HEYDT Robert [HEYDT Émile Antoine selon l’état civil]

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

Né le 17 juillet 1904 à Hilsenheim (Basse-Alsace, Alsace-Lorraine annexée), mort le 21 mars 1976 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; pâtissier, représentant puis journaliste dans le Bas-Rhin ; militant communiste ; secrétaire du sous rayon de Barr (Bas-Rhin) dans les années 1930, rédacteur à l’Humanité de Strasbourg de 1935 à 1939 ; interné de 1942 à 1944 ; adjoint au maire de Barr en 1945 ; journaliste à l’Humanité d’Alsace et de Lorraine à partir de 1945.

Un de ses frères, engagé volontaire dans l’armée française à l’âge de quatorze ans, fut tué en Champagne en 1917. Après le retour de l’Alsace à la France, lui-même, après un apprentissage dans la pâtisserie à Barr, s’engagea dans les troupes d’occupation en Rhénanie. Il reprit ensuite le métier de pâtissier à Barr et adhéra au Parti communiste. Il travailla ensuite dans une chocolaterie de Strasbourg d’où il fut licencié pour avoir porté la bannière des travailleurs de l’alimentation lors d’un défilé du 1er mai. Il travailla ensuite au Port du Rhin de Strasbourg, dans la même entreprise que Xavier Sieffert*.

En 1930, il était l’un des dirigeants du sous–rayon de Strasbourg du PC « orthodoxe ». En 1932, il était secrétaire du sous-rayon de Barr qui comptait alors 12 membres. En avril 1935, il fit partie d’une délégation française venue à Berlin pour demander la libération du leader communiste allemand Ernst Thaelmann emprisonné depuis le 3 mars 1933. Après des négociations sans résultat avec Goebbels et Himmler, le groupe fut expulsé. De 1935 à 1939, Heydt fut rédacteur à l’Humanité en langue allemande à Strasbourg, tout en restant domicilié à Barr où il fut élu conseiller municipal en 1935. Le sous-préfet de Sélestat attribuait en avril 1936 le gain communiste de 207 voix au premier tour des législatives à l’efficacité de sa propagande. Mobilisé en 1939-1940, il resta en Alsace après l’annexion nazie et travailla comme terrassier. Robert Heydt fut arrêté le 13 juillet 1942 par la Gestapo en raison de son appartenance au PC avant-guerre. Interné le jour même au camp de « rééducation » de Schirmeck (Bas-Rhin) sous le matricule 496, il fut libéré le 18 octobre 1944. Il y était devenu « doyen de baraque », ce qui provoqua une polémique en 1945 de la part de ses adversaires du MRP. En août 1944, après 27 mois d’internement, il perdit la vue et fut transféré à l’hôpital civil de Strasbourg.

Après la Libération, il fut adjoint au maire de Barr et membre de la commission d’enquête et de criblage de l’arrondissement de Sélestat : le 14 juin 1946, il provoqua un esclandre à la mairie de Barr pour protester contre le maintien à son poste du secrétaire général, frappé d’indignité nationale et interdit de séjour dans le département. Revenu à l’Humanité d’Alsace et de Lorraine, il dénonça « l’anticommunisme antifrançais » et attaqua « les mauvais bergers », Michel Walter et Henri Meck*, députés cléricaux d’avant-guerre. Le 8 décembre 1945, il fut élu secrétaire adjoint de la section du Bas-Rhin de la Fédération nationale des déportés et internés politiques ; il était également président de l’Amicale des anciens internés politiques du camp de Schirmeck – Struthof . Il fut pendant quelques mois, en 1947, rédacteur du quotidien communiste l’Humanité d’Alsace et de Lorraine. En février 1947, il fut candidat à l’élection cantonale partielle de Marckolsheim (Bas-Rhin).
Il était médaille de la Résistance.
Il s’était marié et avait eu trois filles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87413, notice HEYDT Robert [HEYDT Émile Antoine selon l'état civil] par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss, version mise en ligne le 9 avril 2010, dernière modification le 21 octobre 2020.

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

ŒUVRE : "Als wir versuchten Ernst Thälmann zu sehen. Ein Reisebericht" [Quand nous tentâmes de voir Ernst Thälmann. Un récit de voyage], l’Humanité, Strasbourg, 9 juin 1935 et jours suivants. — "Erinnerungen eines Elsässers an Jacques Duclos" [Souvenirs d’un Alsacien sur Jacques Duclos], l’Humanité-7 jours, Strasbourg, 9 mai 1975.

SOURCES : Arch. Nat. F7 13130. — Arch. Dép. Bas-Rhin, 102 AL 47, 286 D 348, 544 D 1. — Archives du monde combattant : Fichier original d’habillement du camp de Schirmeck ; dossier statut de Déporté politique de Robert Heydt. — L’Humanité d’Alsace et de Lorraine, 27 avril, 1er mai, 12 juillet 1945. —La Presse libre, Strasbourg, 6 janvier et 21 juin 1946. — Dernières Nouvelles d’Alsace, 17 juillet 1974. — L’Humanité 7 jours, Strasbourg, 12 juillet 1974, 13 février 1976, 26 mars 1976. — DBMOF, 31, p. 351. — Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, fascicule n° 16, p. 1577.

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