PINARD Joseph, Marie

Par Madeleine Singer

Né le 7 avril 1936 à Fontain (Doubs) ; agrégé d’histoire ; membre du comité national du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN) de 1957 à 1968, secrétaire académique de Besançon (Doubs) de 1961 à 1962, puis de 1964 à 1968 ; militant PS ; conseiller municipal de Besançon, conseiller général du Doubs, député du Doubs (PS) de 1981 à 1986.

Joseph Pinard était le benjamin des quatre enfants de Marcel Pinard, artisan menuisier-charpentier, qui avait épousé Madeleine Prince. Il perdit en 1939 son père, victime d’un accident du travail ; sa mère fit alors des ménages tout en s’occupant de ses deux vaches. Après ses études primaires à l’école publique de Fontain, petit village proche de Besançon, Joseph Pinard eut une bourse pour entrer en Sixième au collège moderne de Besançon. Admis en 1951 à l’École normale de cette ville, il y obtint en 1954 le baccalauréat Philosophie et passa au lycée Pasteur de la même ville : il y prépara le concours d’entrée à l’ENS de Saint-Cloud (Seine, aujourd’hui Hauts-de-Seine) où il entra en 1955. Il y demeura quatre ans et en sortit agrégé d’histoire.

Nommé en 1959 à l’École normale de filles de Besançon, il y enseigna jusqu’à son départ au service militaire en 1962. A son retour, en mars 1964, il devint directeur d’études au centre de formation des professeurs de collège de l’académie de Besançon (CRCEG), fonction qu’il exerça jusqu’à son élection en 1981 comme député du Doubs. Il ne demanda pas en 1986 le renouvellement de son mandat car il jugeait la vie d’un député trop éprouvante physiquement. Il fut alors nommé au lycée Victor Hugo de Besançon où il prit sa retraite en 1991, en qualité d’ancien parlementaire. Il avait épousé le 10 avril 1958 à Gray (Haute-Saône) Monique Vougnon, certifiée de lettres modernes, qui enseignait au collège Lumière de Besançon. Ils eurent trois enfants : une fille institutrice ; deux fils, l’un directeur départemental du tourisme, l’autre agent de spectacles.

Dès son entrée à l’École normale, Joseph Pinard avait été en contact avec le SGEN, grâce notamment à François Girod* qui avait été son professeur au collège moderne, et aux instituteurs qu’il rencontrait à la Paroisse universitaire. Le Doubs était en effet un département où la section SGEN Premier degré, animée par Aimé Poissenot*, avait une solide implantation : dès 1948, elle eut un siège à la commission administrative paritaire départementale (CAPD) et le garda aux élections suivantes avec un pourcentage croissant. Mais à l’École normale, on ne pouvait se syndiquer que lorsque, bachelier, on y faisait sa formation professionnelle. Or ce ne fut pas le cas de J. Pinard qui passa en classe préparatoire au lycée Pasteur. Lorsqu’il entra à Saint-Cloud, il fut frappé par l’emprise du Parti communiste (PC) car il venait d’une des rares villes de France où la CFTC était plus forte que la CGT : des anciens, présents à l’École en 1953, lui parlèrent de la minute de silence observée au réfectoire lors de la mort de Staline. Le SGEN y était absent car les membres du groupe « tala » (ceux qui vonT-A-LA-messe) partageaient le point de vue des membres des Equipes enseignantes, affiliées à la Paroisse universitaire, qui, voulant être « le levain dans la pâte », adhéraient à la FEN. Les socialistes présents à l’École ne souhaitaient pas une implantation du SGEN qui affaiblirait les autonomes au sein de la FEN, en face d’Unité et action, tendance dans la mouvance communiste.

Tout en étant hostile au SNES à cause de ses positions pédagogiques, Joseph Pinard accorda donc la priorité à la diffusion des Cahiers Reconstruction qu’il avait connus à Besançon par F. Girod. Grâce à la qualité de ses dossiers, la revue rencontra un très bon accueil tant chez les « talas » que chez les socialistes. Lui-même s’inscrivit individuellement au SGEN avec une quinzaine de camarades « sans faire d’effort systématique de recrutement », comme il le disait dans une lettre du 3 novembre 1955, adressée aux « chers camarades », c’est-à-dire au secrétariat national. Il diffusa toutefois le bulletin du SGEN et installa un panneau d’affichage car les positions du SGEN sur les différents problèmes, scolaire, algérien, pédagogique, étaient très favorablement accueillies. Aussi le nombre des adhérents s’accrut les années suivantes. On comprend qu’au congrès national d’avril 1957, Joseph Pinard fut élu au comité national, ayant été inscrit sur la liste de Paul Vignaux, secrétaire général, en qualité de représentant des Écoles normales supérieures.

