VALIQUET Éliane, Marguerite, Adrienne

Aînée des deux filles d’Adrien Valiquet, employé de banque, et de Hélène Aimée Vannier, ménagère, Éliane Valiquet fit ses études à Paris, au Lycée Fénelon où elle fit partie de la JEC. Elle obtint son baccalauréat en 1932 et devint aussitôt après institutrice suppléante. Titularisée en 1936, elle prit sa retraite en 1971 en qualité de PEGC.

Dès sa sortie du lycée, intéressée par les questions sociales auxquelles des livres tels que ceux d’Ozanam et de Robert Garric l’avaient sensibilisée, elle lisait l’Aube, L’éveil des Peuples dirigé par Marc Sangnier. Elle fréquentait les cours de l’École normale sociale, 56 rue du Docteur Blanche (XVIe arr.) où l’on étudiait les grandes figures sociales du 19e siècle : Ozanam, Albert de Mun, Léon Harmel, etc. Elle adhéra alors à l’Union féminine, civique et sociale, fondée par Andrée Butillard, dont le combat pour la reconnaissance du travail des femmes, le vote des femmes, l’avait séduite.

Suivant ensuite les cours de l’École normale ouvrière de la CFTC, elle y découvrit le rôle du syndicalisme chrétien. En janvier 1938, dans École et Éducation, elle incitera ses collègues à suivre ces cours : elle en évoque l’atmosphère, "la spontanéité et l’ardeur des questions et discussions provoquées par les leçons" dans lesquelles, en novembre et en décembre 1937, on avait exposé "les principales phases de l’expérience française actuelle", ainsi que "l’historique du stalinisme". Elle avait adhéré tout naturellement à l’Association syndicale professionnelle des fonctionnaires (CFTC) où "dominaient, dit-elle, les postiers, les cheminots, alors que les enseignants se comptaient sur la main". Elle faisait également partie d’un groupe d’instituteurs de la région parisienne, notamment d’anciens normaliens d’Auteuil, qui se préoccupaient de rénover la pédagogie .

Quand le SGEN fut fondé en 1937, elle devint aussitôt un des cinq membres du Bureau qui la délégua pour représenter le Syndicat auprès de la Fédération des fonctionnaires CFTC. Elle alla également avec Guy Giry et Raynaud de Lage*, le 2 décembre 1937, présenter le SGEN au ministre Jean Zay. Aussi lui avait-on prédit "une carrière bien compromise". Ardente propagandiste, elle avait toujours en poche, dit-elle, une documentation syndicale : elle "accrochait" dès que possible les collègues qu’elle rencontrait dans les groupes catholiques, soit celui de la rue Dareau qui ne comprenait que des primaires, soit celui de la rue d’Assas, c’est-à-dire le groupe Joseph Lotte. Mais, ajoute-t-elle, c’étaient "les éléments les plus hardis socialement qui se laissaient convaincre".

Secrétaire administrative depuis que le SGEN s’était structuré en avril 1939, elle devint en 1944 trésorière nationale et le resta pendant trois ans. Elle put ensuite se consacrer complètement à la section SGEN de son arrondissement (III°) et participa activement à la grève des instituteurs de la Seine (17 novembre - 6 décembre 1947). Elle prit la parole dans les assemblées locales de grévistes, fit partie de la délégation auprès de l’inspecteur primaire ainsi que du piquet de grève qui expliquait aux parents la raison du mouvement. On comprend que le SGEN, n’ayant alors, dit-elle, qu’une poignée d’adhérents", put obtenir dans cet arrondissement 19% des voix lors des élections aux CAP de 1948. Elle siégea au Comité national SGEN d’avril 1947 à avril 1949 et fut un de ces pionniers courageux qui implantèrent le Syndicat dans le Premier degré.