HÉNAFF Germaine [née CHAPLAIN Germaine]

Par Jean Maitron

Mariée à Eugène Hénaff ; apprentie couturière, titulaire du CAP puis petite, seconde, première main dans la Haute Couture ; syndiquée CGTU ; membre du PC à partir de 1934, résistante ; journaliste à Femmes Françaises et à la Vie ouvrière ; responsable de plusieurs organisations ouvrières.

Fille d’un ouvrier hautement qualifié (décoration en staff des plafonds de style), Germaine Chaplain était seconde d’une famille de huit enfants. Son père, d’idées socialisantes, passionné de sciences et d’astronomie, était adhérent du Syndicat des « sculpteurs ornemanistes ».

En 1926, âgée de quatorze ans, Germaine Chaplain entra comme apprentie dans la maison « Agnès Drecolle », place Vendôme (Ier arr.). Elle suivit des cours de formation professionnelle, obtint son CAP et fréquenta l’École supérieure de la Haute Couture parisienne puis franchit les échelons du métier : petite, seconde, première main. À plusieurs reprises au cours de ces années, elle fut amenée à changer d’employeur.

Révoltée par les conditions de travail et de salaires faites à ses compagnes, elle adhéra spontanément en 1934 au Syndicat de l’Habillement CGTU, milita clandestinement dans les ateliers et, avec deux amies, recréa le « Syndicat des Midinettes » qui, depuis plusieurs années, n’avait plus d’existence réelle. Elle en devint la secrétaire en même temps qu’elle était élue à la commission exécutive de la Fédération de l’Habillement.

En janvier 1935, Germaine Chaplain adhérait au Parti communiste et se livrait à une intense activité clandestine de propagande dans les milieux de la Haute Couture parisienne : rédaction et distribution de tracts, édition d’un journal d’entreprise de la Maison Lanvin (L’espoir de chez Lanvin) où une grève éclata au mois de mai, bientôt suivie par les midinettes de nombreuses maisons : Chanel, Worth, Paquin, Molyneux, Nina Ricci, etc. Dix mille filles défilèrent dans Paris qui participaient à ce mouvement très populaire. Des discussions s’engagèrent entre le syndicat et la Chambre patronale de la Haute Couture et maintes revendications furent satisfaites : garanties de salaires, reconnaissance des sections syndicales d’entreprises et des déléguées d’atelier, enfin une semaine de congés payés...

Du 24 au 27 septembre 1935 se tint à Issy-les-Moulineaux le VIIIe congrès de la CGTU et Germaine Chaplain y fut déléguée ; le congrès se prononça pour l’unité syndicale qui se réalisa à Toulouse, l’année suivante.

C’est au cours de ses activités syndicales que Germaine Chaplain fit connaissance d’Eugène Hénaff ; elle l’épousa en janvier 1936 et trois enfants naquirent de cette union : deux filles en 1937 et 1938 et un garçon en 1939.

De 1937 à la déclaration de guerre en 1939, Germaine Hénaff poursuivit son action militante : en mai 1937, elle entra à la rédaction de La Vie ouvrière pour y créer les pages féminines et pratiques.

À la déclaration de guerre, Eugène Hénaff fut mobilisé et Germaine Hénaff se rendit en Loire-Atlantique afin de mettre les enfants à l’abri. De retour à Paris, elle assura en 1940 les liaisons pour la CGT clandestine. L’année suivante, après l’évasion de son mari du camp de Châteaubriant, Germaine Hénaff échappa à l’arrestation et confia ses enfants à l’une des ses sœurs qui se réfugia avec eux en Bretagne dans le village natal d’Eugène Hénaff, Spézet. En septembre 1941, commença pour Germaine Hénaff le combat clandestin et elle se vit confier par la direction du PC le soin d’assurer la protection et les liaisons de son mari désigné à la direction de l’Organisation spéciale (OS) qui deviendra plus tard les FTPF. Devenue agent de liaison du Comité militaire national des FTP, elle eut la charge de transmettre les directives et le matériel clandestin aux différents responsables inter-régionaux des FTP, et elle assura la liaison avec les agents de la direction du Parti. Des arrestations nombreuses s’étant produites, un changement radical devint indispensable pour Germaine Hénaff et Eugène Hénaff et, en 1943, Eugène Hénaff dut partir pour Lyon pour assurer en zone sud la liaison clandestine de la CGT et des FTP en vue de la préparation de l’insurrection nationale.

Après la Libération, de retour à Paris, Germaine Hénaff devint membre du Comité national de l’Union des Femmes Françaises (UFF) et de la direction de son journal Femmes Françaises. Elle en fut nommée rédactrice en chef et elle participa à la création d’un nouveau mensuel Heures Claires.

Une grave maladie en 1946 obligea Germaine Hénaff à interrompre toute activité durant plusieurs années.

En 1951, Germaine Hénaff, guérie, se vit confier la responsabilité des rubriques féminines et pratiques de La Vie ouvrière, fonctions qu’elle avait déjà assumées en 1937. Membre du comité de rédaction de la revue, elle y poursuivit son action jusqu’à sa retraite en 1975.

Parallèlement à ses activités syndicales, Germaine Hénaff fut également membre actif de l’Association des anciens combattants de la Résistance (ANACR) créée après la Libération. Elle en fut élue en 1980 membre du bureau départemental de Seine-Saint-Denis puis du Conseil national. Après la disparition de son mari en 1966, Germaine Hénaff accepta de le remplacer à la direction de l’Amicale de Châteaubriant-Voves dont elle fut élue vice-présidente. Vétéran du PC, elle assuma de 1975 à 1984 la coordination des Amicales de vétérans de Seine-Saint-Denis.

Fin 1984, Germaine Hénaff quitta la région parisienne pour s’installer dans le Var à La Seyne-sur-Mer où elle continue à militer avec les organisations locales et départementales.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87395, notice HÉNAFF Germaine [née CHAPLAIN Germaine] par Jean Maitron, version mise en ligne le 8 avril 2010, dernière modification le 7 novembre 2018.

Par Jean Maitron

SOURCES : Renseignements communiqués par Germaine Hénaff à Jean Maitron. — Sylvie Deburaux, sa petite fille, a recueilli son témoignage en 2002 et travaille à un document biographique.

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