HEPPENHEIMER Augustin, Louis

Né le 26 mai 1854 à La Chapelle (Seine) ; ébéniste, facteur de pianos ; militant socialiste ; conseiller municipal de Paris.

Ébéniste comme son père, Augustin-Louis Heppenheimer devint facteur de pianos. Militant dans la fédération de la Seine dès le début de la renaissance du mouvement socialiste après le congrès de Marseille, il se rangea résolument dans le courant possibiliste. Il appartenait aux milieux ouvriers des industries parisiennes qui firent, à ses débuts au moins, la force de la FTSF.

Il assista comme délégué au congrès constitutif de la Fédération nationale des syndicats qui se tint à Lyon en octobre 1886. Il y représentait les facteurs d’orgues et de pianos de Paris. À la fin du congrès, il déchira le drapeau tricolore pour arborer la partie rouge au bout d’une canne (cf. c. rendu, p. 378). Combattant de la Commune détenu sur les pontons, il fut membre de la Bourse du travail de 1888 à 1890 et membre du comité national de la FTS de 1885 à 1890.

Au congrès général des organisations socialistes de Paris, salle Japy (décembre 1899), il portait le mandat du syndicat des facteurs de pianos. Il vota pour la participation socialiste au gouvernement et défendit l’attitude de Millerand. Les progrès et les victoires de la démocratie, assura-t-il, profitent toujours aux syndicats dont les effectifs s’étoffent alors. Il participa également au congrès de Paris, salle Wagram (1900). Il soutint encore Millerand menacé d’exclusion par la fédération de la Seine du PSF en 1903-1904. Il se prononça pour le droit à la diversité des tendances et dénonça « ce fatras de théories révolutionnaires d’avocats et de professeurs » (La Petite République, 17 janvier 1904). Personnellement, Auguste-Louis Heppenheimer pratiquait, à l’Hôtel de Ville de Paris, une politique analogue à celle de Millerand.

Il y fut élu en 1904 après maints échecs aux élections municipales et législatives. À ces dernières, en 1885, il figura sur la liste de la FTSF dans la Seine, au sixième rang, et recueillit 17 945 voix sur 564 338 inscrits. En 1902, il échoua encore dans la troisième circonscription du XVIIIe arr. avec 6 201 voix sur 14 339 votants. Un adversaire socialiste, candidat de l’Union socialiste révolutionnaire, n’en obtenait que 87. Il fut candidat de la FTS aux élections municipales en 1885 dans le quartier Charonne (Paris, XXe arr.) où il obtint 4,25 % des voix. Aux élections municipales de 1890, il était en compétition avec Rouanet qui l’emporta au second tour dans le quartier de Clignancourt (XVIIIe arr.). Auguste-Louis Heppenheimer totalisa 2 288 suffrages au 1er tour sur 18 795 inscrits, contre 2 982 à Rouanet. Il porta désormais son action dans le quartier de la Goutte-d’Or, du même arr., où il fut élu à une élection partielle en 1891 où il succéda à Lavy avec 14,81 % puis 24,95 % des voix. En 1893, comme socialiste indépendant, il fut battu par Breuillé dans le même quartier avec 2 160 voix sur 9 926 inscrits, en 1894 il obtint 9,47 % des voix dans le quartier Saint-Fargeau, en 1898, 10,59 % dans le quartier de la Goutte-d’or et, en 1900, dans le même quartier, il fut encore battu avec 2 088 sur 10 525. En 1904, il fut élu : il avait obtenu au 1er tour 3 933 suffrages sur 11 645 inscrits. Il siégea à l’Hôtel de Ville jusqu’en 1912.

Conseiller prud’homal et délégué cantonal en 1891, Heppenheimer fut en décembre 1903 avec Paul Brousse et Frédéric Brunet, l’un des fondateurs de la loge maçonnique « Les Travailleurs socialistes de France ».
Il présida le 9 avril 1911 la réunion constitutive de la fédération de la Seine, première étape de la formation du Parti républicain socialiste. Candidat aux élections législatives du 16 novembre 1919 dans la 2e circonscription de la Seine sur une liste du Bloc national républicain, il obtint 68 806 voix mais ne fut pas élu. Trésorier général, puis en 1925 délégué à la propagande de l’Union générale des syndicats réformistes, fondée en 1919 par Méric Poublanc, il rappela son passé socialiste le 5 novembre 1926 à Strasbourg, au congrès du Parti républicain démocratique et social, dénomination alors portée par l’Alliance démocratique.

De son mariage à la mairie du XXe arrondissement le 9 janvier 1884 avec Hortense Alexisse Desutter, originaire de Belgique, blanchisseuse, puis couturière, un moment marchande de vin, il avait eu, de 1884 à 1896, sept enfants, dont deux garçons morts en bas âge et trois filles. Il perdit en 1914 l’aîné des deux fils survivants Louis Maximilien, né le 26 avril 1887 dans le XXe arrondissement, mort blessé de guerre à Nancy le 19 septembre. Le nombre croissant d’enfants est sans doute l’une des causes des multiples changements de domicile, dans le XXe, puis après 1887 le XVIIIe arrondissement, que révèlent les actes d’état civil. Veuf le 8 décembre 1903, Augustin Louis Heppenheimer se remaria le 4 mars 1905 au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), puis le 7 mars 1923 après un second veuvage, à la mairie du XVIIIe avec une marchande lingère.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87475, notice HEPPENHEIMER Augustin, Louis, version mise en ligne le 12 avril 2010, dernière modification le 9 juin 2021.

ŒUVRE : Heppenheimer a collaboré à La Petite République.

SOURCES : Arch. PPo., 301, rapports des 26 juillet 1921 et 12 février 1925. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, pp. 132-179, passim. — Compte rendu du congrès de la salle Japy. — J. Verlhac, L’Unité socialiste en France, DES, Paris. — Le Temps, 7 novembre 1926 p. 3 (BNF, Gallica). — Notes biographiques..., op. cit., Bibl. Nat. 4° Ln 25/667 (1-2). — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979. — Yves Billard, Le Parti républicain socialiste de 1911 à 1934, thèse, histoire, Paris 4, 1993. — Arch. Paris, état civil XXe et XVIIIe arrondissements ; recrutement militaire, 6e bureau, classe 1907, matricule 2798. Arch. Dép. Val-de-Marne, état civil.

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