TONNAIRE Victor, Adrien

Par Madeleine Singer

Né le 25 octobre 1897 à Belley (Ain), mort le 18 janvier 1993 à Dourdan (Essonne) ; agrégé d’histoire ; membre du bureau national du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN) de 1949 à 1958.

Victor Tonnaire était le plus jeune des deux fils de Charles Tonnaire, gendarme à Belley ; celui-ci, une fois à la retraite, devint économe, accédant à la demande du principal du collège de Nantua, car cela permettait à ses enfants de faire des études secondaires dans de meilleures conditions. V. Tonnaire obtint son baccalauréat en 1914, sa licence d’histoire en 1916 à la Faculté des Lettres de Lyon. Mobilisé dans l’artillerie en août 1916, envoyé au front (mars 1917-juillet 1918), il fut détaché à l’école militaire d’artillerie jusqu’à sa démobilisation en septembre 1919. A son retour à la vie civile, boursier d’agrégation à Lyon, il fut admissible en 1921. Il travailla à Paris comme maître d’internat aux lycées Louis le Grand (1920), Lakanal (1921), Saint-Louis (1922) et comme répétiteur au lycée Charlemagne une partie de l’année 1921. Il se maria, le 30 octobre 1923, avec Olga Arnault qui lui donna une fille.

Professeur d’histoire au collège de Coulommiers à partir d’octobre 1923, il obtint l’agrégation en 1925 et fut nommé au lycée d’Oran. Il revint dans la métropole en 1934 et exerça alors au lycée Charlemagne à Paris. En 1939, il était capitaine de réserve car il avait fait des périodes ; il fut mobilisé sur la ligne Maginot où il commanda une batterie. Ayant repris ensuite son poste au lycée Charlemagne, nommé maître assistant d’éducation générale en 1943, il devint maître en 1944 et s’occupait alors du cabinet d’histoire-géographie du lycée. En 1945, il fut chargé d’un cours d’histoire économique à l’École des Arts et Métiers et du cours de géographie dans la classe préparatoire à l’École coloniale du lycée Charlemagne où il prit sa retraite en 1962 selon son dossier administratif.

À son arrivée à Oran, il avait adhéré au Syndicat national des professeurs de lycée qui disparut à la Libération car plusieurs de ses dirigeants étaient passés à la Fédération générale de l’enseignement (CGT). V. Tonnaire ne voulait pas suivre leur exemple ; il entra au SGEN en 1945 sur les conseils de son ami Henri Rouxéville* et participa avec celui-ci aux activités du Bureau SGEN de l’académie de Paris. Sollicité par le Syndicat pour figurer parmi les candidats lors des élections aux commissions administratives paritaires nationales (CAPN.) en avril 1948, il fut élu en tête de la liste par le nombre des voix, le SGEN ayant obtenu trois sièges sur huit chez les agrégés.

Cette élection « a déterminé, dit-il, non seulement ma fonction au SGEN, mais surtout une conception de la vie syndicale, faite d’amitié plus que d’inquiétudes idéologiques ». Il a « considéré cette activité comme un service rendu à des amis dans une grande famille ». Des centaines d’adhérents ont reçu ces lettres dans lesquelles il les éclairait sur les raisons qui ne leur avaient pas permis d’être promus au choix ou sur la manière de rédiger leurs voeux afin d’obtenir la mutation désirée. S’il n’a pas toujours réussi évidemment, il a toujours mis beaucoup de chaleur humaine dans ces relations. Porte-parole du SGEN dans les CAPN., il le demeura jusqu’en 1963 : mis à la retraite cette année-là, il dut abandonner sa fonction. Jean Mousel* rendit alors hommage, dans Syndicalisme universitaire, à son dévouement comme à son autorité morale « fondée sur la compétence, sur la droiture, sur l’intransigeance : il n’était pas possible de contester une cause dont Tonnaire s’était fait le défenseur ». C’est pourquoi celui-ci réussit à imposer la présence du SGEN dans la CAPN. des Écoles normales.

Quand en 1948 se mit en place le Comité technique ministériel, c’est également V. Tonnaire qui occupa le siège dévolu au SGEN Ce Comité eut notamment à débattre en 1949 du projet de loi relatif au cadre unique, projet que nous évoquerons à propos de Jean Vurpas*. Si le travail du Comité ne fut guère exposé dans les publications syndicales, c’est que ses décisions furent, de l’avis de V. Tonnaire, insignifiantes.

Entré au bureau national en 1948 en qualité de représentant au Comité technique, V. Tonnaire y demeura ensuite vu son rôle dans les CAPN. Il fut également élu en 1950 au comité national et siégea dans ces deux organismes jusqu’en 1958 : il s’opposa alors aux positions prises par le bureau national sur l’Algérie. Dans les réunions d’adhérents parisiens, les 18 et 19 juin, il défendit un point de vue différent de celui du bureau national auquel il n’assistait plus « pour ne pas dire des choses désagréables à ses collègues ». Très marqué par les deux guerres, il était profondément militaire et considérait que les affaires algériennes n’étaient pas du ressort du Syndicat. Il revint toutefois au bureau national le 27 juin pour affirmer qu’il serait aux côtés du Secrétaire général si le Syndicat était menacé par le mouvement du 13 mai, comme Paul Vignaux paraissait le penser. Ce fut, dit sa fille, la plus grosse déception de sa vie : ne pas réussir à faire comprendre ses positions à ses collègues du bureau national.

Mais ce désaccord, déclara J. Mousel, « n’a pas altéré l’amitié que nous lui portons pas plus qu’il n’a freiné son activité au service des collègues pendant les années qui suivirent ». En effet, de même que V. Tonnaire avait avec G. Cagnac* exposé en mai 1948 ce que serait la compétence des CAPN. qui venaient de se réunir pour la première fois, c’est encore lui qui, dans le bulletin consacré aux élections de 1961, rédigea l’article de tête « Ce que sont les CAPN » et exposa dans les pages suivantes, avec les élus des certifiés et des adjoints d’enseignement, ce qu’on pouvait attendre de ces CAPN. tant pour les promotions que pour les mutations. Officier des Palmes académiques, V. Tonnaire avait été fait chevalier de la Légion d’honneur au titre de l’Éducation nationale, puis officier de la Légion d’honneur à titre militaire, ce qui combla ses vœux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87618, notice TONNAIRE Victor, Adrien par Madeleine Singer, version mise en ligne le 21 avril 2010, dernière modification le 2 octobre 2015.

Par Madeleine Singer

SOURCES : Arch. Nat., F17 28225 (dépouillé par Jacques Girault). — Madeleine Singer, Histoire du SGEN, 1987, PUL. — École et Éducation (1948-1955). — Syndicalisme universitaire (1955-1963). — Lettres de V. Tonnaire à M. Singer, 11 octobre 1978, 7 décembre 1978, lettres de Madame Guy- Tonnaire à M. Singer, 9 avril 1995, 4 avril 1996 (archives privées).

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