Secrétaire de la section SGEN de l’École normale de filles de Besançon dès son arrivée, Joseph Pinard entra en même temps au bureau académique. A cette époque les milieux enseignants débattaient de la réforme instaurée par le décret Berthoin du 6 janvier 1959 : elle prévoyait notamment en Sixième un premier trimestre d’observation sans latin à l’issue duquel les élèves seraient répartis entre le classique et le moderne. Tandis que le Syndicat national des instituteurs (SNI) demandait que cet enseignement sans latin fût étendu à toute l’année scolaire, le Syndicat national de l’enseignement secondaire (SNES), par la voix de son secrétaire pédagogique M. Sénecat, se déclarait hostile à cette extension. Or le SGEN à son congrès de 1956 avait déjà préconisé un cycle d’orientation de deux ans. Aussi lorsque dans les colonnes du Monde s’affrontèrent les positions divergentes du SNI et du SNES, Joseph Pinard condamna, dans une lettre publiée par ce quotidien le 31 août 1960, « l’émiettement en syndicats de catégorie rivaux » et rappela que M. Sénecat ne pouvait parler au nom de tous les secondaires : lui- même était favorable au tronc commun et déplorait d’avoir dû « se mettre au latin » lorsqu’il prépara l’agrégation d’histoire.

Secrétaire académique de 1961 à 1962, Joseph Pinard le fut à nouveau à son retour du service militaire en 1964. A la commission administrative du Second degré, le 19 février 1965, il se chargea de centraliser les informations sur « Les officiers dans l’Éducation nationale » car ce qu’il avait vu au service militaire l’avait, dit-il, conduit à s’intéresser à ce sujet. Déjà dans le Syndicalisme universitaire du 24 avril 1964, il avait commenté le décret du 24 février 1964 par lequel les officiers pouvaient, dans les conditions fixées par la loi du 30 décembre 1963, être mis hors cadre et entrer dans l’Éducation nationale. Joseph Pinard indiquait les avantages financiers qui leur étaient accordés, soulignait qu’ils deviendraient certifiés sans qu’aucun titre fût exigé, alors qu’on refusait l’entrée du cadre des certifiés à des licenciés d’enseignement. La commission administrative du 6 juin 1964 déclara que l’acceptation de la charge de conseiller pédagogique d’un officier était incompatible avec l’appartenance au SGEN. Sans évoquer tous les articles dans lesquels J. Pinard revint sur la question, notons toutefois qu’en février 1967, il donna un bilan ; sur 3 500 à 4.000 officiers en excédent, 1.100 environ entrèrent dans l’Éducation nationale : 478 comme enseignants, les autres dans l’administration ou l’intendance. Le mois suivant il rappelait que l’indemnité spéciale des enseignants (16 F 66 par mois pour l’agrégé) n’avait jamais été revalorisée depuis sa création en 1957 tandis que le stagiaire officier percevait une indemnité pour charges militaires qui dépassait 300 F pour le capitaine et venait d’être relevée de 6 % à compter du 1er janvier 1967 ! Peu après en mai 1967, il défendait les « collègues bidasses-coopérants » : l’indemnité forfaitaire d’entretien qu’ils touchaient Outre-mer avait été fortement réduite pendant leur mois de permission alors qu’on leur avait déjà supprimé l’année précédente la réduction de 30 % sur les avions et les bateaux ainsi que le quart de place dans les trains.

Joseph Pinard ne perdait pas de vue les autres problèmes. Dans le Syndicalisme universitaire de mars 1965, il évoquait l’insuffisance des locaux impartis au CRCEG, la lourdeur de la tâche des directeurs d’études. En même temps il se souciait des possibilités de titularisation que les CRCEG pouvaient offrir aux maîtres auxiliaires (MA), maîtres d’internat (MI) et surveillants d’externat (SE) : vu les services rendus par ceux-ci à l’Éducation nationale, il demandait en mai 1966 que les 10 % de postes réservés à des étudiants propédeutes, leur fussent attribués alors que le SNI s’y opposait. Aussi en octobre de la même année, déplorait-il que ce pourcentage fût ramené à 5 % ; le nombre de postes offerts dans les CRCEG de la France entière ayant été réduit, il n’y aurait que 50 entrées possibles pour les MA-MI-SE.

