HUYGHE Gustave, Louis, dit Frère

Par Yves Le Maner

Né le 2 avril 1898 à Dunkerque (Nord), mort le 21 avril 1985 à Dunkerque ; docker ; syndicaliste et militant communiste du Nord.

Gustave Huyghe naquit dans une famille pauvre de onze enfants. Sa mère était ouvrière dans un tissage de jute à Saint-Pol-sur-Mer, banlieue industrielle de Dunkerque. Quant à son père, docker du port de Dunkerque, il militait au Parti socialiste et fut, en 1902, l’un des fondateurs du syndicat CGT du port.

Après avoir fréquenté l’école primaire de Saint-Pol, Gustave Huyghe fit connaissance avec le monde du travail dès l’âge de neuf ans. Il fut tour à tour ouvrier agricole, vendeur de journaux, aide traceur aux chantiers de France avant d’être embauché comme docker sur le port en 1914. Mobilisé trois ans plus tard au 118e régiment d’infanterie, il fut blessé à Verdun. Évacué sur l’Aube, il fut renvoyé sur le front, dans la Somme, en 1918.

À sa démobilisation en 1919, il revint à Dunkerque et trouva le port paralysé par la grève, la troupe occupant les installations. Syndiqué à la CGT il fut, de 1920 à 1932, simple militant du syndicat des dockers ; il est vraisemblable que le Huyghe mentionné, avec Ooghe et Gens, comme délégué de ce syndicat au congrès de scission de l’Union départementale du Nord à Lille le 26 juin 1921 ait été son père. Pendant cette période, Gustave Huyghe se trouva en opposition constante avec les dirigeants du syndicat du port qu’ils aient été unitaires ou confédérés. Cependant, en 1932, il figura sur la liste unitaire élue lors du renouvellement du bureau du syndicat et fut choisi comme secrétaire. À ce titre, il fut délégué au congrès européen antifasciste de mai 1932 à Copenhague (Danemark). Après un net succès lors d’une grève d’un mois fin 1932 — début 1933, le syndicat des dockers essuya un lourd échec à l’issue d’un lock-out de quatre mois en 1933, Huyghe figurant parmi les licenciés. Peu après, le 12 février 1934, alors qu’il tentait de dissuader les dockers de travailler avec les éléments embauchés au cours du lock-out afin de briser le mouvement, Gustave Huyghe fut arrêté sous l’inculpation d’entraves à la liberté du travail. Condamné dès le jour suivant à six mois de prison, il subit sa peine à Cuincy (Nord). Après sa libération, il resta deux années au chômage et ne put réintégrer le port qu’à l’occasion des grèves de juin 1936.

Réélu secrétaire du syndicat en 1937, il se trouva rapidement en opposition avec la nouvelle génération de militants communistes qui l’accusaient de mener une politique trop modérée. Battu lors du renouvellement du bureau en 1938, il décida d’interrompre son action syndicale. À la même époque, il rompit également avec le Parti communiste auquel il appartenait depuis 1924. Il avait pourtant représenté le PC quelques mois plus tôt aux élections pour le conseil d’arrondissement d’octobre 1937 dans le canton de Dunkerque-Ouest. Après ces deux démissions, Gustave Huyghe ne joua plus aucun rôle dans la vie politique dunkerquoise.

Il vécut retraité dans sa ville natale à partir de 1963. Il avait contracté deux fois mariage à Saint-Paul-sur-Mer (Nord) : 10 septembre 1921 et 15 septembre 1955.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87502, notice HUYGHE Gustave, Louis, dit Frère par Yves Le Maner, version mise en ligne le 15 avril 2010, dernière modification le 15 avril 2010.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 154/195c, M 595/35, M 595/38b, M 595/43, M 595/85. — M. Tibier, Mémoire de Maîtrise, Lille III, 1975, op. cit. — État-civil de Dunkerque.

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