VURPAS Jean, Raymond

Par Madeleine Singer

Né le 23 janvier 1918 à Saint-Denis-de-Cabanne (Loire), mort le 22 mars 1991 à Lyon (Rhône) ; agrégé de grammaire ; secrétaire du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN) pour l’académie de Lyon (1945-1970).

Aîné des deux enfants de François Vurpas, comptable, et de Suzanne Vurpas, professeur de coupe dans l’enseignement privé, Jean Vurpas obtint son baccalauréat en 1935 au lycée du Parc à Lyon. Il fit alors une licence de lettres, puis son service militaire ; réformé pendant la guerre, il redevint étudiant. Reçu agrégé en 1941, il fut d’abord professeur au lycée Vaugelas à Chambéry, puis nommé en 1945 au lycée Jean Perrin à Lyon où il enseigna jusqu’à sa retraite en 1979.

Tout jeune, à quinze ans, il fut moniteur dans la colonie nationale des jeunes aveugles, dirigée par le père Côte à Ronno, par Amplepuis (Rhône) et continua sa collaboration pendant les années qui suivirent. Désireux d’être au service des autres, il ne se contenta pas d’adhérer au SGEN à la Libération, mais devint aussitôt secrétaire départemental de la Savoie, puis peu après son arrivée à Lyon, secrétaire académique. Cette charge qu’il allait assumer pendant vingt-cinq ans, lui vaudra d’être élu au comité national lors du congrès d’avril 1946.

Il s’était marié en 1948 avec Anne-Marie Gaillard qui, professeur de lettres dans l’enseignement privé, collabora ensuite à l’Atlas linguistique du Lyonnais. L’arrivée de six enfants l’amèna à arrêter toute activité extérieure jusqu’en 1980. Elle put alors faire une thèse de troisième cycle en linguistique, se spécialisant dans les textes dialectaux anciens et les langues régionales. Après un mi-temps au CNRS, elle devint attachée de recherches à l’Institut de linguistique romane fondé à l’Institut catholique de Lyon par le père Gardette.

Au cours de toute sa carrière, l’activité syndicale de J. Vurpas ne se démentit pas. A Chambéry, avec l’accord de la section locale de la Fédération générale de l’enseignement (CGT), il avait entrepris dans toute la France une campagne pour la suppression du cadre de Paris et l’extension du traitement de ce cadre aux professeurs de province. Il obtint la mise à l’ordre du jour de cette question au congrès SGEN de juillet 1945 où il présenta un rapport favorable au cadre unique alors que les professeurs parisiens proposaient l’extension à la province de ce cadre supérieur auquel accédaient les enseignants nommés dans les lycées de Paris. Par 1165 mandats contre 494, le congrès se prononça en faveur du cadre unique afin de diminuer le nombre des catégories et les occasions de heurts entre elles. Le ministre ayant opté pour un cadre supérieur non géographique, J. Vurpas fit voter au congrès d’avril 1946, outre le maintien du principe du cadre unique, le refus de toute coopération à l’aménagement du cadre supérieur imposé par l’administration. Il fit encore approuver au congrès de 1947 un « projet d’aménagement du cadre unique ». Les syndicats imposèrent finalement ce cadre unique au ministre par une grève d’examens en 1948, grève qui, pour le SGEN, fut menée par Fernand Labigne*. C’est d’ailleurs un autre adhérent SGEN, Maurice Durrande* qui, dès 1946, avait fait à la Société des agrégés, un rapport favorable au cadre unique.

Sans négliger ses activités de secrétaire académique, J. Vurpas intervint de nouveau au plan national lors de la crise de 1968. Il prépara en octobre, avec le secrétaire départemental du Rhône, des suggestions relatives à la motion par laquelle le comité national de novembre 1968 devait apprécier la conduite du bureau national. Ils demandaient qu’on reconnaisse « l’importance de fait du mouvement de mai et juin : s’il est vrai qu’au début une poignée d’ultra gauchistes (ceux contre lesquels le premier communiqué du SGEN mettait en garde) a cherché à orchestrer l’affaire, sa chance fut de « parler » à une immense masse d’étudiants jusqu’alors amorphes, mais disponibles (le contexte de la réforme Fouchet et ses difficultés…) et excités par les brutalités policières ». Malheureusement on ne trouve nul écho de ces considérations dans le texte que Paul Vignaux proposa au comité national.