Joseph Pinard ne négligeait pas pour autant ses tâches de secrétaire académique. Il se préoccupa des élections au Conseil académique qui eurent lieu le 28 janvier 1965. Ce scrutin marqua, dit-il, l’apogée du SGEN dans l’académie car le vote étant majoritaire, le Syndicat emporta les quatre sièges agrégés. Puis ce furent le 6 avril 1965 les élections aux CAP académiques (CAPA) : il dut constituer des listes de candidats, organiser la propagande, participer au dépouillement du scrutin. Les collèges électoraux n’étant pas les mêmes que pour le Conseil académique, les résultats furent légèrement inférieurs mais toutefois satisfaisants : le SGEN eut quatre élus sur neuf chez les agrégés, cinq sur onze chez les certifiés, deux sur quatre chez les adjoints d’enseignement, un sur quatre chez les MI. On ne peut faire de comparaison avec les scrutins antérieurs car pour la première fois il n’y avait plus de CAPA distincte pour la technique, ni pour les Écoles normales dont les enseignants votaient avec le Second degré. Elu lui-même, Joseph Pinard allait siéger pendant huit ans à la CAPA des agrégés, c’est-à-dire jusqu’à l’obtention en 1973 d’un premier mandat politique. En outre en 1965 il devint responsable de la coordination de la Fédération des fonctionnaires CFDT pour le département et le demeura jusqu’en 1968.

Or dans le Doubs où la section SGEN Premier degré approchait les 500 adhérents, il y eut des remous lorsque le Syndicat ne présenta pas de candidats pour le Premier degré et les collèges d’enseignement général (CEG) lors des élections au Conseil de l’enseignement général et technique (CEGT) du 18 mars 1966 parce que l’administration n’envoyait pas de bulletins de vote dans les écoles. Au congrès national d’avril 1966, Joseph Pinard critiqua cette décision du bureau national. Dans sa lettre du 12 septembre 1966, il déclara au bureau national qu’il avait dû « adresser aux parlementaires du ressort un dossier sur ces élections », dossier qui lui valut une réponse du cabinet du ministre. Dans cette lettre où, à la veille de la rentrée scolaire, il faisait le point sur un certain nombre de questions, il se préoccupait également de l’information des adhérents, déplorant que Syndicalisme universitaire n’ait pas porté à leur connaissance la composition du bureau national et du comité national élus au congrès d’avril 1966. Il demandait aussi qu’il y eût une séparation plus poussée entre Reconstruction et le SGEN car il ne tenait pas du tout à couper le Syndicat des éléments pro-PSU (Parti socialiste unifié). C’est pourquoi il s’inquiétait du rapport « Une éducation pour notre siècle » que Laure Cartier, secrétaire Second degré, devait présenter en novembre 1966, lors d’une session de la Convention des institutions républicaines.

Si Joseph Pinard se souciait ainsi de l’indépendance du Syndicat, ce n’était pas par indifférence à l’égard de la politique. En 1964 il avait pris l’initiative d’un appel à voter socialiste lors d’une élection cantonale. Cet appel qui parut le 13 mars dans Le Comtois, était signé pour moitié par les militants les plus connus du SGEN, Gaston Bordet*, Gaston Clergeot*, Georges Gaudot*, Roger Martelet*, Aimé Poissenot*, et pour moitié par l’appareil de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN). Il avait pour objet de battre le candidat gaulliste, ce qui fut fait et attribué à leur démarche. On comprend donc que Joseph Pinard ait accédé à la demande que Paul Vignaux lui adressa le 11 août 1967 : il s’agissait d’organiser une réunion où celui-ci pourrait rencontrer des militants décidés à prendre un engagement politique par le biais de clubs affiliés à la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) qui avait vu le jour le 10 septembre 1965. Le groupe d’études politiques Reconstruction avait un siège au Comité exécutif de la FGDS, mais pour être représentatif, il fallait, disait Paul Vignaux, « une base syndicale concevant l’action dans l’intérêt syndical ». A la suite de cette réunion qui eut lieu à Besançon le jeudi de l’Ascension, un club Reconstruction fut fondé dans cette ville et y tint sa première réunion, le samedi 2 décembre 1967. Il s’agissait, disaient les signataires de la convocation (G. Bordet, G. Gaudot, F. Girod et J. Pinard), de « rejoindre la FGDS par le biais de ce club » afin de constituer une force capable au sein de la gauche d’équilibrer le PC et de prendre la relève du gaullisme. Ce club s’étoffa après Mai 1968 de membres qui avaient d’abord adhéré à d’autres clubs ; tout s’arrêta au moment du congrès d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) qui en 1971 marqua l’entrée au Parti socialiste (PS) de beaucoup de militants de la FGDS.

