HÉLIÈS Louis

Par Jean Gaumont, Claude Pennetier, Justinien Raymond

Né et mort à Paris, 1er novembre 1872-10 juillet 1932 ; ouvrier mécanicien devenu employé de coopérative, puis industriel quincaillier ; militant socialiste et coopérateur ; député de l’Indre.

Louis Héliès perdit sa mère en 1874 puis son père et sa belle-mère (originaire de l’Indre) en 1889. Son oncle paternel était mort en participant à la Commune de Paris. Louis fit son apprentissage chez un mécanicien parisien républicain convaincu qui eut une grande influence sur l’adolescent.

Louis Héliès se donna au mouvement ouvrier sous toutes ses formes. En 1890, il adhéra à l’Union corporative des ouvriers mécaniciens de la Seine. Ayant pris une part active à la lutte contre le boulangisme, il entra au POSR, lui resta fidèle et, avec lui, se rallia à l’unité, en 1905. Il était alors, depuis sa fondation par Jean Jaurès, membre du conseil d’administration de l’Humanité. Membre suppléant de la CAP de la SFIO du congrès de Limoges (1906) au congrès de Nancy (1907), il y fut élu membre titulaire en 1910 et y siègea pendant plusieurs années. Il appartenait à la 20e section socialiste de la Seine. Cependant, dans les congrès d’avant-guerre, il représenta des Fédérations de province : l’Ain à Limoges (1906), Toulouse (1908), Saint-Étienne (1909), Nîmes (février 1910), Paris (juillet 1910), Saint-Quentin (1911), le Cher à Lyon (1912) et la Charente à Amiens (1914).

Tout jeune, Louis Héliès entra à « la Bellevilloise », coopérative ouvrière qui portait le nom de son quartier. Fondée en 1877, après des débuts modestes, elle connut un magnifique essor pendant une vingtaine d’années et allait sombrer sous une administration malhonnête quand elle fut sauvée par une poignée de ses adhérents, socialistes, groupés dans le Cercle des coopérateurs du XXe pour la création d’œuvres sociales. Louis Héliès conduisit ses adhérents à l’attaque d’administrateurs vénaux à l’assemblée générale du 27 avril 1902, et réussit à les déloger. Il appartint désormais à l’administration de cette société coopérative, y acquit une compétence commerciale que le mouvement coopératif mit bientôt à contribution. En 1902, il représenta la coopération française au congrès international de Manchester (Angleterre) et fut élu membre du Bureau international de la coopération. Il participa ensuite à tous les congrès internationaux.

Louis Héliès avait préconisé la création d’un magasin central de ravitaillement des coopératives. Le congrès de Nantes en décida ainsi en 1905. Une assemblée constitutive tenue en septembre 1906 au siège de « La Prolétarienne du XVIIIe arr. » fonda le Magasin de Gros des coopératives. La direction en fut confiée à Louis Héliès dont l’expérience personnelle s’était enrichie des leçons de l’étranger, notamment de l’Angleterre. Il assuma seul cette fonction jusqu’en 1912. Alors, l’accroissement de l’affaire exigeant la spécialisation des tâches, il ne garda que la direction générale et l’alimentation, des directions particulières le déchargeant d’une partie de son labeur. Membre de la Bourse des coopératives socialistes, Louis Héliès compta, en 1912, parmi les sept délégués de cet organisme, chargés de rédiger le Pacte d’unité.

Louis Héliès n’abandonna pas cependant l’action socialiste et s’attacha au département de l’Indre. En 1914, candidat aux élections législatives dans l’arr. d’Issoudun, il obtint 5 128 voix et échoua au second tour.

Mobilisé comme officier pendant la Première Guerre mondiale, il approuva la politique d’Union sacrée. Il quitta rapidement son régiment d’artillerie lourde pour devenir un des collaborateurs d’Albert Thomas au ministère de l’Armement.

Aux élections législatives du 16 novembre 1919, second sur la liste de trois candidats socialistes, il réunit le plus grand nombre de voix, 11 511 sur 66 446 votants et une moyenne socialiste de 10 800. Aux élections municipales du 30 novembre, il conduisit au succès, au premier tour, la liste socialiste à Issoudun et devint maire de la ville. Mais le 14 décembre, il échoua au conseil général dans le canton de Vatan, comme il échoua aux élections sénatoriales de janvier 1920. Le 3 mai 1925, battu aux élections municipales, il perdit l’écharpe de maire.

Louis Héliès fut élu député socialiste, le 11 mai 1924 sur la liste du Cartel des gauches, avec 31 149 voix sur 70 880 votants. Il participa aux commissions parlementaires suivantes : aéronautique, comptes définitifs, travaux publics, moyens de communications et commission des marchés. Il prit une part active aux débats budgétaires pour les exercices 1927 et 1928, en défendant les intérêts de son département. Il demanda en particulier des crédits pour la reconstruction du collège d’Issoudun détruit par un incendie. Le 22 avril 1928, avec 1 881 voix, il fut devancé par le candidat communiste Louis Aurin dans la circonscription d’Issoudun. En raison d’un accord discret entre la Fédération socialiste de l’Indre et le rayon communiste, il se désista en faveur d’Aurin et assura son élection. Le Parti communiste contraignit ce dernier à démissionner pour non-application de la tactique électorale « classe contre classe ». Louis Héliès recueillit 20,4 % des voix des électeurs inscrits à l’élection partielle du 30 septembre 1928. Il devançait le communiste Maurice Galatoire et fut élu au second tour, le 7 octobre, avec 34,5 % des voix. À la Chambre des députés, il siègea à la commission de l’agriculture. Outre plusieurs interventions dans les discussions budgétaires, sur la loi de Finances (12 décembre 1928) et le budget de l’agriculture (6 décembre 1929), il participa au débat sur les Assurances sociales (22 avril 1930).

De nombreux socialistes de l’Indre faisaient des réserves sur les capacités politiques et administratives de Louis Héliès. La fédération socialiste SFIO lui refusa l’investiture pour les élections législatives du 1er mai 1932 mais il décida de se présenter comme socialiste indépendant ; il n’obtint que 11,1 % des voix des électeurs inscrits. Le socialiste-communiste François Chasseigne fut élu au second tour. Louis Héliès mourut trois mois plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87417, notice HÉLIÈS Louis par Jean Gaumont, Claude Pennetier, Justinien Raymond, version mise en ligne le 10 avril 2010, dernière modification le 8 octobre 2018.

Par Jean Gaumont, Claude Pennetier, Justinien Raymond

ŒUVRE : Louis Héliès a collaboré à l’Humanité (chronique coopérative) et au Populaire ainsi qu’à La Revue socialiste (15 octobre 1912). Il fut directeur politique et gérant de l’Effort du Berry en 1928-1929. Il a écrit une monographie sur la coopérative « la Bellevilloise » dont nous n’avons pas retrouvé trace (publiée à Puteaux en 1912).

SOURCES : Arch. Dép. Indre, 3 M 1 419 et 1 M 965. — Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Brochure électorale de 1928, 20 p. — Le Progrès social, 1919. — L’Effort du Berry, 1928-1929. — P. Brizon et E. Poisson : La Coopération, in Encyclopédie socialiste syndicale et coopérative publiée sous la direction de Compère-Morel, Paris, 1913, 596 p. (pp. 321-364, passim). — Le Coopérateur de France. 23 juillet 1932. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 211-212. — J. Gaumont, Le 50e anniversaire de la FNCC, Paris, 1963, 96 p.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 211. — J. Gaumont, Histoire de la coopération, op. cit., t. II. — Brizon et Poisson, op. cit., p. 322.

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