GOUTMANN Marie-Thérèse [née MILHAU Marie-Thérèse, Louise]

Par Jacques Girault

Née le 29 août 1933 à Pontchartrain (Seine-et-Oise, Yvelines), morte le 29 septembre 2016 à Montpellier (Hérault) ; institutrice ; militante communiste de Seine-et-Oise, de Seine-Saint-Denis puis de l’Hérault ; maire de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), sénatrice (1968-1978) puis députée (1978-1981) de Seine-Saint-Denis, conseillère régionale.

Marie-Thérèse Goutmann en 1977, lors de son élection comme maire de Noisy-le-Grand
Marie-Thérèse Goutmann en 1977, lors de son élection comme maire de Noisy-le-Grand

Son père, Jean Milhau, artiste peintre, adhéra au Parti communiste en 1939, après la signature des accords de Munich. Résistant dans le Midi de la France, après la guerre, il dirigea la revue Arts de France lancée par le Parti communiste français, puis devint président de l’Union des arts plastiques. Sa mère, Antoinette Milhau, née Gillet, avocate puis haut fonctionnaire au ministère de la Défense, révoquée en 1940, réintégrée en 1944, devint membre du PCF en 1947 à la suite de l’éviction des ministres communistes tout en restant une catholique, croyante convaincue. Ils firent baptiser catholique leur fille.

Après avoir été élève en classes maternelles à Paris, Marie-Thérèse Milhau effectua sa scolarité primaire à Montpellier (Hérault), puis secondaire dans un lycée parisien. Bachelière, elle commença des études de médecine qu’elle abandonna après une première maternité. Elle épousa en mars 1953 à Paris (VIIe arr.), Emmanuel Goutmann*, étudiant, d’origine juive. Le couple eut trois enfants.

Avec son mari, Marie-Thérèse Goutmann commença des remplacements d’institutrice. Elle fut titularisée quatre ans plus tard. Institutrice à Gagny (Seine-et-Oise,Seine-Saint-Denis) en écoles primaire puis maternelle, puis à Montfermeil (Seine-et-Oise–Seine-Saint-Denis), elle y dirigea l’école maternelle des Coudreaux. Elle milita dans la tendance « Unité et Action » du Syndicat national des instituteurs tout en étant active à la Fédération des conseils de parents d’élèves. Après une longue interruption en raison de ses mandats parlementaires, elle obtint sa retraite professionnelle en 1984.

Marie-Thérèse Goutmann, membre du PCF depuis 1951, secrétaire d’une cellule en 1958 puis membre du secrétariat de la section communiste de Gagny, entra, en 1960, au comité de la fédération communiste de Seine-et-Oise, puis de Seine-et-Oise-Nord. Elle suivit les cours de l’école centrale du PCF d’un mois (juillet 1962) et les dirigeants envisagèrent qu’elle suive ceux de l’école de quatre mois, ce qu’elle fit par la suite. Quand la fédération communiste de Seine-Saint-Denis se constitua en 1966, membre du secrétariat de la section de Montfermeil à partir de 1967, elle resta membre de son comité fédéral, accéda à son bureau fédéral au début des années 1970, chargée de la commission de la culture. Elle était toujours membre du comité fédéral au début des années 1980, membre des commissions de l’enseignement, des intellectuels et de la culture. Sur décision du secrétariat du PCF du 27 septembre 1972, elle prit la responsabilité de la commission de l’Enfance auprès du comité central et la conserva jusqu’en juin 1975 après son élection comme présidente du groupe communiste au Sénat. Elle entra au comité central du PCF en 1973 et en resta membre jusqu’en 1990, responsable de la commission de l’enfance jusqu’en 1976 (en 1979, son livre Et l’enfant résuma le travail de cette commission) puis de la commission sur les handicaps de 1976 à 1988. Dans le cadre de la discussion au XXIIIe congrès, en 1976, lors de la conférence sur la morale, elle participa à la discussion, « en m’insurgeant contre toute idée de « morale nouvelle » suggérant une éventuelle morale communiste ». De 1988 à 1993, elle fit partie du collectif d’animation du Comité de défense des libertés et des droits de l’homme créé par Georges Marchais.

Marie-Thérèse Goutmann fut la suppléante du candidat communiste aux élections législatives de 1967 dans la 11e circonscription (Livry-Gargan, Le Raincy, Neuilly-Plaisance). Candidate en juin 1968, elle obtint 18 651 voix au premier tour et 28 800 voix au second tour, sans réunir toutes les voix de gauche.

Élue au Sénat, le 22 septembre 1968, réélue le 25 septembre 1977, Marie-Thérèse Goutmann, plus jeune sénateur, siégea dans les commissions des affaires étrangères, de la défense, des forces armées, puis dans la commission des affaires sociales et fut la présidente du groupe communiste de 1975 à 1978 après le décès de Jacques Duclos, première femme à devenir présidente d’un groupe parlementaire. Elle devint aussi la première femme à siéger à la Haute cour de justice.