Pour sa part depuis Mai 1968, Joseph Pinard était préoccupé par la montée du PSU au sein de la CFDT locale. Comme il me l’écrivit, il était exaspéré par le « verbiage gauchiste pseudo-révolutionnaire ». On comprend qu’en juillet 1968, il ait cédé à Gaston Bordet la charge de secrétaire académique car le climat qui régnait à la CFDT n’était plus celui instauré par le congrès extraordinaire de novembre 1964 qui avait modifié le titre de la Confédération et la rédaction de l’article I des statuts. Joseph Pinard avait alors, dans le bulletin académique SGEN de février 1964, rappelé que sans renier le passé de la CFTC, il fallait mettre en lumière « l’indépendance de notre action syndicale », supprimer par conséquent l’étiquette chrétienne « qui ne correspond pas à la réalité ». « En voulant conformer le droit au fait, nous pensons en particulier aux jeunes… qui reconnaissent le bien-fondé de l’action de la CFTC, son efficacité, mais qui restent en dehors parce qu’ils ne veulent pas que la ligne de démarcation confessionnelle traverse le domaine syndical ».

Déchargé du secrétariat académique, Joseph Pinard demeura au SGEN « un adhérent de base », « par solidarité, disait-il, avec les travailleurs de la CFTD victimes de la répression patronale et aussi par souci de ne pas affaiblir les enseignants face à un ministre de plus en plus arrogant ». Il continua d’ailleurs à suivre les problèmes syndicaux, inquiet de l’influence que le PSU s’efforçait d’exercer au sein des syndicats d’enseignants. Il écrivit donc en octobre 1969 à Edmond Maire, alors secrétaire de la Fédération CFDT des produits chimiques, qui était à sa connaissance l’adhérent du PSU occupant les plus hautes responsabilités au sein de la Confédération : il attirait l’attention de celui-ci sur des faits et des textes indiquant que le PSU incitait les enseignants à militer à la FEN. Aussi en mars 1970, lorsque s’affrontèrent deux candidats au poste de secrétaire général, Charles Piétri soutenu par Paul Vignaux et Jacques George, présenté par les « minoritaires », J. Pinard écrivit à ce dernier pour lui signaler que dans son académie, le secrétaire du PSU pour le Jura, avait convoqué ses adhérents, y compris les membres du SGEN, à une réunion où l’on discuterait « de l’attitude qu’un bon PSU devait avoir dans son syndicat » : il demandait donc à Jacques George de n’être pas « le jouet des politiciens » et de « faire un effort d’intégration pour éviter cette cristallisation en tendance qui se précipite ».

C’est C. Piétri qui fut élu, mais au congrès suivant, en 1972, ce dernier trouva en face de lui une équipe de « minoritaires » animée par François Garrigue, secrétaire académique de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). J. Pinard écrivit alors en mars 1972 à chacun des membres de cette équipe pour connaître son affiliation politique car le PSU avait décidé d’exclure ceux de ses adhérents qui appartiendraient à la « majorité » du SGEN. Il se demandait donc s’il resterait au SGEN au cas où seraient élus des dirigeants membres d’un parti qui agit de la sorte. En fait les minoritaires n’adhéraient pas tous au PSU comme nous l’avons signalé dans notre thèse et parmi ceux qui en étaient membres, quelqu’un comme Pierre Fleith répondit à J. Pinard qu’« un parti politique n’avait pas à dicter à ses adhérents leur appartenance et leur ligne syndicale ». Malgré l’élection de F. Garrigue, J. Pinard resta au SGEN et s’y trouvait toujours en l’an 2000, quoiqu’il eût, dit-il, cessé de cotiser un an « au plus fort de la dérive gauchiste de la CFDT ». Aussi en mars 1998, il fut interviewé par la rédaction de Profession Éducation, mensuel qui en 1990 avait remplacé Syndicalisme universitaire, car il venait de faire paraître Antisémitisme en Franche-Comté, de l’affaire Dreyfus à nos jours.

