HOUDEBINE Jean-Louis, Albert, Eugène

Par Jacques Girault

Né le 12 octobre 1934 à Angers (Maine-et-Loire), mort le 29 novembre 2015 à Paris (XXe arr.) ; professeur, écrivain ; militant communiste en Indre-et-Loire et dans la Vienne.

Fils d’un cadre dans une usine métallurgique, Jean-Louis Houdebine fit ses études secondaires à Angers puis suivit des études à la faculté des lettres de Poitiers (Vienne). Champion de judo et épris de jazz, il participa à ce qu’il appela plus tard « l’effervescence intellectuelle » des années 1960 à Poitiers, attiré avec d’autres jeunes intellectuels, par différentes expressions artistiques.

Il enseigna comme maître auxiliaire à Tours (Indre-et-Loire) de 1956 à 1959. Il se maria en juillet 1954 à Angers avec une institutrice. Le couple eut deux enfants et divorça.

Après avoir été reçu au CAPES de lettres, Jean-Louis Houdebine effectua son service militaire (novembre 1961- juin 1963) comme professeur de judo au prytanée militaire de La Flèche (Sarthe). Adhérent du Syndicat national de l’enseignement secondaire, il enseigna au collège de Montmorillon (Vienne) puis fut nommé professeur au lycée Camille Guérin à Poitiers. Il se remaria en février 1964 à Poitiers avec Anne-Marie Gravaud, professeure, une des responsables de la commission des intellectuels de la Fédération de la Vienne du Parti communiste français. Le couple eut un enfant puis divorça en 1997.

Jean-Louis Houdebine participait à une revue poétique Promesse, fondée en 1960 par Jean-Claude Valin, dont il devint, à partir de 1969, l’un des principaux animateurs. Il dirigea notamment en 1967 un numéro spécial sur Henri Michaux.

Membre du PCF depuis 1956, il milita dans la fédération communiste d’Indre-et-Loire. Il collabora avec Gérard Belloin au journal fédéral La Voix du Peuple. A Poitiers, il devint responsable de l’Université nouvelle créée en 1963, qui fonctionna jusqu’en 1969-1970. Il refusa en 1965 d’entrer au comité fédéral. Claude Prévost, responsable des intellectuels de la fédération, l’avait introduit parmi les collaborateurs de La Nouvelle Critique. Par la suite, leurs rapports se tendirent. Auteur de plusieurs articles sur la poésie dans cette revue, il participa aux réflexions de la commission centrale du PCF sur la culture. Parmi les intellectuels de la fédération, coexistaient des partisans des thèses de Roger Garaudy, alors professeur à la faculté des Lettres de Poitiers, et de celles de Louis Althusser. Parmi les proches de ces dernières, Houdebine était souvent considéré comme un adversaire du Parti communiste par les partisans des analyses de Garaudy. Les dirigeants de la fédération auraient désiré qu’il puisse se consacrer au projet d’organiser une semaine de la Pensée marxiste.

Jean-Louis Houdebine entretenait des relations avec le groupe de Tel Que et apparaissait comme un des collaborateurs de La Nouvelle Critique pouvant favoriser le dialogue avec cette revue. Il joua un rôle dans l’organisation des colloques de Cluny « Littérature et Linguistique » (avril 1968) et « Littérature et Idéologie » (avril 1970). Au moment de la rupture des relations entre Tel Quel et La Nouvelle Critique, soupçonné d’une attirance pour les analyses des communistes chinois, il constituait, pour les dirigeants communistes de la Vienne, un danger dans le cadre d’une « offensive du néo-maoïsme théorique », selon les termes d’un rapport de Paul Fromonteil à la direction du PCF en 1972, année où Houdebine quitta le PCF pour fonder avec d’autres jeunes intellectuels démissionnaires un Front politique de lutte idéologique d’inspiration maoïste, en étroite collaboration avec les écrivains de Tel Quel.

Jean-Louis Houdebine collaborait à Tel Quel. Il assura notamment la présentation et la traduction d’écrits de James Joyce dans un dossier « Joyce, obscénité et théologie » (1980). À la fin des années 1970, il participa à la parution de "Documents sur … l’art moderne et la littérature d’avant-garde" où il présenta un autre dossier sur Joyce en juin 1979. Il traduisit des œuvres d’écrivains anglo-saxons (dont Leo Steinberg) et allemands (dont Hölderlin) et publia un essai sur d’autres auteurs, Excès de langage.

Il devint en 1974 professeur au lycée Jacques Monod de Clamart (Hauts-de-Seine), où il enseigna jusqu’à sa retraite en 1995. Après avoir soutenu une thèse de Troisième cycle en sémiologie à l’EHESS en 1975, dans le cadre de l’UER « Sciences des textes et documents » de l’Université de Paris VII, sous la direction de Roland Barthes et de Algirdas, Julien Greimas, il fut chargé d’encadrer un séminaire de littérature de 1975 à 1998.

À son décès, Olivier Renault terminait son hommage publié dans Le Monde (11 décembre 2015) par cette phrase « Il avait choisi l’ombre ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87352, notice HOUDEBINE Jean-Louis, Albert, Eugène par Jacques Girault, version mise en ligne le 7 avril 2010, dernière modification le 12 octobre 2022.

Par Jacques Girault

Jean-Louis Houdebine
Jean-Louis Houdebine

ŒUVRE : Le fichier de la Bibliothèque nationale comprend 35 entrées (ouvrages, adaptations, traductions et préfaces) dont Langage et marxisme, Paris, Klincksieck, 1977 ; Excès de langages : Hölderlin, Joyce, Duns Scot, Hopkins, Cantor, Sollers, Denoël, 1984 ; Images de la France, Paris, Gründ, 1991 ; Éloge de Paris, Paris, Gründ, 2004.

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Presse nationale. — Philippe Forest, Histoire de Tel Quel, Seuil, 1995. — Frédérique Matonti, Intellectuels communistes. Essai sur l’obéissance politique La Nouvelle Critique (1967-1980), La Découverte, L’espace de l’histoire, 2005. — Elisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France, t. 2, Fayard, 1994. — Divers sites Internet. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Notes d’Alain Dalançon.

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