HENRIPRÉ Jules [HENRIPRÉ Victor, Jules]

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

Né le 15 juin 1853 à Wazemmes, commune de Lille (Nord), mort le 24 octobre 1934 à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) ; mécanicien-ajusteur ; militant socialiste, communiste, socialiste-communiste, puis socialiste de Boulogne-sur-Seine ; maire-adjoint de Boulogne et même maire pendant la révocation de Morizet (1922-1923).

Son père Victor, Auguste Henripré, dit Beaupré, originaire de Wazemmes, déclarait la profession d’ébéniste et sa mère, native de Loos, celle de repasseuse. Jules Henripré fit cinq ans de service militaire, à l’issue duquel il s’installa à Boulogne-sur-Seine où il fut un des « pionniers du mouvement ouvrier ». Créateur et secrétaire de la Bourse du Travail locale en 1892, Auguste Henripré resta, dans les mémoires, « celui qui, aux côtés de Fernand Pelloutier, fonda les Bourses du Travail et qui fut l’animateur du mouvement ouvrier dans notre banlieue » (L’Émancipation, 15 décembre 1931). Il représenta le syndicat des maçons de Boulogne au congrès de la salle Japy (1899).

Auguste Henripré fut le premier élu socialiste de la ville : entré au conseil d’arrondissement dès 1896, réélu en 1902, il présida l’assemblée de l’arrondissement de Saint-Denis. C’est lui qui représenta le Parti socialiste dans la 5e circonscription de Saint-Denis aux élections législatives de mai 1906 (3 820 voix sur 16 000 votants) et d’avril 1910, mais, en avril 1914 l’idée d’une nouvelle candidature Auguste Henripré fut écartée ; la section socialiste chercha un candidat jeune, bon orateur ; André Morizet, rédacteur à l’Humanité fut choisi. Celui-ci sut garder de bons rapports avec le « vieux militant ».

Conseiller municipal de la deuxième section de Boulogne (Billancourt) depuis mai 1904, réélu en 1908, il démissionna le 25 juillet 1910 et reprit place au conseil lors des élections complémentaires du 16 octobre 1910. Battu en 1912, il reconquit son siège en première position de la liste socialiste de la première section (Boulogne-Centre) le 7 décembre 1919. L’assemblée communale le désigna comme premier adjoint. Lorsque André Morizet fut suspendu pour avoir refusé de participer à la revue du 14 juillet 1922, Auguste Henripré devint maire par vingt voix sur vingt et un votants et trente-quatre inscrits. Il démissionna le 21 juillet 1923 lorsque Morizet fut à nouveau rééligible et resta premier adjoint.

Auguste Henripré avait suivi l’itinéraire politique du maire : adhésion d’abord au Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920), puis en 1923, à l’Union socialiste-communiste avant de rejoindre le Parti socialiste SFIO en 1928.

En dépit de son âge, il resta premier adjoint lors des scrutins du 10 mai 1925 et du 12 mai 1929. Les électeurs l’avaient chaque fois élu en première position de la liste. En juin 1929, ses délégations concernaient : « Assistance et Prévoyance. Syndicats. Retraites ouvrières. Statistiques. Affaires militaires. État civil ». Le Parti socialiste SFIO le présenta aux élections du conseil général les 27 janvier et 3 février 1929, dans la 1re circonscription de Boulogne ; il recueillit 1 902 et 2 403 voix sur 9 150. Sa longévité politique lui valut, en décembre 1931, les honneurs réservés au « vénéré doyen ». La section socialiste et la municipalité organisèrent un « grand banquet populaire », le 13 décembre, pour fêter (avec dix-huit mois d’avance) ses quatre-vingts ans. Auguste Henripré cessa alors ses activités : son siège au conseil était vacant en avril 1932, vraisemblablement en raison d’une démission pour raison de santé. On ne le rencontre plus qu’à la fonction honorifique de président de la fanfare « la Boulonnaise » en 1933. Ses obsèques, le 27 octobre 1934, furent l’occasion d’un premier rapprochement entre socialistes et communistes : après Lagorgette au nom de la section socialiste et Morizet au nom de la municipalité, Soutan, représentant de la section communiste, salua le « vieux militant ».

Selon son acte de naissance et son acte de mariage, il ne se maria qu’une fois, à soixante-douze ans, le 8 juillet 1925 à Issy-les-Moulineaux (Seine). Le compte rendu de ses obsèques signale cependant la présence d’une fille mariée. Il pourrait s’agir de la fille de sa femme. Il vivait seul au recensement de 1921 et avec son épouse à celui de 1931.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87425, notice HENRIPRÉ Jules [HENRIPRÉ Victor, Jules] par Claude Pennetier, Justinien Raymond, version mise en ligne le 10 avril 2010, dernière modification le 11 mai 2017.

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; versement 10451/76/1 ; listes électorales et nominatives. — Arch. PPo. 393. — Arch. Com. Boulogne-Billancourt, dossiers divers et correspondance de Morizet. — L’Humanité, 11 décembre 1919. — L’Émancipation, 15 décembre 1931, 14 janvier 1933 et 11 février 1933. — La Tribune républicaine, 1er novembre 1934. — Compte rendu du congrès de la Salle Japy. — J. Raymond, « André Morizet », dans L’Actualité de l’Histoire, n° 32, 1960, p. 7. — Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, t. 13, notice rédigée par Justinien Raymond. — État civil de Lille et d’Issy-les-Moulineaux et Boulogne-Billancourt. — Renseignements recueillis par Michèle Rault et Nathalie Viet-Depaule.

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