HÉRAUDE Albert

Par Justinien Raymond

Né le 6 septembre 1871 à Beauvais (Oise), mort le 28 janvier 1947 à Beauvais ; monteur de téléphones aux PTT ; militant socialiste de l’Oise.

Albert Héraude, syndiqué dès ses jeunes années, fut secrétaire de son syndicat depuis 1903. Membre du groupe socialiste de Beauvais affilié à la fédération du POF, il adhéra avec cette dernière au Parti socialiste SFIO à l’unité de 1905 et représenta sa fédération aux congrès nationaux de Toulouse (1908), Paris (1910) et Brest (1913). Avant de connaître quelques succès locaux, il fut longtemps son candidat de principe dans maintes élections.

À Beauvais, en 1908, avec quatre autres socialistes, Bourguignon, Crépin, Couvreur et Decuignère, il se présenta aux élections municipales, recueillit 173 voix qui, au deuxième tour, firent passer les radicaux. Dans le canton de Beauvais-Nord, candidat au conseil général en 1910, il obtint 389 voix contre 2 000 à l’élu radical. En 1912, il reprit la lutte municipale, en tête d’une liste socialiste complète : trois cents affiches furent apposées ; des réunions de quartier tenues, une conférence de Pierre Renaudel organisée au théâtre, des listes de souscription lancées qui produisirent 184 F70, par 25 ou 50 centimes l’une. Albert Héraude groupa personnellement 628 voix, les derniers de sa liste 400. Au second tour, trois socialistes restèrent en lice, leur part, selon la RP Héraude, ne conserva que 487 suffrages et les radicaux l’emportèrent. Aux élections législatives de 1914, il rassembla 1 089 voix qui permirent au second tour l’élection du candidat radical contre celui de droite, Fournier-Sarlovèze, dans l’arr. de Compiègne.

La guerre finie, Albert Héraude reprit son action, fut élu secrétaire de la fédération en août 1924 et prit part à chaque consultation électorale. Il recueillit 14 000 voix le 16 novembre 1919 sur la liste de Jules Uhry, seul élu député. Dans le canton de Méru, candidat du conseil général en novembre, il avait obtenu 628 voix et s’était maintenu au second tour. Le 11 janvier 1920, avec Dumoulin et Jean Gédéon, il composa la liste socialiste maintenue aux trois tours des élections sénatoriales qui lui apportèrent 86, 70 et 44 voix. À une élection sénatoriale partielle du 22 mars 1931, Albert Héraude s’éleva à 131 suffrages et assura l’élection d’un radical au second tour. Il était alors conseiller général. Il avait échoué en juillet 1925 dans le canton de Noailles, vieux centre démocratique de petite industrie, reportant au second tour ses 430 voix sur le candidat radical, mais, en avril 1927, au second tour, par 1 273 suffrages, il conquit le siège du canton sud de Beauvais vacant par la mort de son élu radical Desgroux, et il fut réélu en 1931. En 1936, il fut élu rapporteur général du budget du département au conseil général. Il perdit son siège le 17 octobre 1937 : il appela ses 538 électeurs à voter au second tour pour le radical Froment qui l’avait distancé avec 681 voix.

Conseiller municipal de Beauvais depuis 1927, Albert Héraude, qui sera adjoint au maire au temps du Front populaire, puis maire jusqu’à sa révocation en mai 1940, porta à trois reprises le drapeau du Parti socialiste SFIO aux élections à la députation dans la 1re circonscription de Beauvais et, chaque fois, par son désistement, assura le succès du radical-socialiste Jammy Schmidt. En 1928, il recueillit 3 340 voix ; en 1932, 3 396 sur 19 410 inscrits et, en 1936, 2 357 sur 19 314.

Un désaccord s’éleva bientôt entre Albert Héraude et la fédération socialiste qui prononça son exclusion en 1938. Mais ce fut la révocation par le gouvernement de Vichy qui mit fin à une longue activité politique. À sa mort, amis et adversaires saluèrent en Albert Héraude l’homme qui guida pendant de longues années le socialisme à Beauvais.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87476, notice HÉRAUDE Albert par Justinien Raymond, version mise en ligne le 12 avril 2010, dernière modification le 12 avril 2010.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : A. Héraude a collaboré aux hebdomadaires socialistes de l’Oise : Le Travailleur de l’Oise (1900 à 1912). — Le Prolétaire de l’Oise depuis 1912. — Directeur politique du Cri populaire de l’Oise en 1936.

SOURCES : Arch. Mun. Beauvais. — Les trois journaux cités dans les œuvres du militant. — Comptes rendus des congrès nationaux du Parti socialiste.

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