HURAUX André

Par Claude Pennetier

Né le 6 novembre 1909 à Paris (XVe arr.), mort le 2 février 1970 à Paris (XIVe arr.) ; ouvrier tourneur ; syndicaliste CGT ; militant communiste ; résistant, membre du Front national de lutte pour la libération ; déporté à Oranienbourg-Sachsenhausen (Allemagne) ; conseiller municipal (1947-1953) et député de Paris.

Fils d’un charpentier en fer (Théophile Louis Huraux mort en 1932) et d’une journalière dans les sacs en papier (Louise Hauvuy), André Huraux avait fait ses études à l’école communale de Vanves. Il commença à travailler en octobre 1923 chez Bréguet à Vélizy. Il adhéra aux Jeunesses communistes en 1924 mais y resta peu de temps, et prit part à une grève. L’année suivant, ouvrier chez Renault, il participa à une autre grève mais "jeune n’eut qu’un petit rôle", puis se fit embaucher chez Lapipe, rue Saint-Fargeau dans le XXe arr. Il rejoignit le Parti communiste en mai 1935 alors qu’il travaillait chez Henriot à Arcueil et milita à la cellule de l’usine. Il participa au comité de rayon et à la conférence nationale en juillet 1936. Après avoir suivi une école communiste locale à Bagneux en 1935, il fréquenta en 1937 l’école régionale communiste de la Ville de Paris.
André Huraux fut membre de l’Union sportive du travail de 1925 à 1935, à Malakoff, dans le XIXe arr. et à Arcueil où il siégea du bureau puis fut secrétaire en 1934-1935.

Ouvrier chez Panhard, il était, en 1937, responsable à l’Agit-prop dans les entreprises, pour la section communiste du XIIIe arr. De 1937 à 1939, il appartint à la commission exécutive du syndicat CGT des Métaux de la région parisienne. Il vivait 62 rue des Entrepreneurs à Paris XVe arr. puis 44 bis avenue des Écoles à Villejuif. Il gagnait 12 F de l’heure en 1937.

Dans son autobiographie du 27 octobre 1937, il se réclamait de Salagnac (Malakoff), de Delaune (FST), d’Ambrogelly et Sidobre (Arcueil), de Costes et Doury (Métaux) et de Fréchard (XIIe arr.). Dans sa réponse à la question sur le trotskysme il répondait qu’avant son entrée au PC ils lui avaient envoyé leur littérature "gratuitement"."Et l’on peut alors se demander où ils trouvaient l’argent." "J’ai connu chez Panhard, il y a deux ans (...) Chabit qui avait dans les conversations avec moi une position qui laissait percer une idéologie trotskyste. Il attaquait les responsables du Parti disait qu’il n’approuvait pas sa politique de Front populaire".

En 1940, André Huraux fut un des organisateurs des comités populaires de la Métallurgie, dans les XIIIe, XIVe et XVe arr. Permanent, ses activités dans la résistance communiste lui valurent d’être arrêté le 29 janvier 1943 après avoir été mis en cause par un militant en liaison avec lui. Envoyé au dépôt le 1er février, il fut mis à la disposition des autorités allemandes puis déporté en Allemagne à bord du convoi I. 95 parti de Compiègne le 28 avril 1943 vers le camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen. Il y reçut le matricule 65513. D’après le témoignage d’André Morillon, ils firent tous les deux partie avec Roger Gruss de la direction de l’organisation communiste du camp. André Huraux fut affecté au Kommando de Falkensee. Créé quelques mois avant son arrivée au camp, ce Kommando fournissait de la main-d’œuvre aux usines Demag, propriété du groupe Hermann-Göring, et produisait à Falkensee (à 25 km de Berlin) du matériel ferroviaire, des chars de combat "Tigre", des obus et des pièces détachées d’armement. Les Français qui participèrent à la création du Kommando furent d’abord installés à Staaken (aujourd’hui un quartier de Berlin) dans un camp désaffecté de travailleurs civils. En juillet 1943 eut lieu l’installation définitive à Falkensee. Les déportés encore présents en 1945 furent libérés sur place. On peut donc supposer qu’André Huraux fut libéré à cet endroit.

Secrétaire du syndicat CGT des Métaux de la région parisienne de 1946 à 1948, militant communiste du XVe arr., il fut conseiller municipal du 3e secteur de la Seine de 1947 à 1953. Candidat aux élections législatives de novembre 1946, dans la 1re circonscription de la Seine, sur la liste conduite par André Marty, Ambroise Croizat et Maria Rabaté, il devint député à la suite du décès de Croizat survenu le 11 février 1951. Son séjour au Palais Bourbon fut de courte durée car le Parti communiste le présenta sans succès aux élections générales du 17 juin 1951.

Convoqué et entendu longuement par la commission d’enquête, ainsi que sa compagne (qu’il épousa en septembre 1955 à Aubervilliers), Marcelle Barjonet, professeure de philosophie, lors de l’Affaire Marty. On les accusa d’actions imaginaires comme de profiter de leurs vacances en moto pour porter des missives à André Marty réfugié dans les Pyrénées-Orientales. André Huraux fut plus sévèrement sanctionné et sortit brisé de cette période selon son fils. Il fut, semble-t-il, exclu à une date qui reste à préciser. Il ne fut, en tout cas, pas représenté aux élections municipales de 1953.

Marié une première fois en août 1932 à Arcueil avec Adèle Lepetit, couturière, il divorça en décembre 1954. Le couple avait eut trois enfants : Yvette (morte très jeune), Colette et Serge. De son union avec Marcelle Barjonet naquit Marc.

André Huraux fut homologué comme déporté et interné de la résistance (DIR), membre des forces françaises de l’intérieur (FFI) et de la résistance intérieure française (RIF) au titre du Front national. Dans la clandestinité il porta le pseudonyme de Girault.
Les archives du Service historique de la Défense possèdent des éléments le concernant à Vincennes et à Caen.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87505, notice HURAUX André par Claude Pennetier, version mise en ligne le 15 avril 2010, dernière modification le 3 juin 2022.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 2866, 24 octobre 1937, classé AS. — Arch. André Marty (Jean Maitron), K IV et P VI. — SHD Vincennes, GR 16 P 299492 (nc). — SHD Caen, AC 21 P 573932 (nc). — Dossier d’André Morillon au SHD de Vincennes. — La Vie du 13e, 13 octobre 1945. — Le Monde, 13 février 1970. — Stéphane Courtois, thèse, op. cit. annexe n° 18. — Dossier à la Préfecture de police communiqué par sa famille. — Notice DBMOF, par Jean Maitron et Claude Pennetier. — Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Philippe Nivet, Les assemblées parisiennes, IHTP, 1995. — Notes de Renaud Poulain-Argiolas. — État civil.

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