiers en octobre 1924, avec Yvonne Audoin (Poitiers, 4 juillet 1902-Gap, 8 décembre 1987), fille d’un professeur de la Faculté des Lettres de la ville, ils eurent sept enfants. Travaillant tour à tour comme manœuvre dans une entreprise marseillaise de maçonnerie, comme contremaître chef d’atelier à la Phocéenne des pétroles à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), il devint, en 1927, ingénieur chef du service des voies et lignes aériennes à la Compagnie française des tramways de Shangaï (Chine). Rentré en France en 1932, ingénieur géomètre aux Grands travaux de Marseille à Nyons (Drôme), puis à la Provençale des eaux au barrage de Carcès (Var), il devint, en 1935, adjoint des études à la direction des Travaux maritimes à l’Arsenal maritime de Toulon (Var).

Gaston Havard militait au sein du Parti démocrate populaire et de l’Union sociale des ingénieurs catholiques. Il participa, dans le courant de 1936, à la création de l’Union départementale du Var de la CFTC qui comprenait alors quatre syndicats : Arsenal maritime, employés de banque, employés de commerce et infirmières. Il devint le premier secrétaire de l’Union départementale et le demeura jusqu’à la guerre. Partisan de l’action commune avec la CGT, il reçut un blâme de la direction nationale à la suite d’une grève des employés de banque organisée par la CGT à laquelle il avait conseillé de s’associer. Il devait aussi protester auprès du préfet maritime après les sanctions contre les dirigeants du syndicat CGT de l’Arsenal après la grève du 30 novembre 1938.

Lecteur de L’Aube, comme Georges Bidault, Gaston Havard prit position contre les accords de Munich, symboles d’« une politique de faiblesse et d’abandon à l’égard de l’Hitlérisme et d’un Facisme insatiables », comme il devait l’écrire plus tard. Il devint responsable dans le Var des Nouvelles équipes françaises lancées par G. Bidault pour lutter contre le défaitisme, recrutant avant tout parmi les membres de la Jeunesse ouvrière chrétienne. Il se porta volontaire pour continuer la lutte en Afrique du Nord et s’embarqua avec d’autres cadres de la direction des Travaux maritimes pour Oran où il apprit la signature de l’armistice. Présent à Mers-el-Kébir, le 3 juillet 1940, lors du bombardement anglais, il fut rapatrié peu après à Toulon et affecté à la DGER avec le grade de commandant.

Pour pouvoir mener une activité résistante, Gaston Havard adhéra à la Légion française des combattants en tant que Volontaire de la Révolution nationale. Il participa au lancement de l’association des jardins ouvriers de Toulon et du Var dont il assurait la présidence en décembre 1940. Quand le gouvernement mit en place à la fin de 1940 les premiers jalons d’une organisation corporative à l’Arsenal, Havard proposa à son syndicat CFTC de l’Arsenal de se dissoudre.

Gaston Havard, aidé par son épouse, s’engagea alors dans la Résistance, devenant un des premiers initiateurs de l’esprit de résistance dans la région. Refusant les conséquences de l’armistice, avec plusieurs amis, souvent anciens syndicalistes de l’Arsenal, ouvriers ou cadres, il participa à la création localement de la branche « Marine » du réseau franco-polonais « Interallié » en septembre 1940 qui devait prendre le nom de réseau Azur F 2. Ce dernier, au début, avait un triple but : propagande, sabotage et renseignement. Devenant un des éléments d’un ensemble rayonnant sur toute la côte méditérranéenne de Sète à l’Italie, il se consacra uniquement aux renseignements. Gaston Havard, sous les pseudonymes de Hardi et de Foch, entretenait des relations avec des résistants locaux, dont Franck Arnal. Avec l’occupation de la zone Sud, les perspectives se modifièrent. Après l’arrestation en décembre 1942 de 27 Polonais, membres du réseau, celui-ci disparaissait. Par la suite, Gaston Havard participa à la mise en place d’un nouveau réseau en liaison avec Jean-Pierre Lévy, chef du réseau Franc-Tireur, et Poimbœuf, ancien dirigeant de la CFTC.

Inquiété à plusieurs reprises (janvier 1941, janvier 1942), Gaston Havard, qui centralisait, sous le pseudonyme de Foch, les renseignements émanant du Sud-Est, dut quitter Toulon en août 1943 à la suite de plusieurs arrestations parmi ses amis. Caché un temps à l’hôtellerie de la Sainte-Baume, propriété des Dominicains où Renée Folco, ancienne militante de la CFTC à Toulon, dirigeait une école hôtelière destinée à abriter des jeunes filles d’origine juive, il gagna par la suite Paris. Plusieurs tâches d’organisation du réseau de renseignements F 2, lui furent confiées, avec son épouse, dans le Nord-Est, puis à la tête du secteur Bretagne. Il refusa de rejoindre la Grande-Bretagne, tout en laissant croire qu’il était arrivé à Londres, en faisant diffuser un message radiophonique « L’homme à la pipe est arrivé. » Il passa en Espagne en mai 1944 pour rejoindre l’Algérie avec des Polonais. Ils arrivèrent à Alger le 13 juillet 1944.

Son ami Poimbœuf, membre du gouvernement provisoire, le fit entrer au ministère de l’Information. Rentré en France en octobre 1944, officier liquidateur de l’ensemble du réseau F2, Gaston Havard et sa famille restèrent en région parisienne. En 1954, il entra au bureau des Temps élémentaires comme ingénieur chargé de l’organisation et de la simplification du travail. Militant de la CFDT, retraité en 1965, il se retira avec son épouse dans les Hautes-Alpes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87327, notice HAVARD Gaston, Henri, Jean par Jacques Girault, Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 5 avril 2010, dernière modification le 18 août 2010.

Par Jacques Girault, Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. Nat., F7/13053. — Arch. Dép. Var, A M 42.2, 4 M 41.3, 4 M 50, 4 M 54, 16 M 19.4, 18 M 101, 3 Z 4.6. — Renseignements fournis par H. Grégoire, par la mairie des Mayons et par l’intéressé.— Etat civil.

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