HENRIET Arthur [HENRIET Paul, Arthur]

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 23 mars 1866 à Senuc (Ardennes), mort le 2 juillet 1954 à Jouarre (Seine-et-Marne) ; artisan vannier ; anarchiste ; socialiste, puis communiste ; syndicaliste ; coopérateur ; député de Paris pendant une législature (1924-1928).

En 1893, Arthur Henriet fonda le groupe anarchiste « Les Libertaires ardennais » ; le 8 juin, il était condamné à deux jours de prison pour avoir proféré, le 26 avril, des « outrages à agents ».

Peu après, il vint s’installer à Paris, semble-t-il, puisque, en 1895, administrateur de la société « La Prévoyance » du Pré-Saint-Gervais, qui groupait alors plus de cinq cents familles, il fut délégué, à Paris, au congrès des coopératives où fut créée la Bourse des coopératives socialistes (BCS). Il prit plusieurs fois la parole au cours de ce congrès qui consacra le schisme de la coopération française. Il fut l’un des délégués suppléants de la nouvelle Bourse au comité général des organisations socialistes françaises du 7 octobre 1900. Il adhéra, en 1902, dans le XXe arrondissement de Paris. Son nom apparut souvent désormais dans l’action coopérative socialiste, surtout après son élection comme administrateur de la grande coopérative du XXe arr., « La Bellevilloise ». C’est à ce titre qu’il fut, en 1906, l’un des fondateurs et l’un des premiers administrateurs du Magasin de Gros des coopératives de France. Son rôle devint peu à peu prépondérant au conseil de la Bourse des coopératives socialistes où ses interventions et ses propositions furent fréquentes. Il était l’un des orateurs connus des coopérateurs parisiens, et son autorité s’affirma dans les congrès de la BCS, par exemple, en 1909, à Monthermé, dans les Ardennes, son pays d’origine, où il présida l’une des séances et où il participa à la discussion sur les relations commerciales des sociétés de consommation avec les coopératives viticoles. Auteur d’un projet de réorganisation de la Bourse sur des bases fédéralistes qui fut discuté à ce moment et finalement approuvé au moins dans son esprit et dans ses grandes lignes, Arthur Henriet se prononça aussi pour une évolution, dans le sens syndicaliste, de la nouvelle organisation prévue. C’est seulement un an plus tard, en 1910, au retour du congrès international de Hambourg où il fut délégué de la BCS, et où avait triomphé la tendance à l’autonomie et à l’indépendance de la coopération, qu’il devint l’un des plus ardents à préconiser l’unité du mouvement. Il écrivit alors une brochure et de nombreux articles dans diverses publications. Membre du Comité confédéral au titre de la Fédération coopérative parisienne, il apparaît comme un des artisans de l’unité coopérative. Des polémiques violentes avec ses anciens camarades de la Bellevilloise demeurés fidèles à la conception politique de la Bourse des coopératives socialistes lui valurent une certaine disgrâce dans le mouvement coopératif parisien.

Arthur Henriet se retira près de la Ferté-sous-Jouarre où il resta pendant toute la guerre de 1914-1918. Après la guerre, partisan du régime qui venait de s’instaurer en Russie, il reprit la place importante qu’il avait occupée quelques années auparavant, adoptant la position qu’il avait combattue en 1910-1912 et se prononçant en faveur de relations étroites avec le Parti communiste au Comité directeur auquel il avait été élu par le IIe congrès (Paris, 15-20 octobre 1922). C’est en 1920 qu’il devint administrateur de « La Famille nouvelle », coopérative de restaurants ouvriers fondée en mai 1900 par un groupe d’ouvriers du syndicat de la Voiture.

À tous les congrès nationaux de la coopération de 1919 à 1925, Arthur Henriet représenta la minorité révolutionnaire. L’Humanité du 22 mai 1922 rappelait qu’il avait participé avec Georges Marrane et Georges Leroy à la création du Comité des coopératives communistes (en novembre 1920). En 1925, il était gérant du Coopérateur, « Organe mensuel de la Fédération nationale des cercles de coopérateurs révolutionnaires ». En novembre 1922, il se rendit à Moscou où il assista au congrès international des coopérateurs communistes et fit partie de la délégation française au IVe congrès de l’Internationale communiste. Son nom n’apparaît pas dans la liste du Comité directeur provisoire du Parti communiste français établi par ce congrès, ni dans celle de la conférence nationale de Boulogne-sur-Seine (21 janvier 1923).

Arthur Henriet fut élu député communiste de la 2e circonscription de la Seine le 11 mai 1924, par 40 805 voix sur 197 144 inscrits (20,7 %) et 171 927 votants (23,7 %). Il était second de la liste derrière Jean Garchery. Membre des commissions de l’agriculture, des assurances et de la prévoyance sociale, des douanes et conventions commerciales, il intervint fréquemment en particulier sur les problèmes d’Afrique du nord : irrégularités constatées lors des élections municipales d’Alger en 1925 et guerre du Rif. Le Parti communiste l’avait envoyé en Algérie fin août 1925 pour faire une tournée de propagande contre la guerre du Maroc. Il fut arrêté à Alger en septembre 1925 et écroué pendant quelques jours, puis transféré à Oran où il fut mis en liberté. En juillet 1927, le groupe parlementaire communiste le chargea d’enquêter sur les incidents de la prison Maritime de Toulon. Il se rendit sur place mais le préfet refusa de le recevoir.

Arthur Henriet fut un des signataires, en octobre 1925, de la lettre au comité exécutif de l’Internationale communiste, dite Lettre des 250, qui critiquait les méthodes et les décisions de la direction du Parti communiste français (voir Loriot). Cette prise de position contribua à sa mise à l’écart des instances dirigeantes.
Il participa en juin 1926 au congrès de Lille qui ne l’élut à aucune fonction. L’Avenir du 11 avril 1928 annonça la candidature du communiste Arthur Henriet dans la 2e circonscription de Meaux (Seine-et-Marne) mais André Bolze fut finalement le porte-drapeau du PC et Henriet ne se présenta nulle part. Il alla exercer son métier de vannier à Jouarre, en Seine-et-Marne.

Un Henriet — vraisemblablement le même — fut délégué le 18 janvier 1925 au congrès de Clichy où naquit le Conseil paysan français. Il entra au bureau « à titre consultatif ».

Arthur Henriet était marié et père de trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87422, notice HENRIET Arthur [HENRIET Paul, Arthur] par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 10 avril 2010, dernière modification le 3 mai 2020.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

ŒUVRE : Coopération et communisme. Rapport du délégué de « la Famille nouvelle » au congrès de Strasbourg, 1920, Paris, édité par « la Famille nouvelle », s.d. (1920), 16 pages (Institut d’histoire sociale).

SOURCES : Arch. Nat., F7/13090, F7/13091. — Arch. Dép. Var, 4 M 46. — I.M.Th., bobines 85, 87, 111 et 120. — Arch. Jean Maitron (Batal). — L’Humanité, 27 janvier 1921, 22 mai 1922, 21 octobre 1922, 21 janvier 1925, 24 janvier 1925. — Le Journal, 13 septembre 1925. — L’Écho d’Alger, 18 septembre 1925. — L’Avenir, 11 avril 1928. — Entre nous, décembre 1936. — J. Gaumont, Histoire de la coopération en France, op. cit., t. II. — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires. — État civil de Senuc (Ardennes). — Notes de Jacques Girault, de J. Gaumont et de J. Chuzeville.

ICONPGRAPHIE : L’Humanité, lors de son arrestation à Alger en septembre 1925.

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