LACOMBE Arlette [née PELABAY Arlette, Marie]

Par Madeleine Singer

Née le 2 juin 1937 à Bours (Hautes-Pyrénées) ; sténodactylographe, puis secrétaire d’administration scolaire et universitaire ; membre du bureau national du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN) de 1961 à 1968.

Arlette Pélabay était la deuxième des trois enfants de Lucien Pélabay qui avait épousé Emilienne Cazaux. Celui-ci, ouvrier à l’Arsenal de Tarbes, fut durant trente ans un militant CGT qui fit la grève « sur le tas » en 1936. Au lycée technique Marie Curie de Tarbes, Arlette Pélabay obtint en 1953 le CAP d’employé de bureau ainsi que la première partie du brevet d’enseignement commercial ; l’année suivante, elle eut le CAP de sténodactylographe et la deuxième partie du brevet d’enseignement commercial. Elle entra alors au cours complémentaire Théophile Gautier à Tarbes ; admise en 1955 au BEPC, elle devint auxiliaire de bureau à l’Inspection académique de Tarbes où elle travailla au service de gestion des instituteurs. Reçue au concours de sténodactylographe des services extérieurs, elle fut nommée au lycée de garçons de Bayonne, à compter du 1er octobre 1957 ; elle y demeura en qualité de secrétaire du proviseur jusqu’à son détachement au SGEN en 1961. Elle se maria en juin 1965 avec Jean- Jacques Lacombe, originaire de Toulouse, qui était alors inspecteur des P et T au Centre national d’études des télécommunications (CNET) d’Issy-les-Moulineaux. En 1968 elle se mit en disponibilité pour élever leurs deux enfants qui devinrent ultérieurement l’un responsable de la formation-animation des ventes à Paris, l’autre agent commercial à Radio-France.

Arlette Lacombe-Pélabay reprit un poste en 1973 à l’Inspection académique d’Evry (Essonne) où elle devint commis, puis passa en 1978 le concours de secrétaire d’administration universitaire et fut affectée en 1984 au cabinet de l’inspecteur d’académie. En 1985 elle obtint sa mutation à l’Inspection académique de Pau, tandis que son mari était muté, un an plus tard, à la Direction opérationnelle de France-Telecom (en charge des départements des Pyrénées-Atlantiques et des Landes), en qualité de responsable « Plan-Budget ». Ils effectuaient ainsi « un retour au pays dans ces belles montagnes chères à Paul Vignaux, où demeurait également (son) frère Armand Pélabay ». Elle-même passa en 1992 à la bibliothèque de l’Université de Pau et des pays de l’Adour ; elle y prit sa retraite en 1997, son mari l’ayant prise en janvier 1995.

Arlette Pélabay avait été jéciste au cours de ses études, tant au lycée technique de Tarbes qu’au cours complémentaire de cette ville. Elle adhéra au SGEN en 1958 sur les conseils de son frère Armand qui faisait partie de la section Premier degré du syndicat et avait rencontré Paul Vignaux, lors d’un congrès académique à Toulouse. En outre le SGEN lui paraissait « un syndicat jeune, dynamique et solide ». Avec son frère elle rencontra plusieurs fois Paul Vignaux chez lui car celui-ci passait ses vacances à Sarniguet, petit village des Hautes-Pyrénées, proche du village natal d’Arlette Pélabay. C’est là qu’il lui fit part en 1960 de son désir de trouver une secrétaire qui fut au courant des problèmes de l’Éducation nationale et qui put prendre en charge la section des personnels non- enseignants. Le détachement d’Arlette Pélabay fut accordé par le ministère à compter du 1er septembre 1961 bien que l’arrêté ne fut signé que le 12 juin 1962.