Candidate aux élections législatives dans la 9e circonscription (Clichy-sous-Bois Gagny, Noisy-le-Grand, Le Raincy) en 1973, Marie-Thérèse Goutmann obtint 21 421 voix au premier tour sur 104 232 inscrits et fut devancée au deuxième tour avec 41 031 voix. Candidate à nouveau en 1978, sur 125 466 inscrits, après avoir obtenu 26 842 voix au premier tour, elle fut élue de justesse avec 50 743 voix (50,06 % des suffrages exprimés). Son élection ayant été invalidée par le Conseil constitutionnel, elle l’emporta à nouveau, lors du nouveau scrutin, le 23 juillet 1978. Vice-présidente de l’Assemblée nationale en 1979, membre de la commission des affaires étrangères, elle fut devancée par le candidat socialiste lors du scrutin de juin 1981.

Marie-Thérèse Goutmann siégea au Parlement européen, de 1974 à 1978, proposée par le groupe communiste au Sénat. Elle participa à la commission de rapprochement entre la Communauté économique européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.

Marie-Thérèse Goutmann, candidate au conseil général en 1967 dans le canton de Gagny, obtint 3 472 voix et échoua au deuxième tour avec 4 862 voix. En juin 1977, lors d’une élection partielle au Conseil général dans le canton de Noisy-le-Grand, elle fut battue en raison d’un report insuffisant des voix socialistes du premier tour, ce qui apparut aux commentateurs comme un accroc dans le climat d’unité qui régnait dans le département et qui expliquait de nombreux succès électoraux de la gauche. Entre 1986 et 1988, elle fut conseillère régionale d’Ile- de -France.

Marie-Thérèse Goutmann conduisit la liste de gauche aux élections municipales de Gagny en 1965. De 1970 à 1971, elle siégea au conseil municipal de Montfermeil à la suite d’une élection partielle. En 1977, aux élections municipales de Noisy-le-Grand où elle habitait depuis peu, elle fut élue maire à la tête d’une liste de rassemblement de la gauche, mais sans socialistes. En fin de mandat, sa liste fut battue par une liste de droite.

Contestant les interventions soviétiques en 1968 en Tchécoslovaquie, en 1981 en Afghanistan, Marie-Thérèse Goutmann, selon son témoignage, n’apprécia pas, en 1976, les termes de « bilan globalement positif ». Par la suite, « ce qui m’a fait le plus réagir, c’est à partir des années 1990 l’affaiblissement continuel du parti embourbé dans une fidélité mortifère au mode de fonctionnement vécu depuis 1920 même si déjà G. Marchais avait opéré des avancées significatives (abandon de la notion de dictature du prolétariat, de centralisme démocratique…). Je me suis sentie de plain-pied avec la proposition de Robert Hue de mutation du parti et je me suis désolée que celle-ci n’ait pas pu voir le jour à cause, entre autres, du réflexe identitaire de repli et de refus de tout changement d’un grand nombre de militants. J’ai très mal vécu la vindicte des camarades envers Robert après la défaite de 2001, le rendant responsable de cet échec. Depuis la direction du parti navigue à vue entre regard nostalgique sur le passé et crainte de tout bouleverser sans prendre son courage à deux mains et laisser dans le mécontentement les différents courants qui aujourd’hui s’expriment dans le parti ; aussi après l’échec de la candidature unique à la présidentielle en 2007 et la débâcle qui s’en est suivie lors du XXXIVe congrès, j’ai exprimé mes critiques, mes désaccords et apporté mon soutien à la liste alternative conduite par Marie-Pierre Vieu. Je suis plus que jamais membre du PCF et toujours résolue à ce qu’il se transforme. »

Marie-Thérèse Goutmann et son mari s’installèrent à Sète (Hérault),en 1995, où elle devint membre du secrétariat de la section communiste, principale responsable de 1998 à 2001. Depuis 1998, membre du comité et du bureau de la fédération communiste, elle fut responsable pendant quelques années de la formation des militants. Membre de l’Amicale des vétérans communistes tout en ayant abandonné ses responsabilités dans le groupe « trouvant leurs prises de position très passéistes », elle militait dans le collectif Mumia Abu Djamal, dans le « Réseau école sans frontières », dans le collectif des marins abandonnés. Depuis 2007, membre du collectif « Tous pour Sète » initié par François Liberti*, militante du Front de gauche, elle signa, en 2009, l’appel « Au nom des valeurs de la gauche » refusant de reconduire Georges Frêche à la tête de la liste de gauche pour les prochaines élections régionales en Languedoc-Roussillon. Elle était aussi déléguée départementale de l’Éducation nationale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87344, notice GOUTMANN Marie-Thérèse [née MILHAU Marie-Thérèse, Louise] par Jacques Girault , version mise en ligne le 5 avril 2010, dernière modification le 28 août 2022.

Par Jacques Girault

Marie-Thérèse Goutmann en 1977, lors de son élection comme maire de Noisy-le-Grand
Marie-Thérèse Goutmann en 1977, lors de son élection comme maire de Noisy-le-Grand

ŒUVRE : Et l’enfant ?, Paris, Éditions sociales, Notre Temps. Société, 1979. Participation à deux émissions de télévision « Les cadets de la politique » et « Une famille de communistes ».

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Divers sites Internet. — Renseignements fournis par l’intéressée.

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