HAAS René

Par Françoise Olivier-Utard

Né le 2 septembre 1927 à Mulhouse (Haut-Rhin), mort le 6 février 2006 à Mulhouse ; ajusteur à la Manurhin ; syndicaliste CGT, militant communiste dans le Haut-Rhin ; secrétaire puis trésorier du CE de la Manurhin, membre du comité fédéral (1956) puis du bureau fédéral (1957-1962) du Parti communiste du Haut-Rhin.

Son père, Armand Haas, né en 1905 à Masevaux (Haute-Alsace annexée), mort en 1962 à Pfastatt (Haut-Rhin), était ouvrier dans une usine chimique de Dornach (Haut-Rhin). Il était syndiqué à la CGT. Il devint invalide en 1945, ayant perdu une jambe en marchant sur une mine au cours d’une opération de ravitaillement. Sa mère, Hildegard Hamann, née en 1905 à Basse-Yutz (Moselle annexée), morte en 1971 à Pfastatt, était ouvrière à l’usine textile SNIP. Le couple eut deux enfants. Les deux parents participèrent aux défilés du Front populaire. Ils étaient catholiques d’origine.

René alla à l’école de Pfastatt et entreprit, dans l’Alsace annexée de fait au Reich nazi, un apprentissage d’ajusteur à l’entreprise Manurhin devenue Sundgaumaschinenbau GMBH. Il partit au service du travail obligatoire du Reich (RAD) dans le dernier train qui emmenait la classe 1927, en 1943. Incorporé de force ensuite dans la Wehrmacht, il fut envoyé sur les fronts russe et tchèque. Il déserta avec deux camarades en mai 1945, fut libéré par les Russes et rentra à vélo depuis la Tchécoslovaquie jusqu’à Strasbourg.

Après son retour à Mulhouse, il rejoignit l’entreprise Manurhin, dans le secteur de la machine-outil. C’était une des plus grandes entreprises métallurgiques de la région, un bastion des luttes ouvrières. L’entreprise avait deux branches distinctes, celle de la fabrication de munitions (voir Paul Svec*) et celle de la machine-outil. La promotion de machines-outils françaises fut un objectif important de l’USTM mulhousienne. Responsable du syndicat CGT, René milita dans ce sens. En 1957, il fut menacé de licenciement par la direction avec deux autres camarades de la CGT, à la suite d’un article paru dans l’Humanité d’Alsace-Lorraine consacré à la situation de l’entreprise. L’intervention commune des délégués CGT et FO permit d’éviter cette injustice.

En 1963 s’ouvrirent des négociations avec la Chambre patronale des industries métallurgiques du Haut-Rhin. Un accord intervint le 13 juin qui modifiait la convention collective : 4 % d’augmentation et une semaine supplémentaire de congés payés. L’action paya : la CGT fit 63,32 % des voix en 1964. Mais l’emploi était constamment menacé. En 1966, un accord intervint entre la CGT et la jeune CFDT qui organisèrent une grève commune le 17 mai, pour la défense de la Sécurité sociale, l’emploi, les conditions de travail et les salaires. Une nouvelle grève eut lieu le 1er février 1967, en soutien à un syndicaliste CFDT menacé. Puis vinrent les luttes contre les ordonnances visant la Sécurité sociale. En 1968, la grève fut très suivie. Le 29 mai la Chambre patronale de la métallurgie du Haut-Rhin accorda une augmentation de 35 % des taux minima, 10 % d’augmentation générale des salaires, le paiement de 80 % des salaires perdus pour fait de grève, des congés d’ancienneté supplémentaires, en plus des avancées concernant la reconnaissance du syndicat dans l’entreprise. La section syndicale publiait un bulletin, Informanu.

René Haas avait été élu secrétaire du CE puis, en 1972, trésorier. Il mena la grande grève de 1982 contre la fermeture de l’entreprise mais, en 1983, la société passa sous le contrôle de Matra. Il y eut 820 licenciements et René fut mis en préretraite. Il continua à animer les groupes de retraités et à participer à toutes les manifestations.

Il avait adhéré au Parti communiste en 1953 et devint membre du comité fédéral du Haut-Rhin en 1956, puis membre du bureau fédéral de 1957 à 1961.

Il avait épousé Renée Richert en 1948, militante de l’UFF et communiste. Le couple eut cinq enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87409, notice HAAS René par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 9 avril 2010, dernière modification le 8 septembre 2010.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Léon Tinelli, Les métallos de la Manurhin, Institut CGT Alsace d’histoire sociale, 2003. — Entretien du 22 mars avec sa veuve.

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