Le comité national de mai 1961 avait confié à Arlette Pélabay un mandat de responsable nationale ; celui de novembre 1961 la nomma tant au comité national qu’au bureau national. Elle siégea dans ces deux organismes jusqu’à son départ du secrétariat du SGEN en 1968. Dès son arrivée à Paris, elle assura le secrétariat des personnels appartenant à l’administration universitaire : agents de bureau, sténodactylographes, commis, secrétaires et attachés d’administration universitaire, conseillers administratifs. Cela permit le véritable démarrage d’une section fondée en 1955 par un professeur de Lille, André Gounon, et par Jean Brocard, alors secrétaire général adjoint du SGEN, avec le concours d’un militant de Strasbourg, Fernand Dissert, commis des services extérieurs. C’était d’ailleurs le moment où se préparait le nouveau statut qui, par le décret du 20 août 1962, transforma l’administration académique en administration universitaire, englobant aussi bien le personnel des rectorats et des inspections académiques que celui des établissements scolaires. Arlette Pélabay répondait au courrier envoyé par les adhérents ; elle se rendait chaque semaine auprès des différents services de gestion et du contentieux de la direction des services administratifs et sociaux. Ses démarches avaient pour but d’intervenir sur des questions d’intérêt général : mutations, avancement, organisation des différents concours de recrutement, examen d’intégration des aides d’économat et des dactyloronéotypistes dans le corps des commis, titularisation des auxiliaires, promotion interne, situation des instituteurs devenus rédacteurs avant 1961. Elle s’occupait également des cas particuliers afin de trouver des solutions aux nombreux problèmes qui lui étaient soumis : licenciement d’une sténo, retard pour certaines promotions, etc. Elle s’informait en outre des résultats aux concours et les communiquait aux intéressés dès leur proclamation. Elle suivait les dossiers de mutation des personnels de catégorie A (conseillers, attachés, secrétaires) et notifiait aux adhérents les décisions des commissions administratives paritaires nationales (CAPN).

Avec le concours d’André Gounon qui s’était spécialisé dans les problèmes de l’administration universitaire, elle donnait dans Syndicalisme universitaire toutes les informations relatives à ce secteur : circulaires publiées par le Bulletin officiel de l’Éducation nationale, nouvelles en provenance du ministère, compte rendu des journées annuelles de l’administration universitaire. Ces renseignements paraissaient dans un encart spécial de Syndicalisme universitaire, lequel fut ensuite remplacé par deux pages, plus fréquentes, dans la même publication. À partir de 1967, il s’y ajouta un bulletin ronéotypé rédigé par A. Gounon, mais A. Pélabay devait en faire assurer l’expédition avec les bandes-adresses fournies par ce dernier.

Présente aux congrès nationaux qui se tenaient alors tous les deux ans, elle participa activement à la rédaction des motions concernant l’administration universitaire à Marseille (1962), à Lyon (1964), à Caen (1966) et à Mulhouse (1968). Faisant partie de la petite délégation qui se rendait en audience auprès du directeur des services administratifs et sociaux pour présenter ces motions, elle mit l’accent en 1966 sur l’attachement du SGEN au principe de la promotion interne, notamment par le relèvement de la limite d’âge supérieure pour se présenter au concours interne ainsi que sur l’augmentation du nombre des postes réservés à ce concours. Lors du congrès de 1968, elle signa le rapport paru dans Syndicalisme universitaire, soulignant le travail effectué tant auprès du ministère que pour l’information des adhérents et la préparation des élections aux CAP. Elle termina cet exposé en souhaitant la mise en place de structures comprenant dans chaque académie un secrétaire « administration universitaire », l’ensemble de ces secrétaires élisant un bureau qui se réuniraient à l’occasion de chaque comité national.

En fait depuis 1964, le développement de la section avait permis d’organiser à Paris une réunion annuelle des militants dont A. Pélabay était l’un des animateurs. Elle put ainsi passer à Rouhier, secrétaire d’administration universitaire à la faculté d’Orsay, les démarches au ministère pour les secrétaires et les attachés. Depuis 1962, le SGEN présentait des candidats chez les commis, les sténodactylos et les agents de bureau. En avril 1965, A. Pélabay fut tête de liste chez les sténodactylos : elle ne fut pas élue car le syndicat n’obtint que 16,6 % des suffrages exprimés, mais il était représenté dans des CAP académiques, notamment à Nancy pour les commis, à Strasbourg pour les commis et les sténodactylos. En 1967 le SGEN put présenter également des candidats chez les conseillers et les attachés. Il n’eut toujours pas d’élu au plan national, mais il avait maintenant onze sièges dans les académies au lieu de cinq lors des précédentes élections. C’est A. Pélabay qui était chargée de l’organisation matérielle et de la liaison avec l’administration : elle devait assurer l’impression et la diffusion des bulletins de vote, représenter le syndicat au dépouillement du scrutin au ministère.