Aussi au comité national de novembre 1969, après les rapports contradictoires présentés par Charles Piétri et Jacques George*, tous deux candidats à la fonction de secrétaire général, J. Vurpas déclara qu’à Dijon, le 26 octobre précédent, les secrétaires des académies de l’Est (Besançon, Dijon, Lyon, Nancy, Reims) s’étaient réunis et avaient souhaité que « tout candidat au poste de secrétaire général soit une personnalité qui affirme être intégrateur de ce que certains appellent des courants au sein du SGEN ». Il lança donc un appel aux deux parties pour qu’elles essaient, au cours d’une suspension de séance, de trouver une solution de synthèse. Ce fut d’ailleurs en vain. Personne pourtant n’avait regretté que le débat fut ouvert par la candidature de Jacques George ; un des « minoritaires » écrira même à ce dernier le mois suivant : « Nous avons eu à ce sujet des remerciements de la part d’hommes modérés comme J. Vurpas et Gustave Hentz* ».

Aussi lorsque les minoritaires devinrent majoritaires en 1972, J. Vurpas poursuivit son travail au sein du SGEN En 1970, il avait laissé à un collègue plus jeune sa charge de secrétaire académique ainsi que son mandat au comité national. Mais il continua à siéger dans la commission administrative paritaire nationale (CAPN.) où il avait été élu dès 1948 comme suppléant de V. Tonnaire*. Or si le suppléant n’assiste pas à la séance consacrée aux promotions, il fait partie comme le titulaire des nombreuses commissions (une par spécialité) qui effectuent le mouvement du personnel. En lettres, vu le nombre des professeurs, c’est un travail particulièrement lourd qui exige bien des journées de présence au ministère, même lorsqu’à partir de 1959, il n’y eut plus qu’un seul mouvement en mai-juin, vu qu’on avait alors supprimé le deuxième mouvement qui avait lieu en août. Devenu titulaire à la CAPN. en 1963, lors du départ en retraite de V. Tonnaire, il assuma cette charge jusqu’à ce qu’à son tour il prit sa retraite en 1979. Il m’écrivait en 1980 qu’il avait toujours été d’accord « avec les options fondamentales du SGEN - qu’(il) considère comme nécessaire et irremplaçable », tout en regrettant de ne plus trouver dans Syndicalisme universitaire « des projets constructifs tels que nous les avions jadis, en particulier sur les problèmes pédagogiques ».

Ce travail syndical ne l’empêchait pas d’être en même temps au service des aveugles. En 1945, à côté de la colonie de vacances de Ronno où il avait été moniteur, il avait fondé une maison de vacances pour les aveugles devenus adultes. Cette maison qui hébergeait au mois d’août une quarantaine d’hommes, demanda vite une annexe pour les ménages avec enfants, annexe dont il s’occupait entièrement, en liaison avec la colonie du père Côte qui elle aussi se développait car au centre pour les enfants s’était ajouté un centre pour les adolescents, tout cela avec un Conseil d’administration unique. J. Vurpas passait toutes ses vacances à Ronno et y fit construire une maison pour sa famille afin de pouvoir rester disponible pour les aveugles. Il était officier des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87624, notice VURPAS Jean, Raymond par Madeleine Singer, version mise en ligne le 21 avril 2010, dernière modification le 21 avril 2010.

Par Madeleine Singer

SOURCES : Madeleine Singer, Le SGEN 1937-1970, Thèse Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. Dép. Nord, J 1471) ; Histoire du SGEN, 1987, PUL. — École et Éducation (1945-1955). — Syndicalisme universitaire (1955-1970). — Lettres de Madame Vurpas à M. Singer, mars 1995, 24 février 1996, 25 mars 1996 (archives privées).

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