Libéré de ses responsabilités syndicales, Joseph Pinard avait adhéré au PS en janvier 1969. En septembre de la même année, il fonda Le socialiste comtois, mensuel qui eut 3 000 abonnés quelques années plus tard et dont il assuma la responsabilité jusqu’en 1976. Il avait été élu en 1973 conseiller général de Besançon Nord-Est ; constamment réélu, il l’était toujours en l’an 2000. Elu en outre au conseil municipal de Besançon en 1977, il y exerçait en l’an 2000 son quatrième mandant consécutif. Candidat lors des élections législatives de 1973 et de 1978, il fut élu député en 1981, lorsque la dissolution de l’Assemblée nationale par François Mitterrand, le 22 mai, amenèrent de nouvelles élections.

Les charges politiques de J. Pinard ne l’empêchaient pas de veiller à la mémoire de Paul Vignaux et de l’action menée par celui-ci. Il m’écrivait en 1979 « son accord profond avec Paul Vignaux et Antoine Prost* ». Or quand le SGEN organisa avec la CFDT une conférence nationale, « École et société », Le Monde dans son compte rendu du 5 mars 1974 crut à tort que ce dialogue sur la formation entre le SGEN et la Confédération, était le fruit d’une évolution datant de 1968. Dans une lettre à l’auteur de l’article, J. Pinard rappela que le travail à la base, commencé depuis longtemps dans bien des régions, était freiné par l’indifférence d’un grand nombre de militants syndicaux et par leur attachement fréquent à l’école confessionnelle. Lors de la mort de Madame Vignaux en 1993, il écrivit pour le Bulletin retraités du SGEN un article qui rappelait le rôle de celle-ci aux côtés de son époux et notamment l’étude magistrale, « Conscience politique et conscience religieuse » qu’elle donna en 1957 pour les Cahiers Reconstruction sous le pseudonyme de Georgette Bérault. Aussi lorsqu’en 1996 un article du Monde fit le procès des syndicalistes CFTC qui avaient pratiqué l’unité d’action avec les communistes, J Pinard souligna dans une lettre publiée dans le numéro des 11-12 février que, dans le contexte de guerre froide, c’était le seul moyen d’établir un rapport de force favorable aux salariés et que Paul Vignaux n’était pas un Tartufe fermant les yeux sur ce qui se passait dans les pays de l’Est. Ainsi toujours sur la brèche, Joseph Pinard poursuivit dans la vie publique un combat qu’il avait d’abord mené sur le plan syndical.

Joseph Pinard a abandonné en 2001 ses mandats de conseiller municipal et de conseiller général. Il se consacre à l’histoire locale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87596, notice PINARD Joseph, Marie par Madeleine Singer, version mise en ligne le 29 juillet 2014, dernière modification le 15 septembre 2014.

Par Madeleine Singer

ŒUVRE : Antisémismes en Franche-Comté, de l’affaire Dreyfus à nos jours, Besançon, éd. Cetre, 1998. — Histoire de l’éducation en Franche-Comté, de Jules Ferry à Mai 1968, 2000. — Du noir au rouge. Dérives d’extrême droite, résistances et rechutes au XXe siècle dans le Doubs, Besançon, Cêtre, 2002, 226 p.

SOURCES : M. Singer, Le SGEN 1937-1970, Thèse Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. Dép. Nord, J1471, notamment les cartons 4, 5, 19 et 26 pour les lettres) ; Histoire du SGEN, Presses universitaires de Lille, 1987. ; Le SGEN. Des origines à nos jours, Paris, Le Cerf, 1993, collection Histoire. (Arch. Dép. Nord, J1578). — Syndicalisme universitaire (1957-1969). — Profession Éducation, mars 1998. — Lettres de J. Pinard (accompagnées de documents) à M. Singer, 28 janvier 1979, 24 septembre 1981, mai 1995, 17 juin 1996, 15 juillet 1996, 24 septembre 1999, 30 mars 2000, 4 avril 2000, 6 mai 2000, 20 juin 2000 (archives privées).

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