Outre ces tâches relatives à l’administration universitaire, A. Pélabay assurait le secrétariat du second degré, d’abord auprès de Jacques Julliard, puis auprès de Laure Cartier. Elle accompagna Jacques Julliard lorsque celui-ci tint, le 9 décembre 1965, une réunion d’information à l’ENS de Saint-Cloud ; elle s’adressa plus particulièrement à ses collègues secrétaires et répondit aux problèmes et questions qui les préoccupaient. Elle était également en relation permanente avec Madame David, secrétaire de la section « relations culturelles », ainsi qu’avec Raymond Jacquenod, proviseur, secrétaire de la section des personnels de direction. Présente de façon quasi constante dans les locaux du SGEN, elle s’y trouvait avec Paul Vignaux et Goery Delacote, délégué des ENS, lorsque le 26 février 1962, ce local fut plastiqué : la porte vola en éclats sans qu’il y eut de victimes.

On comprend qu’avec deux jeunes enfants, Arlette Lacombe-Pélabay n’ait pu continuer à assumer tout ce travail. Elle garde, dit-elle, « un merveilleux souvenir » des gens qu’elle eut la « chance » de connaître alors : « tous animés de la même ardeur, du même idéal : servir le syndicat sans ménager leurs forces, parfois même au détriment de leur propre carrière et aussi de leur famille ». Elle n’en nomme qu’un seul, Paul Vignaux, non parce qu’il était le « patron », mais « parce qu’il savait à chaque instant allier une extrême simplicité à d’immenses qualités intellectuelles, politiques, syndicales et surtout humaines ». Il m’a appris, dit-elle, ce que signifiait le mot « engagement ». Elle lui avait encore rendu visite à Sarniguet en 1987, quelques jours avant sa mort subite en Espagne. Sa disparition, dit-elle, a laissé « un bien grand vide pour moi car j’avais l’impression d’avoir perdu mes repères ». Aussi n’avait-elle pas réadhéré au SGEN en rentrant de disponibilité car Paul Vignaux venait de démissionner du syndicat. En 1998 elle entretenait encore des relations amicales avec le fils cadet de celui-ci, François, secrétaire général de l’Université de Paris VIII, qui passait la majeure partie de ses congés dans la maison familiale de Sarniguet.

Mais la section « administration universitaire » qu’elle avait fait progresser, sut se développer car aux élections du 3 avril 1997, le SGEN obtint 12,35 % des suffrages chez les agents de bureau, devenus agents administratifs et était présent dans six CAPA ; avec 11,32 % chez les commis devenus adjoints administratifs, il avait des élus dans neuf académies. Il escomptait d’ailleurs un développement ultérieur vu que la moitié de ses voix provenaient de sept ou huit académies. Puis lors des élections du 31 mars 1998 pour les autres catégories de ce secteur, le SGEN obtint pour la première fois un siège au plan national tant chez les attachés que chez les secrétaires d’administration scolaire et universitaires ; il recueillait en même temps 11,4 % des suffrages chez les conseillers. Au plan régional il était présent dans deux CAPA pour les conseillers, dans quatre CAPA pour les attachés et détenait douze sièges répartis dans dix Académies pour les secrétaires.

Membre de chorales liturgiques dans la région parisienne comme à Pau, Arlette Lacombe-Pélabay appartint à une chorale laïque, l’ASCA, dès qu’elle prit sa retraite à Bours. Cette chorale regroupait en 1998 des gens de divers horizons : enseignants, étudiants, retraités, etc. ; elle donnait des concerts dans les hôpitaux, maisons de retraite, églises ; elle participait à la sainte Cécile, à la fête de la musique et au Téléthon. A Lacombe-Pélabay était officier des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87515, notice LACOMBE Arlette [née PELABAY Arlette, Marie] par Madeleine Singer, version mise en ligne le 15 avril 2010, dernière modification le 15 avril 2010.

Par Madeleine Singer

SOURCES : M. Singer, Le SGEN 1937-1970, Thèse Lille III, 3 vol. (Arch. dép. Nord, J1471), notamment les notes du Ch. V, relatives à l’administration universitaire ; Histoire du SGEN, Presses universitaires de Lille, 1987. — Syndicalisme universitaire (1961-1968). — BREFS, 14 mai 1997, 22 avril 1998, 8 juin 1998. — Lettres d’Arlette Lacombe-Pélabay à M. Singer, 19 février 1980, 20 février 1997, 23 mars 1997, 18 mars 1998, 21 avril 1998 (archives privées).

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