HÉRAT Jean, René

Par Jacques Girault

Né le 24 octobre 1909 à Saint-Étienne-lès-Remiremont (Vosges), mort le 2 décembre 1974 à Toulon (Var) ; garçon de café ; employé ; militant communiste, syndicaliste, secrétaire de l’Union départementale CGT du Var (1938-1939, 1944-vers 1950).

Jean Hérat ne reçut aucun sacrement religieux. Ses parents, d’opinions communistes, divorcèrent. Il obtint le Certificat d’études et, avec sa mère, ses deux frères, vécut dans la brasserie qu’elle tenait à Charleville (Ardennes), puis dans différentes villes du Midi de la France où elle tenait des hôtels. Jean Hérat, garçon de café, effectua son service militaire dans les Chasseurs alpins à Antibes (Alpes-Maritimes). Marié uniquement civilement à Nancy (Meurthe-et-Moselle) en décembre 1933, il tint, avec son épouse, un commerce à Baccarat (Meurthe-et-Moselle) puis vint à Sanary (Var), en 1936, rejoindre sa mère qui gérait un hôtel. Finalement, il devint garçon de café à Toulon. Il habitait alors le quartier du Pont du Las ; sa femme travaillait comme caissière dans un cinéma. Ils avaient une fille.

Jean Hérat avait adhéré très jeune au Parti communiste. Il fut un des fondateurs de la cellule communiste des employés d’hôtels et de cafés à Toulon et devint secrétaire du syndicat des Hôtels, cafés et restaurants dans le courant de 1936. À ce titre, il fit partie en novembre-décembre 1936 de la délégation du syndicat qui discuta avec les patrons de Toulon et du Var. Lors du congrès de l’Union départementale CGT, les 23 et 24 juillet 1938, il fut désigné comme secrétaire administratif de l’UD. Il n’était pas rémunéré pour ses fonctions. Délégué titulaire, à partir de juin 1938, à la commission départementale paritaire de conciliation, il écrivit plusieurs articles dans la presse communiste pendant l’été 1938 pour la défense des quarante heures. Le 23 juillet 1939, il devint secrétaire adjoint de l’UD et fut, au début de la guerre, déchu de toutes ses responsabilités syndicales et officielles (par exemple de la Commission départementale de l’Enseignement technique).

Selon la police, le député communiste Bartolini aurait obtenu sa nomination comme ouvrier aux écritures à l’Arsenal maritime. Selon son témoignage, il aurait réussi l’essai mais n’aurait jamais pris cet emploi.

Au début de la guerre, Jean Hérat fut mobilisé dans l’infanterie à Hyères, puis affecté à Toulon. Il aurait fait, selon la préfecture, en septembre 1940, une déclaration se désolidarisant du Parti communiste. Mis en résidence surveillée, il travaillait comme employé de cantine à l’Arsenal et participa à de nombreuses actions de sabotage.

Dirigeant du syndicat clandestin, Jean Hérat fit partie du bureau provisoire de l’UD. Secrétaire adjoint de l’UD en juin 1944, il lança un appel à la syndicalisation, dès la Libération, dans le premier numéro du Var libre, le 29 août 1944. Secrétaire administratif de l’UD, rédacteur en chef du Var syndicaliste, il multiplia les articles dans la presse (La Liberté du Var, Front National, le Marseillais, etc.). Son activité syndicale se traduisait par des interventions importantes. Ainsi, lors de la première réunion de l’UD à la Bourse du Travail de Toulon, le 16 octobre 1944, il donna son adhésion aux États généraux de la Résistance et conclut son intervention par cet appel « À hommes nouveaux, méthodes nouvelles ». Lors du congrès des Comités de Libération du Var, le 12 décembre 1944, dans son intervention, il lança un appel à faire un gros effort pour la production.

À partir de 1946, Jean Hérat fut directeur-gérant du Var syndicaliste et tint une chronique régulière dans La Liberté du Var, « La Voix du travail », puis « Propos de la quinzaine ». Parmi les délégués de l’UD au congrès national de la CGT (8-12 avril 1946), il avait le mandat de la plupart des syndicats varois.

Jean Hérat multiplia les conférences, ainsi dans le cadre des samedis de France-URSS, sur la vie des syndicats soviétiques en décembre 1945 ; lors de la projection des « Lendemains qui chantent », allocution à La Valette le 27 mai 1946, etc. Il participait à la Commission départementale du tourisme. Dans ce cadre, il fut chargé des études sur le tourisme populaire et ses rapports avec l’hôtellerie. Enfin, le 24 avril 1947, il conduisit la liste « d’union pour la défense de la Sécurité sociale présentée par la CGT » pour le Conseil d’administration de la Caisse primaire de Sécurité sociale. Administrateur sortant, il était aussi le secrétaire du syndicat CGT de l’Alimentation. En juin 1950, il fut réélu au CA de la Caisse primaire de Sécurité sociale du Var et en fut le vice-président. La liste CGT emporta cinquante-trois pour cent des suffrages. Candidat à la présidence le 30 septembre 1950, il obtint onze voix et fut battu par le candidat de la CGT-FO qui réunissait douze voix.

Jean Hérat n’avait pas repris son travail de garçon de café. Quand cessèrent ses responsabilités de secrétaire permanent de l’UD en 1950, il entra comme journaliste au quotidien communiste Le Petit Varois et y signait « Jean René ». Il fut, pendant une vingtaine d’années, membre élu du Conseil de Prud’hommes.

Jean Hérat fut candidat aux élections municipales de Toulon, le 19 octobre 1947, sur la liste "d’Union républicaine et résistante" et le 26 avril 1953 sur la liste "d’union ouvrière et démocratique...".

Jean Hérat habitait à partir de 1954 le quartier de Lagoubran (Toulon). Victime d’une attaque en 1953, il continua à militer pendant quelques années en dépit de son handicap.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87453, notice HÉRAT Jean, René par Jacques Girault, version mise en ligne le 11 avril 2010, dernière modification le 21 janvier 2016.

Par Jacques Girault

Iconographie : Jean Hérat au Petit Varois, vers 1960.

SOURCES : Arch. Dép. Var, 4 M 55.2, 4 M 56.11, 4 M 59.4.4., 18 M (non côté) ; 3 Z 3.40, 3 Z 4.7, 3 Z 4.22, 3 Z 16.5, 3 Z 16.8. — Presse locale. — Renseignements et archives fournis par l’intéressé et par sa fille.—Note de Jean-Marie Guillon.

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